Après de longs mois, et même années, de calvaire, qu'il a combattus dans l'ombre, Gaëtan Germain a annoncé mettre un terme à sa carrière en juin dernier. Son corps, et son genou droit notamment, ne pouvait plus retrouver les terrains.
Car avant cette annonce, Germain n'avait plus participé à un match de rugby depuis novembre 2022. Ce jour-là, il se rompt le ligament croisé antérieur du genou droit. Débute alors un long chemin de croix, usant sur le plan physique, mais surtout psychologique.
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D'un quotidien collectif à solitaire
Pour la première fois de sa carrière, il est éloigné des terrains autant de temps. Au moins 6 à 9 mois pour revenir, prévoit-il. Le natif de Roman-sur-Isère est d'abord confiant, mais dès lors que les complications arrivent, le moral baisse.
Il passe donc d'un quotidien dans lequel il est "pleinement acteur de l'évènement", à un autre où il retombe dans l'anonymat, presque "du jour au lendemain", confie-t-il au Midol. Un changement qu'il décrit de "brutal". Car quand les autres dans le groupe vivent "de merveilleuses choses", lui, "étai[t] dehors", enchainant les rendez-vous médicaux, les séjours au Creps de Capbreton et à Clairefontaine.
L'arrière, qui se décrit comme un homme "assez fédérateur, qui adore profiter de la vie de groupe", se retrouve "automatiquement à l'écart", sans même que ce soit voulu de la part du reste du groupe. Vivre éloigné des autres et des joies du club a été "le plus dur", déclare-t-il. Car d'un côté, Germain galère pour tenter de retrouver les terrains, tandis que de l'autre, le groupe performe et vit une aventure géniale.
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Le stade, un endroit qu'il finit par éviter
Une situation difficile à vivre où il a souvent évité d'aller assister aux matchs au stade. En effet, pendant de longs mois, il est traversé par "des sentiments très mitigés", hésitant entre se rendre au stade pour voir les copains ou rester chez lui. Et à de nombreuses reprises, il en a eu envie "au fond de [lui]", raconte-t-il, mais il y a "plusieurs fois où [il est] resté à la maison", car "c'était trop dur."
Je me souviens du match contre le Racing 92 (novembre 2023 - N.D.L.R), je me voyais dans les tribunes avec mon petit dans les bras, c'était très compliqué. Il fallait que je me protège, moi aussi. - Gaëtan Germain au Midol
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Entre "tristesse et frustration" : il n'assiste pas à la demi-finale de Top 14
Après qu'il a décidé d'arrêter, en avril 2025, il demande une dernière faveur à son staff. Le mettre 24e homme de la J26 face à Toulon. Germain avait envie de s'échauffer, "d'être dans le vestiaire pour la dernière fois". S'il a profité de l'avant-match, comme souvent la rencontre "fut très compliquée" à vivre, admet-il. Car, encore une fois, il est "au milieu du truc" mais "ne participe pas à grand-chose." Des sentiments qu'il décrit comme "un mélange de frustration et de tristesse."
Et alors que Bayonne s'apprête à vivre l'un des meilleurs moments de son histoire récente, une demi-finale de Top 14, Gaëtan Germain ne se sent pas d'y assister. Pourtant, toute la semaine, il s'était dit qu'il irait, mais, "deux jours avant, ça devenait trop dur." Résultat, il l'a vécu de chez lui.
Le rugby, un sujet (presque) tabou aujourd'hui
Maintenant, il s'est éloigné de la sphère rugby et a retrouvé sa Drôme natale. Une décision qui lui a "fait énormément de bien à la tête", raconte-t-il, même si "le deuil va prendre encore un peu de temps."
Mais à côté de cela, le rugby "reste un sujet un peu sensible", admet-il. Une plaie pas complètement guérie, même s'il continue de le pratiquer tous les jours avec ses enfants "dans le jardin."
Suivi par un psychologue depuis quelque temps, Gaëtan Germain sent que ce travail commence à porter ses fruits. Aujourd'hui, exerçant dans le secteur de l'immobilier, il est sur le chemin de la rédemption.