5 enseignements majeurs : ce que la France doit corriger avant le Tournoi des 6 Nations
Tournée de novembre 2025 : Les Bleus entre victoires et défis face aux géants du rugby mondial. Crédit image : Screenshot TF1
Entre progrès offensifs et trous d’air défensifs, les Bleus signent une tournée ''très riche''. Galthié livre un bilan sans fard et plusieurs avertissements.

Une tournée contrastée, mais riche

La tournée de novembre 2025 se referme pour les Bleus avec deux victoires (Fidji, Australie) et une défaite contre l’Afrique du Sud (17–32). Une tournée qui est arrivée « au bon moment » selon Fabien Galthié, et qui est « très riche. Complexe, mais riche ». Le sélectionneur n’a cessé de marteler que l’équipe de France, avec seulement cinq entraînements avant le premier match, était « encore dans la partie à la 60e minute » face à ce qu’il n’hésite pas à qualifier de « meilleure équipe du moment », voire « peut-être la meilleure équipe de l’histoire du rugby ». Une manière, comme souvent, de protéger ses ouailles.

« Encore dans la partie à la 60e minute »

Il n’a cependant pas digéré la séquence clé : « Il a fallu une décision arbitrale, un grattage illicite de Malcom Marx, pour faire basculer la partie. Nous aurions dû obtenir une pénalité nous permettant de reprendre le score, finalement ça se retourne contre nous. » La suite, on la connaît : des avants qui reculent, un ballon porté sud-africain impossible à stopper et l’essai de la sanction. Quant au premier essai encaissé, signé Cobus Reinach, il parle d’un moment « terrible », alors que les Bleus menaient tranquillement 14–6. Le résultat d'un manque criant de repères dans le replacement.

Face aux Fidji, après un départ parfait, le XV de France a subi un long trou d’air avant de réagir. Et contre l’Australie, ce sont surtout « les nombreuses fautes d’indiscipline » qui ont pesé, notamment sur « la ligne de hors-jeu et les positions dans les rucks défensifs », concédant huit pénalités en vingt minutes. Malgré cela, le staff retient une seconde période plus cohérente.

Un laboratoire tactique assumé

Ce qui ressort de cette tournée, c’est que les Bleus se trouvent dans une phase de transformation profonde. Galthié a insisté sur l’idée que la France devait 'inventer son rugby' parce qu’elle dispose de « deux fois moins de temps que les autres grandes nations » pour construire ses animations. En réalité, le staff cherche à structurer le jeu autour de trois groupes fonctionnant simultanément : celui qui a le ballon, celui qui prépare la pression et celui qui anticipe le coup d’après.

Notre réflexion est d’avancer en essayant d’être en position de force, avec le ballon devant la défense, mais aussi avec le ballon dans le dos de la défense. Parce que le rugby ne se joue pas que sur la ligne d’affrontement, il se joue aussi dans les espaces qu’on essaie de se créer.

Une approche qui nécessite une coordination extrême dans les zones de combat, mais aussi dans les déplacements latéraux et la gestion de la profondeur. Lorsqu’il demande « comment déplace-t-on le ballon sur la latéralité, sur la profondeur ? », on comprend que l’équipe n’est pas simplement en train d’ajouter des combinaisons, mais d’essayer de repenser son rugby à partir de principes de transition permanents.

Cette tournée a aussi donc servi de laboratoire sur le plan tactique. Galthié le reconnaît : « On sait que lorsqu’on met quelque chose en place pendant une tournée de novembre, ça ne marche pas immédiatement. Il faut souvent une deuxième compétition pour que ce soit validé. Ne vous affolez pas. C’est normal. » Tout n’a pas fonctionné, mais rien n’est alarmant. Le staff veut créer un rugby capable d’être efficace même sur très peu de préparation, un défi propre aux Bleus.

Les problèmes défensifs, un chantier très technique

Le domaine défensif, en revanche, reste en retard. Et Galthié n’a pas cherché à le masquer : « Défensivement, nous avons un problème lié à notre compétence technique. » Ce n’est pas une question de volonté, mais d’exécution. Le staff a relevé un défaut récurrent sur la zone plaqueur–plaqué : « Nos joueurs se relèvent plutôt que de roll away. C’est lorsqu’ils se relèvent qu’ils sont en position de hors-jeu et ce mouvement doit devenir un réflexe acquis. »

Dans les vidéos de la tournée, on observe précisément ce phénomène. Un plaqueur au sol qui se relève d’un côté, un soutien adverse qui arrive lancé, l’arbitre qui sanctionne immédiatement. Le double plaquage, fondamental dans le tiers central, manque lui aussi de coordination. « Qui va aux jambes ? Qui va en haut ? » demande Galthié. Ces détails, invisibles pour la plupart des supporters, expliquent en grande partie l’augmentation du nombre d’essais concédés : 3,1 par match cette année, contre 1,9 auparavant.

Pour autant, tout n’est pas sombre. L’attaque progresse nettement : « Aujourd’hui, c’est 4 essais par match sur l’année 2025. Nous avons donc progressé », rappelle Galthié. Les 14 essais marqués en trois matchs montrent une équipe qui, malgré les trous d’air, n’a rien perdu de son sens du mouvement.

Les impacts : un groupe qui réagit, des jeunes qui bousculent

La tournée a également permis d’éclaircir quelques hiérarchies, notamment chez les joueurs critiqués, et de tester de nouveaux profils en vue de la Coupe du monde 2027. Si l'ossature du groupe est globalement connue, les Bleus ne sont pas à l'abri d'une ou plusieurs absences qui pourraient bousculer les lignes et les certitudes.

Le sélectionneur apprécie particulièrement la manière dont certains cadres ont répondu : « La réponse de Romain hier, elle est claire. Romain se sacrifie pour le collectif, il joue pour l’équipe. » Même satisfaction pour Régis Montagne, ancien joueur de Pro D2 devenu pilier international : « Il monte en puissance et nous croyons en lui. »

Derrière cette colonne vertébrale, de nouveaux talents arrivent avec fracas. Galthié cite volontiers Kalvin Gourgues, dont l’entrée contre l’Australie a marqué les esprits, mais aussi Fabien Brau-Boirie, Gaël Dréan, Esteban Capilla, Lenni Nouchi ou encore Pierre-Louis Barassi. « Hallucinant, non. Il y a du potentiel », dit-il en parlant du vivier au poste de centre, avant de rappeler que la France est loin d’être la seule à disposer de talents à ce poste.

« Hallucinant, non. Il y a du potentiel.»

Cette montée en puissance ouvre des perspectives intéressantes pour le Tournoi. Le sélectionneur estime que « 80 % des joueurs du groupe actuel » peuvent prétendre aller au Mondial, mais prévient : « D'ici à deux ans, il y aura aussi un delta. On ne peut pas tout calculer. » La concurrence sera rude, mais saine.

Le 6 Nations se jouera… avant même le rassemblement

Le point le plus important pour Galthié ne se situe pourtant ni dans le jeu, ni dans le bilan brut. Il pose la question qui conditionne tout : « Où seront nos joueurs les huit prochaines semaines, jusqu’au début du Tournoi des 6 Nations ? » La réponse est simple : en club. Il espère que cette période sera mise à profit « pour le XV de France, et pour le championnat ».

En clair : si les joueurs gardent à l'esprit les mêmes détails techniques — roll away, discipline au sol, précision du double plaquage — alors les Bleus arriveront fin prêts. Si ce n’est pas le cas, les mêmes défauts ressurgiront. Toute la progression du groupe lors des prochains mois dépend donc du travail quotidien en Top 14 et en Champions Cup. C’est une équation que le staff connaît parfaitement, mais qui reste difficile à maîtriser.

Cette tournée n’a pas offert toutes les réponses, mais elle a donné beaucoup d’indices. Elle a montré ce qui fonctionne, ce qui manque encore, et ce qui peut faire basculer les Bleus dans la bonne direction avant le 6 Nations 2026. « Nous pouvons faire mieux », promet Galthié. On veut bien le croire : les fondations sont là, les talents aussi, et l’histoire n’est qu’à son début.

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Au sujet du placage : Bien regarder ce que font les sudaf. Le plaqueur essaie immédiatement de perturber le ruck adverse en formation en exerçant une poussée licite pour aller au-delà du ballon.

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