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XV DE FRANCE. ''La défaite à cause de l’arbitre'', un mal psychologique trop français ?
Les joueurs du XV de France ont subi les décisions arbitrales face à l'Afrique du Sud. Crédit image : Screenshot TF1
Quelques jours après la désillusion, la pilule a du mal à passer, mais on commence à en tirer les premières conclusions. Analyse d'un mal-être psychologique.

Le réveil fut terrible ce lundi matin pour les supporters tricolores. La France est éliminée de son Mondial. On ne demande qu’une chose : que l’on nous réveille de ce mauvais rêve. Les plus anciens avaient connu le traumatisme de 1995 en Afrique du Sud (déjà). Les footballeurs connaissaient celui de Séville en 1982. La jeune génération a désormais vécu Saint-Denis 2023 avec ce même sentiment de se faire flouer. 

Car oui, c'est un vrai traumatisme pour le rugby français qui a tout mis en œuvre pour cet objectif de victoire finale. Alors comme souvent, lorsque l’on fait face à l’imprévu, à l’impensable, on essaie de comprendre ce qu’il s’est passé. On refait le match. On cherche le coupable idéal. Et depuis dimanche soir, bon nombre de supporters et acteurs du rugby français ont pointé du doigt l’arbitrage comme principal responsable de cet arrêt brutal. Essayons de démêler le vrai du faux en reprenant le fil de cette soirée hors du temps.

D’abord le ressenti. L’objet ici n’est pas de dire si l’arbitre a pris la bonne ou mauvaise décision. Le match est terminé, on ne peut pas revenir dessus. Suffisamment d’encre a coulé au sujet de l’interprétation de la règle par Ben O’Keefe. Ce que l’on peut constater, c’est que l’on recense sur la rencontre une vingtaine de situations litigieuses qui ont tourné dans la majorité des cas en faveur de l’Afrique du Sud.COUPE DU MONDE. Après les polémiques, World Rugby reconnaît (enfin) plusieurs erreurs lors de France - Afrique du SudCOUPE DU MONDE. Après les polémiques, World Rugby reconnaît (enfin) plusieurs erreurs lors de France - Afrique du SudOn peut corroborer cette analyse par le fait que les Bleus ont eu 63% d’occupation et 60% de possession sur la rencontre. Malgré cela, l’arbitre a sifflé 6 pénalités pour chacune des deux équipes. Ce qui peut laisser perplexe lorsqu’on sait que l’équipe qui domine en rugby a souvent tendance à être récompensée également dans le nombre de pénalités obtenues. Ainsi, en ayant dominé statistiquement, les Bleus ne se sont pas vus récompensés, ce qui a accentué leur agacement. 

Cependant, au-delà de cette colère et de ce sentiment de « se faire voler » la rencontre, le rôle de l’arbitrage est à relativiser, car celui-ci fait partie du jeu à part entière. Il faut composer avec. Une analyse psychologique et comportementale de nos attitudes doit être effectuée. Décryptage.

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L’analyse de l’arbitre

D’abord, les Bleus ont su dans la semaine qui allait diriger leur rencontre. De cette manière, ils ont pu préparer et analyser la façon dont arbitre Ben O’Keefe. De ce fait, ils connaissaient la permissivité de cet officiel, réputé pour son « laisser jouer » notamment dans les rucks. Une adaptation avant et pendant la rencontre doit pouvoir se mettre en place. « Il faut se préparer à tout » comme aime le répéter Fabien Galthié.

Ensuite, les joueurs peuvent être dans un mauvais jour, l’arbitre aussi. Ainsi, après un second visionnage de la rencontre, on observe que l’arbitre s’est cloisonné dans une bulle de protection et n’a rien donné à ceux qui réclamaient. Que ces derniers soient Français ou bien Sud-Africains. Comme pour se protéger de l’environnement, il a agi en âme et conscience en réfutant toute tentative d’influence. Et ce tout au long de la rencontre.VIDEO. COUPE DU MONDE. ''Nous ne sommes jamais parfaits'', Ben O'Keeffe répond aux critiques d'Antoine DupontVIDEO. COUPE DU MONDE. ''Nous ne sommes jamais parfaits'', Ben O'Keeffe répond aux critiques d'Antoine Dupont 

Problème pour le XV de France : nos joueurs ont quémandé toute la soirée des pénalités à l’arbitre en précisant des zones de jeu ou levant les bras au ciel. Ce qui inconsciemment a peut-être eu l’effet inverse de refermer sur ses idées l’arbitre central. 

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Un langage corporel à revoir

Autre point signifiant au second visionnage : l’attitude et le langage corporel des joueurs tricolores. En effet, ceux-ci n’exprimaient que très peu de « positif » que ce soit entre eux avec des encouragements ou au défi de leur adversaire au moment d’exprimer une action positive. Et ceci s’est détérioré au fur et à mesure de la partie. L’exemple le plus frappant étant celui de la sortie de Jalibert la tête basse à quelques minutes du dénouement alors que rien n’était joué. L’expression corporelle est prépondérante. Nous sommes dans le détail et cela a son importance. Le message envoyé n’est pas positif et cela a pu influencer le corps arbitral de manière indirecte. 

À la manière du match de Séville en 1982, les Français avaient été déboussolés suite à la sortie de Batiston et le match avait pris une autre tournure. Dimanche soir, sans un drame particulier, on a senti une atmosphère se créer, allant à l’encontre des Français qui se sont mis seuls dans cette position du râleur. 

Quiconque a déjà joué un match de rugby, sait que parfois, quelque chose d’indescriptible se déroule et décuple les scénarios. Un arbitre à côté de ses pompes, un adversaire dans un jour de grâce… Ces ambiances qui avaient tant réussi aux générations précédentes en 1999 à Twickenham ou 2007 à Cardiff face aux Blacks. Cette soirée-là, pénible et presque insoutenable, a eu raison de la bande à Dupont.  

Dimanche soir, cela nous a frappés de plein fouet. Jamais personne n’avait vu une transformation en coin se faire contrer, encore moins Thomas Ramos. Personne n’avait vu Matthieu Jalibert (même lui dans ses plus jeunes années) frapper une "penaltouche" derrière lui. Et pourtant l’inexplicable s’est produit. La magie du sport. 

Un lobbying à travailler

Dans la continuité, il y a également un problème de lobbying à soulever auprès du corps arbitral. Lorsque l’on se souvient du travail de sape d’un joueur comme Mc Caw qui arrivait à rentrer dans la tête de l’arbitre de manière positive. Les Français ont eu tendance à imiter Rory Kockott en Top 14. C’est-à-dire que leurs expressions se limitaient la plupart du temps par des gestes d’énervement et de râlement auprès de l’arbitre. Et lorsque « Toto » a tenté de le faire plusieurs fois, il a d’abord commencé en anglais avant d’enchaîner en français en fin de match. Limitant implicitement le pouvoir d’action sur O'Keefe. Il faudra à l’avenir travailler sur ce point pour que nous puissions, nous aussi, communiquer avec les arbitres tout au long de la rencontre, comme nos homologues.

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L’attente de « l’arbitre-providence »

En somme, en extrapolant, on peut faire le parallèle sociologique avec notre société telle qu’elle est constituée à ce jour. Le Covid et son « quoiqu'il en coûte » est passé par là. Une société dans laquelle l’État providence peut nous sortir d’à peu près toutes les situations à n’importe quel prix. Les joueurs se sont mis dans cette position d’attendre une action positive de la part de l’organe dirigeant de la partie. Celle-ci n’est jamais venue. À partir de ce postulat, les principaux intéressés n’ont que vu le verre à moitié vide durant toute la partie et ont fini par boire la tasse.COUPE DU MONDE. La France manque-t-elle d’influence sur les instances internationales ?COUPE DU MONDE. La France manque-t-elle d’influence sur les instances internationales ?Pour conclure, le XV de France n’a pas été « aidé » par l’arbitrage. Bon nombre d’actions sont sujettes à débat. On peut cependant constater que les acteurs bleus se sont trompés de combat à vouloir influencer l’arbitre en réclamant des fautes plutôt que de se concentrer sur le jeu. Il faut tirer les enseignements de cet épisode. Notre équipe est jeune. Et reviendra dans quelques années. Sept Springboks sur la pelouse dimanche soir étaient de la défaite de 2 points en demi-finale en 2015 face aux All BlacksSoyons patients, apprenons et nous reviendrons.

Merci à Paul Génieux pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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Dans les commentaires faisant suite à un article précédent, certains d'entre vous Avez fait part de leur incompréhension sur Les nombreux remplacements effectués par les bok's.
Je vous fais part de cet article qui évoque un contournement des règlements pat les staff des bok's dans cette rencontre face à la France.

https://www.lefigaro.fr/sports/rugby/coupe-du-monde/coupe-du-monde-de-rugby-comment-les-springboks-ont-contourne-le-reglement-pour-ne-pas-terminer-a-14-contre-le-xv-de-france-20231021

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