10/30 - SOS, ma pelouse naturelle a disparu : pourquoi les clubs pros passent-ils au synthétique ?
De plus en plus de clubs pros basculent vers le synthétique.
Les terrains de Top 14 et ProD2 sont de plus en plus passés de l'herbe au synthétique. La conséquence d’un rugby pro intensif et d’enceintes qui veulent vivre toute l’année. Mais qui nous laisse sur notre faim.

Dans les travées de Sapiac, de Maurice-David ou de Jean-Bouin, on entend d'ici les puristes grincer : “Le rugby, ça se joue sur de l’herbe fraîche !”. Et on n'est pas loin de penser la même chose qu'eux, tant, en plus de se brûler les jambes sur la quasi-totalité des surfaces, on n'a jamais rencontré un seul joueur de notre microcosme qui préférait les synthétiques aux pelouses naturelles, de la R3 au Top 14

Sauf que l’herbe souffre. Entre les calendriers XXL, les entraînements réguliers, les événements représentatifs et la météo capricieuse (entre la gadoue de l'hiver et la sécheresse de l'été), les pelouses naturelles vivent à flux tendu toute l'année et ont une durée de vie bien limitée. Résultat, de plus en plus de clubs basculent vers le synthétique pour garantir un terrain adapté à la pratique de haut-niveau 365 jours par an.

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Météorologiquement, l'avantage est évident, avec des clubs capables d'assurer un état propre de leur terrain même au mois de janvier au Pays Basque ou dans la Nièvre. Comme c'est désormais le cas à Biarritz et Nevers, passés au synthétique cet été.

Et si certains clubs de Top 14 parviennent pourtant à faire de leur pelouse un billard grâce au "naturel renforcé" (comprenez les pelouses hybrides), notez qu'avec la transformation à venir de la pelouse d'Aurillac en 2026, les 2 élites françaises devraient compter 11 terrains synthétiques sur 30, la saison prochaine. Un chiffre inimaginable il y a encore quelques années.

Alors, quand on voit la difficulté de se déplacer sur la pelouse détrempée de Pierre-Fabre (Castres) ou de Jean-Dauger (Bayonne) en hiver, où que l'on se souvient d'à quel point Charles-Mathon (Oyonnax) n'est plus la forteresse qu'il était lorsque sa pelouse nichée à 540 mètres d'altitude était naturelle, on comprend bien que la notion d'adaptation au terrain et aux conséquences de la météo sur les pelouses est donc petit à petit en train de se perdre.

Facilité et diversité d'exploitation

Certes. Mais côté exploitation, ces transformations sont bel et bien un "game changer", pour reprendre une expression chère aux consommateurs de sports aux USA. Un terrain synthétique encaisse des volumes de jeu et d’entraînement impossibles à tenir en naturel sans replaquage permanent et entretien méticuleux. Et qui, écologiquement, nécessite moins d’arrosage et moins de produits phytos, aussi.

Surtout, il ouvre la porte à l'évolution du rugby professionnel aujourd'hui, qui s'inspire de plus en plus du pionnier que fut la Paris La Défense Arena. Ce synthétique dernière génération le mieux noté de l'Hexagone, capable en un claquement de doigts (ou presque) de se transformer en un hangar lumineux ou la plus grande salle de spectacle d'Europe. 

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Le manque des traces de boue

Quant aux blessures, on notera que les joueurs locaux sont largement préparés à évoluer sur une telle surface (l'USON Nevers a par exemple proposé, cet été, un programme de travail de près de 8 semaines axé sur la prévention de la tendinopathie à ses joueurs) quand les clubs qui franchissent le pas des "synthés" doivent remplir des cahiers des charges lourds pour assurer la sécurité de tout le monde.

VIDÉO. Terrains synthétiques : l'enquête choc d'Envoyé Spécial sur leurs conséquences sur la santéVIDÉO. Terrains synthétiques : l'enquête choc d'Envoyé Spécial sur leurs conséquences sur la santéÀ ce titre, on notera que dans le but de poursuivre l’amélioration de la qualité des surfaces de jeu tout en intégrant les enjeux environnementaux liés à leur gestion, la LNR a sorti son classement des meilleurs terrains de rugby pour les clubs professionnels cet été. Dans son communiqué, la LNR explique vouloir poursuivre :

L'ambition d’offrir aux joueurs des terrains plus sûrs, aux spectateurs un jeu plus fluide et spectaculaire, et aux clubs un cadre d’accompagnement concret pour accélérer leur transition écologique. 


Vous aurez donc compris entre les lignes que d'ici à quelques années, il se pourrait bien que les pelouses 100 % naturelles (qui ne sont déjà plus que 9, Top 14 et Pro D2 confondus) comme hybrides ne se comptent plus que sur les doigts d'une main. 

AMATEUR. VIDEO. Guitoune se foire, son coéquipier le rattrape avec une chistera de 20 mètres pour l’essaiAMATEUR. VIDEO. Guitoune se foire, son coéquipier le rattrape avec une chistera de 20 mètres pour l’essaiAlors profitons encore tant qu'ils sont là de ces brins d'herbe qui demeurent le théâtre d'expression historique de notre balle ovale chérie. Car malgré tous les arguments efficients évoqués ci-dessus, les sensations d'un synthétique, elles, ne seront jamais celles d’un gazon vert imparfait, qu'on peut humer. 

"Les gens s'intéressent à l'art parce que c'est la seule trace de notre passage sur terre", entendait-on dans le chef-d'œuvre aux 19 millions d'entrées hexagonales, Intouchables. Et si les marques vertes et les tâches de boues sur un maillot n'étaient finalement pas la seule trace de notre passage sur un terrain ?

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J’avais lu un article concernant les pelouses synthétiques dont l’usage est répandu depuis bien plus longtemps qu’en Europe ,aux États-Unis. On y faisait mention des problèmes de santé, que rencontraient les joueurs, et d’autant plus les joueurs de rugby qui ont souvent la tête dans le gazon., des problèmes de pollution notamment dûs aux particules de caoutchouc que l’on trouve dans ces pelouses pour amortir les chocs. Je ne sais pas si c’est toujours le cas sur les pelouses synthétiques actuelle mais quelque part ça interroge…

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