Dans les travées de Sapiac, de Maurice-David ou de Jean-Bouin, on entend d'ici les puristes grincer : “Le rugby, ça se joue sur de l’herbe fraîche !”. Et on n'est pas loin de penser la même chose qu'eux, tant, en plus de se brûler les jambes sur la quasi-totalité des surfaces, on n'a jamais rencontré un seul joueur de notre microcosme qui préférait les synthétiques aux pelouses naturelles, de la R3 au Top 14.
Sauf que l’herbe souffre. Entre les calendriers XXL, les entraînements réguliers, les événements représentatifs et la météo capricieuse (entre la gadoue de l'hiver et la sécheresse de l'été), les pelouses naturelles vivent à flux tendu toute l'année et ont une durée de vie bien limitée. Résultat, de plus en plus de clubs basculent vers le synthétique pour garantir un terrain adapté à la pratique de haut-niveau 365 jours par an.
Météorologiquement, l'avantage est évident, avec des clubs capables d'assurer un état propre de leur terrain même au mois de janvier au Pays Basque ou dans la Nièvre. Comme c'est désormais le cas à Biarritz et Nevers, passés au synthétique cet été.
Et si certains clubs de Top 14 parviennent pourtant à faire de leur pelouse un billard grâce au "naturel renforcé" (comprenez les pelouses hybrides), notez qu'avec la transformation à venir de la pelouse d'Aurillac en 2026, les 2 élites françaises devraient compter 11 terrains synthétiques sur 30, la saison prochaine. Un chiffre inimaginable il y a encore quelques années.
Alors, quand on voit la difficulté de se déplacer sur la pelouse détrempée de Pierre-Fabre (Castres) ou de Jean-Dauger (Bayonne) en hiver, où que l'on se souvient d'à quel point Charles-Mathon (Oyonnax) n'est plus la forteresse qu'il était lorsque sa pelouse nichée à 540 mètres d'altitude était naturelle, on comprend bien que la notion d'adaptation au terrain et aux conséquences de la météo sur les pelouses est donc petit à petit en train de se perdre.
Facilité et diversité d'exploitation
Certes. Mais côté exploitation, ces transformations sont bel et bien un "game changer", pour reprendre une expression chère aux consommateurs de sports aux USA. Un terrain synthétique encaisse des volumes de jeu et d’entraînement impossibles à tenir en naturel sans replaquage permanent et entretien méticuleux. Et qui, écologiquement, nécessite moins d’arrosage et moins de produits phytos, aussi. Et donc coûte moins d'argent.
Surtout, il ouvre la porte à l'évolution du rugby professionnel aujourd'hui, qui s'inspire de plus en plus du pionnier que fut la Paris La Défense Arena. Ce synthétique dernière génération le mieux noté de l'Hexagone, capable en un claquement de doigts (ou presque) de se transformer en un hangar lumineux ou la plus grande salle de spectacle d'Europe.
REPORTAGE. TOP 14. ''Merci l’arbitre'', 66 818 et parachutiste gate, on a vu Toulon/Toulouse dans les tribunes du VélodromeDes concerts aux événements extérieurs, diversifier ses recettes devient donc régulièrement vital aujourd'hui pour certaines enceintes. Ce qui demeure impossible sur des pelouses naturelles, encore une fois.
Le manque des traces de boue
Quant aux blessures, on notera que les joueurs locaux sont largement préparés à évoluer sur une telle surface (l'USON Nevers a par exemple proposé, cet été, un programme de travail de près de 8 semaines axé sur la prévention de la tendinopathie à ses joueurs) quand les clubs qui franchissent le pas des "synthés" doivent remplir des cahiers des charges lourds pour assurer la sécurité de tout le monde.
VIDÉO. Terrains synthétiques : l'enquête choc d'Envoyé Spécial sur leurs conséquences sur la santéÀ ce titre, on notera que dans le but de poursuivre l’amélioration de la qualité des surfaces de jeu tout en intégrant les enjeux environnementaux liés à leur gestion, la LNR a sorti son classement des meilleurs terrains de rugby pour les clubs professionnels cet été. Dans son communiqué, la LNR explique vouloir poursuivre :
L'ambition d’offrir aux joueurs des terrains plus sûrs, aux spectateurs un jeu plus fluide et spectaculaire, et aux clubs un cadre d’accompagnement concret pour accélérer leur transition écologique.
Vous aurez donc compris entre les lignes que d'ici à quelques années, il se pourrait bien que les pelouses 100 % naturelles (qui ne sont déjà plus que 9, Top 14 et Pro D2 confondus) comme hybrides ne se comptent plus que sur les doigts d'une main.
AMATEUR. VIDEO. Guitoune se foire, son coéquipier le rattrape avec une chistera de 20 mètres pour l’essaiAlors profitons encore tant qu'ils sont là de ces brins d'herbe qui demeurent le théâtre d'expression historique de notre balle ovale chérie. Car malgré tous les arguments efficients évoqués ci-dessus, les sensations d'un synthétique, elles, ne seront jamais celles d’un gazon vert imparfait, qu'on peut humer.
"Les gens s'intéressent à l'art parce que c'est la seule trace de notre passage sur terre", entendait-on dans le chef-d'œuvre aux 19 millions d'entrées hexagonales, Intouchables. Et si les marques vertes et les tâches de boues sur un maillot n'étaient finalement pas la seule trace de notre passage sur un terrain ?


Amis à Laporte
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174120 pointsBah, avec des bonnes protection aux épaules, aux coudes, aux genoux et un bon casque, ça passe crème.
Jak3192
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91074 pointsC'est aussi un investissement pour le gestionnaire du stade.
Un synthétique et assimilé à un cout nettement inférieur dans le temps par rapport à l'entretien d'une pelouse sur une durée de plusieurs années. Dixit gestionnaire de terrain qui me l'a confirmé il y a quelques temps.
jujudethil
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14433 pointsJ’avais lu un article concernant les pelouses synthétiques dont l’usage est répandu depuis bien plus longtemps qu’en Europe ,aux États-Unis. On y faisait mention des problèmes de santé, que rencontraient les joueurs, et d’autant plus les joueurs de rugby qui ont souvent la tête dans le gazon., des problèmes de pollution notamment dûs aux particules de caoutchouc que l’on trouve dans ces pelouses pour amortir les chocs. Je ne sais pas si c’est toujours le cas sur les pelouses synthétiques actuelle mais quelque part ça interroge…
Fidjien sous prozac
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28313 pointsLa nouvelle (2ans) pelouse synthétique de Blagnac utilise du liège à la place du caoutchouc. Je ne sais pas si tout les stades qui sauteront le pas utiliserons cette techno.
Jak3192
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91074 pointsSur les pelouses syntétiques à base de petites billes noires (bouts de pneus recyclés...),
les problèmes de santé sont simples: favorise je ne sais plus quel cancer.
Vu un reportage il y a quelques années la dessus.
Origine de l'étude effectuée à l'époque: joueuses américaines évoluant sur ces types de terrains et taux de cancer trop important par rapport à la population. D'ou étude pour déterminer la cause et conclusion.
Si quelqu'un a plus d'infos la dessus...
jujudethil
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14433 pointsIl faut quand même être c.. de la part des concepteurs pour ne pas comprendre que ce type de pelouse dopé aux micro plastiques et caoutchoucs, peut-être préjudiciable pour les joueurs qui ont la tête dans le gazon toutes les trois minutes, mais que dire également de la part des présidents de clubs et notamment des instances sportives, vu que l’on a un certain recul sur ce ce qui se passe aux États-Unis, on va pouvoir dire et la sécurité des joueurs ???
Jak3192
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91074 pointsL'idée de création est plutôt intelligente au départ.
Les municipalites ont adhéré à ce procédé car dun coût important à l'installation mais d'un coût quasi zéro sur une dizaine d'années ensuite au moins, voire 15 ans, si tu uses la structure jusqu'à la corde.
Coût d'usure bas au final, contrairement aux pelouses naturelles, qui nécessite un entretien quotidien.
Il ne manquait qu'un paramètre : la validation médicale 😅
Ces terrains sont apparus en france courant années 90 me semble t'il (que je suis quasi sûr).
A l'époque les "normes" de validation n'étaient sûrement pas aussi importante qu'aujourd'hui.
Me semble que sur les installations plus tard et basées sur le même principe, les "billes", qui maintiennent les brins d'herbe synthétique ont été remplacées par des billes en lièges (recyclage de bouchons).
Et le bouchon c'est bon
Quant à l'idée que les concepteurs n'en ont rien à carrer de la santé... Développé dans le pays du mercantilisme (🤭), et chez nous on te vend encore aujourd'hui du jambon sous vide à 1€ la tonne, ou tu risques de mourir plus vite que si tu manges un jambon sans tout plein de salo.peries ou de trop de sel (😄) à bien plus cher...
Alors une pelouse rendant malade. 😅
pascalbulroland
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91611 pointsIl existe aussi des pelouses hybrides...