Coupe du monde de rugby féminin. ''On est là pour faire un coup'', affirme Marjorie Mayans
Elue meilleure internationale française de Rugby à XV en 2021, Marjorie Mayans s'apprête à disputer une nouvelle Coupe du monde de rugby féminin avec les Bleues.
Avant la Coupe du monde de rugby, Marjorie Mayans s'est livrée sur l'actualité des Bleues et sur le futur d'un XV de France qui n'arrête pas de surprendre.

Après plus de 10 ans passés en équipe de France de rugby à 7 et plus d’une cinquantaine de sélection avec le XV Féminin, Marjorie Mayans va relever un nouveau défi. Cette Coupe du monde de rugby féminin 2021, décalée à cause de la pandémie de Covid_19, lui donne l’occasion de remporter un nouveau trophée. En Nouvelle-Zélande, terre suprême du rugby, la concurrence sera rude entre les équipes participantes. Les Black Ferns, sélection féminine néo-zélandaise, et les Red Roses, sélection féminine anglaise, font office de favories. Toujours sortis des poules, mais jamais qualifié en finale, le XV de France Féminin veut “tenter un coup”. À quelques heures du coup d’envoi de la compétition, le Rugbynistère est allé prendre la température de cette équipe à travers un entretien avec Marjorie Mayans.

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Quel est ton ressenti à quelques heures du coup d’envoi de cette Coupe du Monde ?

J’ai surtout hâte de jouer ! Mais on va prendre les matchs les uns après les autres. On ne sort pas d’une très bonne saison. On est là pour faire un coup. Le but, c'est de nous montrer à notre meilleur niveau. Donc, on va tout faire pour y arriver et rivaliser avec les meilleures.

Est-ce que la défaite 26 à 19 face à l’Italie a fait office de piqûre de rappel ?

Je ne sais pas, car je ne pense pas qu’on ait abordé cette rencontre dans une atmosphère où on avait un surplus de confiance. Au contraire même, on en manquait un peu. En tout cas, ça nous a effectivement rappelé que toutes les équipes progressent. Si on n’y met pas tous les ingrédients, on peut perdre contre n’importe qui.

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On sent un ballotage favorable entre vous, les Black Ferns et, surtout, l’Angleterre. Est-ce que vous vous placez parmi les favorites ?

Premièrement, on est consciente que quand on bat deux fois les Black Ferns l’année dernière, elles n’étaient pas à leur vrai niveau. Elle n’avait pas joué de match depuis 2 ans et il y avait eu du changement dans leur staff. C’était une équipe en reconstruction. Là, on imagine que la formation qu’on a battue en novembre sera différente de celle présente à cette Coupe du monde. En plus, elles sont chez elles. Je pense qu’on ne pourra pas se fier à ces matchs. Il faut qu’on soit prêtes à affronter une grosse équipe des Blacks Ferns. Ensuite, l’Angleterre est actuellement la meilleure équipe du monde. Elle nous a battu à plusieurs reprises. C’est une équipe technique, bien entraînée et, surtout, très puissante. Les joueuses ont des qualités collectives et individuelles indéniables. Quand on fait un gros match contre elles, on n'est pas loin. Par contre, c’est sûr que contre les Anglaises, il y a rarement le droit à l’erreur.

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Tu décris l’Angleterre comme la meilleure équipe du monde. Y a-t-il eu une préparation particulière pour le match à venir contre elles ?

Non, car on souhaite réfléchir match par match. Là, on est vraiment focalisées sur l’Afrique du Sud (NDLR : samedi 8 octobre à 3h15 en direct sur TF1). Comme évoqué précédemment, on a perdu contre l’Italie récemment donc l’idée n’est pas de se projeter tout de suite sur les Anglaises. On a bossé pour l’Afrique du Sud et c’est seulement quand le match sera passé qu’on passera à autre chose. 

Comment on appréhende le fait de rencontrer l’équipe phare, le “gros morceau” si l’on peut dire, dès les phases de poules ?

Personnellement, je crois que c’est bien, surtout quand on est une compétitrice. Les gros matchs, c’est ce qu’on aime. Une rencontre face aux Anglaises, c’est le genre de rencontre qui plaît. C’est excitant de les rencontrer dès le début de la compétition.

Le groupe est déjà en Nouvelle-Zélande depuis quelques jours. Quel est le sentiment que vous ressentez sur place ?

C’est agréable, on est pas mal ensemble. Les journées se font sur le terrain ou dans les trajets en bus et elles sont assez chargées pour qu’on ne se laisse pas trop déborder. On ne ressent pas encore le sentiment d’euphorie. Là, on est allé à l’Eden Park, pour voir la grandeur de la chose. Je pense que ces sentiments arrivent demain, une fois que le match se profilera et qu’on verra le stade rempli. Il y a eu la cérémonie d’ouverture aussi qui nous a bien plongés dans la compétition. Pour l’instant, le groupe reste focus sur le rugby. Le but, c'est de ne pas trop prendre en compte le contexte, qui est quand même assez grandiose. Tout du moins, le but n’est pas que ça fasse déborder nos émotions et que ça nous amène à déjouer sur le terrain.

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Tu es l’une des joueuses les plus expérimentées du vestiaire. Penses-tu que ton statut change au sein du groupe ?

Non, je ne pense pas avoir plus d’importance qu’une autre. Après, j’ai effectivement plus d’expérience et j’essaye de la mettre à profit pour l’équipe. Mais c’est normal, j’ai déjà fait plusieurs Coupes du monde. Je sais ce qui a et n’a pas fonctionné par le passé. On souhaite, moi et les autres anciennes, apporter un peu notre vision des choses. Ensuite, on essaye d’avoir un maximum de cartes entre nos mains pour cette dernière compétition.

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Et quel est l’objectif fixé avant cette Coupe du monde ?

L’objectif, c'est d’essayer de faire un coup. Ça serait bien de ramener la coupe. Après, il ne faut pas s’enflammer. De toute manière, on n'est pas comme ça et on sait qu’il y a de très grosses nations en face de nous. Avec la saison dernière qui est en demi-teinte, c’est nécessaire de prendre les matchs un par un. Après, on y va pour chercher quelque chose. Il y a 6 matchs à jouer, ça va être long, mais on a un coup à jouer.

Pour sortir du sportif, penses-tu que la diffusion de cette Coupe du monde sur TF1 peut permettre à un public plus mainstream de vous connaître ?

Je ne sais pas vraiment… Effectivement, passer sur TF1, c'est une vraie chance de toucher un nouveau public beaucoup plus large, pas forcément avisé. Après, les horaires font que ça va être un peu plus difficile d’atteindre des gens qui ne sont pas encore initiés au rugby. Ceux qui vont se lever, ce sont sûrement ceux qui sont déjà fans de rugby et qui veulent vraiment regarder ces matchs. À voir, ce que ça donne, car je pense que ça peut beaucoup dépendre de nos résultats. Si on va loin, j’espère et je pense que nos résultats et la visibilité de TF1 nous permettront de donner une nouvelle dimension à notre sport.

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Les audiences du XV de France Féminin sont très bonnes ses dernières années. Penses-tu que les horaires vont freiner cet engouement ?

Je pense que ça dépend vraiment des résultats. Ça sera certainement difficile d’avoir un gros élan autour de la compétition. Après, avec des bons résultats, tout est possible.

Le rugby international féminin de celui des hommes ces derniers temps. La modification du calendrier des Coupe du Monde et du Tournoi des VI Nations le montre. Que penses-tu de ces changements ?

Oui, avant, le VI Nations féminin se déroulait en même temps que celui des garçons. Aujourd’hui, on a plus besoin de ça, car on a notre propre public. Quand on joue notre Tournoi en avril, les audiences restent très bonnes. Donc, selon moi, le rugby joué par les femmes peut désormais être considéré comme un produit à part de celui joué par les garçons. Pour moi, le fait d’avoir séparé les compétitions est une bonne idée.

Pour les joueuses plus expérimentées, dont tu fais partie, est-ce que cette compétition est un peu le baroud d’honneur avant de passer le relais ?

Comme chaque année, il y a des joueuses qui partent à la retraite et d’autres qui arrivent. Évidemment, on a envie de finir sur une bonne note avec cette Coupe du monde. Après, il y avait des joueuses comme Coumba Diallo ou Lise Arricastre. Elles ont fait une carrière magnifique et ont arrêté avant nous, on essaye de continuer au mieux. Pour nous, ça sera sûrement la même chose. Avec la belle génération qui arrive, j’espère qu’on leur aura apporté un petit truc. Il est temps de leur laisser la place.

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Avec les noms que tu as cités, mais aussi Gaëlle Mignot, Safi N’Diaye, les sœurs Ménager ou d'autres, est-ce que tu penses que vous avez été les premières icônes du rugby féminin ?Celles connues du grand public ?

C’est une chance. Quand on a joué la Coupe du monde 2014 en France, il y a eu un virage médiatique. C’est là qu’on observe les premières “femmes télévisées” du monde du rugby. On a profité de cet essor avec quelques joueuses. Depuis, la médiatisation qu’il y a autour de nous fait qu’il y a de plus en plus de filles sous le feu des projecteurs et ça, c’est très bien.

Est-ce que tu penses que les excellentes performances des filles du Sevens (NDLR : vice-championnes du monde en 2018 et vice-championnes olympiques à Tokyo) ont participé à cet engouement ?

En France, la culture du rugby est encore très quinziste. Cependant, le rayonnement des JO a permis de toucher beaucoup plus de monde et de mettre en lumière cette équipe de France de rugby à sept. En performant durant plusieurs années, ça m'a sûrement aidé à donner, également, un petit coup de projecteur sur le XV.

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Le fait d’être en contrat avec la Fédération quand on est septiste doit être un réel avantage. Surtout quand on sait qu’il y a encore de grosses difficultés pour que les joueuses de haut-niveau puissent jouer à plein temps...

Le contrat fédéral nous donne des outils qui nous permettent réellement d’évoluer. Mais ce que nous offre surtout ce dernier, c’est du temps pour s’entraîner. Quand on fait 8h-18h au travail et qu’il faut aller à l’entraînement après, c'est compliqué… Là, on est dans des conditions bien différentes. Le cadre offert par la Fédération nous permet de nous améliorer.

Est-ce que la prochaine étape serait de professionnaliser le rugby féminin en France ?

Je pense que ça sera difficile. Actuellement, il y a trop peu d’argent, mais en tout cas, on peut avancer vers un cadre semi-pro ou qui permet plus d’aménagements avec les employeurs. Aller dans ce sens permettra au rugby féminin d’être plus attractif et nous donnera plus de moyens de nous entraîner dans les clubs.

Et qui passerait, par une meilleure visibilité et diffusion des matchs de rugby féminin entre clubs ?

Bien sûr, ça permettrait à la médiatisation d’augmenter de la même manière.

Dernier point, le XV de France féminin a souvent était impressionnant dans sa capacité à jouer debout et à pratiquer un jeu d’évitement. Vers 2014-2015, on reprochait beaucoup l’inverse au XV de France Masculin. Cette différence dans le jeu a-t-elle permis au rugby féminin de se développer ?

Effectivement, on entendait beaucoup parler des joueurs masculins qui fonçaient dans des murs à l’époque. Je pense que ça ne dépend pas du fait que ça soit joué par les hommes ou par les femmes. Tout ça dépend surtout du projet de jeu, de ce que l’on veut faire sur le terrain. À l’époque, on disait que les garçons fonçaient dans le tas, ce n’est absolument plus le cas aujourd’hui. Mais nous, on avait déjà ce style de jeu, plus dans l’évitement. À ce moment-là, on a aussi eu cette opportunité que, malheureusement, le jeu des garçons était moins attractif. Aujourd’hui, on se rend compte que c’est un jeu qui fait gagner avant tout. Le XV de France masculin gagne beaucoup comme ça. Chez les filles, on va essayer de continuer sur cette voie parce que, pour moi, c’est le rugby qui est agréable à voir et qui fait gagner des matchs.COUPE DU MONDE. Féminines. Le programme des matchs des Bleues sur TF1COUPE DU MONDE. Féminines. Le programme des matchs des Bleues sur TF1

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  • de1a15
    603 points
  • il y a 1 an

Victoire remarquable pour 3 raisons :
• Le score 40 à 5.
• La défense très performante.
• Le nombre de maladresses.

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