Des USA à la France, 9 clubs en 6 ans, l'étonnante histoire de Victor Comptat, le globe-trotter de l'US Seynoise
Victor Comptat espère disputer la Coupe du monde 2023 en France.
Arrivé cette saison à La Seyne, le 2ème ligne Victor Comptat (26 ans) possède un parcours fou. Le genre d'histoires qu'on aime, au Rugbynistère.

Il y a des histoires qui s'écrivent en une ligne. D'autres qui ne se racontent pas en une vie. Celle de Victor Comptat est pour sûr de la seconde catégorie, même si l'on tâchera de la condenser en 3 à 4 feuillets, pas plus, c'est promis. Pour mettre les pieds dans le plat, le principal intéressé est celui qui convient le mieux : "J'ai signé 3 ans à la Seyne pour enfin me stabiliser. Maintenant j'ai 26 ans et même si je suis encore jeune, j'ai pas mal bourlingué et je souhaitais trouver un peu plus d'équilibre tout en étant proche de ma famille, qui est de la région." Il faut dire qu'en matière de bourlingue, le géant 2ème ligne (2m04 pour 112kg) est un expert. Dans l'ordre, chez les séniors, celui qui a fait l'essentiel de sa formation au RCT est d'abord passé par Austin (USA), avant de s'arrêter à Bédarrides (84), puis a fait un tour à Houston, avant de signer à Hyères (83), est repassé par le continent américain avant de connaître le Nord et Marcq-en-Baroeul, jusqu'aux San Diego Legion, puis les Seattle Seawolves, Rumilly (74) et maintenant l'US Seynoise, en Nationale 2.

AMATEUR. 359 pts en Fédérale 1 et meilleur joueur de Nîmes : qui es-tu Samuel Roche ?AMATEUR. 359 pts en Fédérale 1 et meilleur joueur de Nîmes : qui es-tu Samuel Roche ?On reprend alors notre respiration et après avoir recensé 9 clubs en 6 saisons pour Comptat au total, on enchaîne en demandant à notre ami s'il n'a pas la bougeotte et s'il est un grand fan des States, ou pas du tout. Là, sa réponse est aussi variée que ses expériences : "Tout d'abord, il faut savoir que je suis né à Los Angeles et que j'ai la double nationalité, française et américaine. Ensuite que j'adore découvrir, observer de nouvelles cultures et m'en imprégner, chose que simplement voyager ne te permet pas forcément. Alors qu'aller vivre dans de nouveaux endroits pendant quelques mois, oui." Avant de rajouter : "Et puis il y a eu quelques coups du destin alors que je ne comptais pas forcément bouger, comme cette draft de San Diego à Seattle en 2021, chose qu'on ne connaît pas en France mais qui se fait souvent aux États-Unis. Ou encore le Covid, qui nous a empêché de jouer pendant 2 ans ici, et qui m'a donc fait accepter une opportunité à San Diego, alors que je me sentais bien à l'OMR."

RUGBY. ITW. Unique français en Angleterre, Antoine Frisch rayonne avec BristolRUGBY. ITW. Unique français en Angleterre, Antoine Frisch rayonne avec BristolMais alors, comment tout ça a commencé ? Eh bien par une histoire aussi dingue que celle que vous lisez depuis le début de ce papier. "Quand j'étais encore à Toulon, Tom Witford (alors adjoint de Bernard Laporte au RCT, NDLR) vient à être au courant que j'ai la double nationalité et en parle à Samu Manoa, le capitaine des États-Unis. Lequel lui donne un contact et me met en relation avec des hommes importants du rugby américain. Quelques mois plus tard, je me retrouve à disputer la coupe du monde U20 "B" au Zimbabwe ! C'était juste dingue, et c'est comme ça que mon histoire rugbystique avec les USA a débuté." Forcément, nombre de franchises commencent à s'intéresser à un Français qui peut jouer pour les États-Unis et après deux ans en Espoirs à Brive puis à Massy sans passage par le groupe pro, son téléphone sonne lors de la création de la Major League, fin 2017. 

Découverte, amis, expériences

Sa chance aussi, c'est qu'à chaque fois les clubs hexagonaux acceptent son deal de jouer jusqu'au mois de mars à fond avec eux, avant de s'envoler à nouveau vers son pays de naissance pour une nouvelle saison qui l'attend. Mais que retient-il de tout ça ? "Les rencontres et l'aventure, d'abord... Jamais je ne regretterai mon parcours parce que j'ai emporté avec moi tant de souvenirs... Au plus haut niveau, la majorité des joueurs de rugby ont plus ou moins la même trajectoire alors que moi j'ai bu bénéficier de tant d'expériences à mon âge." Il détaille la folie de son parcours : "J'ai joué avec Chris Robshaw, Cecil Afrika ou encore avec Samu Manoa, que j'ai retrouvé à Seattle. J'ai joué contre Matt Giteau ou Mathieu Bastareaud, que je regardais à la télé plus jeune, notamment lorsqu'ils étaient à Toulon. J'ai découvert des paysages uniques, joué dans des stades incroyables avec le vrai show business américain, traversé les États-Unis avec mes différentes équipes... Je me suis imprégné de cultures locales magnifiques que ce soit dans l'Utah, en Californie, mais aussi dans cette magnifique région qu'est le Nord, à Marcq-en-Baroeul, où en Haute-Savoie l'an dernier. Vous imaginez ?

VIDEO. En force, Ma'a Nonu résiste à 5 défenseurs pour marquer à presque 40 ans !VIDEO. En force, Ma'a Nonu résiste à 5 défenseurs pour marquer à presque 40 ans !Bien conscient que son manque de stabilité lui a aussi joué des tours en vue de prétendre à l'échelon supérieur en France, l'ancien colocataire de Santiago Arata reste fier de ce parcours qu'il s'est battu pour avoir, lui qui se qualifie comme un "besogneux, pas talentueux". Cet acharné de travail qui "galère à maintenir son poids" de mettre un point d'orgue à casser l'image de mercenaire qui lui a souvent été attribuée, à tort. "Moi, ce que je voulais jusqu'ici, c'était découvrir du pays et jouer au rugby toute l'année. Les États-Unis, c'était un rêve pour l'aventure, mais tu n'es payé que 6 à 7 mois et au-delà du salaire, je ne pouvais pas me permettre de ne pas jouer pendant de longues périodes, à mon âge. Alors, j'ai trouvé ce compromis incroyable de faire la moitié de l'année aux États-Unis, l'autre en France, presque à chaque fois.

TOP 14. CASTRES. Mélangez Kockott à Faf de Klerk et vous obtiendrez Santiago ArataTOP 14. CASTRES. Mélangez Kockott à Faf de Klerk et vous obtiendrez Santiago ArataCe que langues acérées ne voient pas, non plus, c'est les sacrifices qu'a acceptés Victor Comptat pour s'offrir ce rythme d'aventurier du rugby. Et notamment des fêtes passées seul à l'autre bout du monde, une petite soeur qu'il n'a presque pas vu grandir, ou un calendrier effréné, qui le voit enchaîner plus de 11 mois de rugby et 30 matchs par an, depuis plusieurs saisons. Un choix de vie qu'il assume, mais qui a également contribué a son envie de se poser désormais, du côté du Var. Avec plein de rêves en tête, malgré tout ? "Peut-être plus nombreux encore", tranche-t-il d'une voix rauque. "Je ne m'en suis jamais caché, mon objectif sur le long terme serait pourquoi pas d'un jour aspirer à de la ProD2. À un poste où la maturité est tardive, tout est possible si je m'en donne les moyens. C'est pour cela que mon aventure à la Seyne va être d'autant plus importante, qu'il faut faire le job et mouiller le maillot pour ce club historique du Sud-Est, dont le projet me correspond à merveille."

RUGBY. Du monde pro' à la Fédérale 3 à 21 ans, l'étonnante trajectoire de Yohan KehlhoffnerRUGBY. Du monde pro' à la Fédérale 3 à 21 ans, l'étonnante trajectoire de Yohan KehlhoffnerMieux, à court terme, l'enfant des calanques de Marseille à un désir encore plus fou. Avant de se quitter, il nous confie rêver d'intégrer le groupe américain pour disputer la coupe du monde 2023, chez lui, en France. Ou au pire, celle de 2027, organisée aux États-Unis. Son autre chez lui...

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Merci pour cet article, plus "Rugbynistère", et moins "putaclic" 😉

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