C’est bien connu, le rugby n’a cessé d’innover ces vingt dernières années. La discipline est devenue plus inclusive, proposant de nouveaux formats et élargissant ses horizons. Et dans cette dynamique, le grand gagnant n’est autre que le rugby féminin.
Entre 2017 et 2023, la progression est spectaculaire : +94 % de pratiquantes. Une hausse qui porte à 52 689 le nombre de licenciées en 2025. Selon la Fédération Française de Rugby, une personne sur quatre foulant les pelouses du rugby dans le monde est désormais une femme.
Face à cette croissance fulgurante, les instances s’intéressent logiquement à l’évolution de la pratique… au point d’envisager d’adapter jusqu’au format des ballons.
Le circuit de Sevens féminin au cœur d’une étude sur la taille des ballons
Le rugby féminin possède évidemment ses propres exigences. Et c’est fort de ce constat que le comité directeur de World Rugby envisage la mise en place d’une nouvelle mesure destinée à faciliter la pratique, sans pour autant dénaturer l’essence de ce sport.
Après une première phase de tests menés lors de compétitions internationales des moins de 18 ans et des moins de 20 ans, aux championnats d’Espagne et de Colombie, ainsi que dans certains clubs d’Élite 1, le format du ballon pourrait évoluer pour les catégories féminines.
Habituées à jouer avec un ballon de taille 5, les joueuses pourraient désormais utiliser une taille réduite à 4,5, développée en partenariat avec la célèbre marque Gilbert, sans modification de la prise en main ni du comportement du ballon.
Cette nouvelle configuration sera testée sur le circuit féminin de rugby à sept. Cette dernière phase d’étude prendra en compte les retours des joueuses afin de déterminer, ou non, l’adoption définitive de cette modification.
Les Bleues sont en demi-finale 👏
— RugbyPass FR 🇫🇷 (@RugbyPass_FR) December 7, 2024
Hawa Tounkara conclut un magnifique essai collectif à une minute de la fin du choc face aux Irlandaises (15-0) 🔥#HSBCSVNSCPT pic.twitter.com/cBXLtz4SCp
"Notre objectif est de leur offrir la meilleure plateforme possible"
À travers un communiqué de presse publié par la Fédération Française de Rugby, Melodie Robinson, présidente du Comité Haute Performance Féminin de World Rugby, évoque un axe d’amélioration destiné à mieux mettre en valeur les qualités propres des joueuses.
"Notre objectif est de leur offrir la meilleure plateforme possible pour exprimer leurs qualités. Ce ballon est une étape majeure dans la création d’un rugby féminin fidèle à son identité".
Pour rappel, aucune différence réglementaire n’existe entre les joueuses et les joueurs de rugby. La seule distinction, en tout cas dans l’Hexagone, concerne le format des championnats. Quand la première division masculine compte 14 équipes, l’Élite 1 féminine n’en réunit aujourd’hui que 10.
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"Les mentalités évoluent lentement, mais elles évoluent"
Effectivement, c’est souvent le même son de cloche qu'on entend dès lors que l’on parle de rugby féminin. Mais pas de panique, cette citation date du début des années 2010. Clémence Olivier n’a alors que 26 ans et évolue au Stade Rennais et avec le XV de France.
À l’époque, interrogée par le magazine 50-50, elle évoquait déjà des avancées significatives dans le rugby féminin, tout en soulignant une différence persistante entre hommes et femmes.
"Les mentalités évoluent lentement, mais elles évoluent. De plus en plus, les équipes féminines ont des staffs structurés, formés, qualifiés. Les périodes de stages et d’entraînement de l’équipe de France ont lieu à Marcoussis, au centre d’entraînement national, avec les mêmes droits que l’équipe masculine. Au Tournoi des Six Nations, les filles jouent les mêmes matches que les garçons, aux mêmes dates, aux mêmes horaires, sauf qu’elles ne jouent pas dans les grands stades ! "
Un constat qui, depuis, a largement évolué : les sélections féminines jouent désormais dans les mêmes enceintes que les hommes.
La professionnalisation, le point noir du rugby féminin
Alors qu’elles gagnent en visibilité, le rugby féminin sort progressivement de l’ombre et s’impose comme un sport à part entière, et non plus comme une simple variante. Aujourd’hui, les conditions de préparation sont particulièrement exigeantes : entraînements quotidiens, préparation physique rigoureuse, calendrier chargé et échéances majeures.
Mais l’équilibre entre vie professionnelle et passion reste un sujet sensible, car très peu de joueuses sont professionnelles. Si les internationales du XV de France font figure d’exception, ce sont aussi elles qui portent en grande partie le développement de la discipline.
Ce sont d’ailleurs elles qui génèrent les meilleures audiences : lors de la dernière Coupe du monde, le match face à l’Angleterre a atteint un pic à 3,8 millions de téléspectateurs, un record absolu.
À ce jour, seules une trentaine de joueuses vivent réellement du rugby à XV en France grâce à un contrat fédéral signé notamment avec la FFR. Celles qui en bénéficient perçoivent une rémunération comprise entre 3 500 et 4 000 euros par mois.
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