“L’expansion a toujours fait partie de notre ADN”, indiquait Martin Anayi, directeur général de l'URC, à l’été dernier pour le Rugbypass. En pleine forme, l’United Rugby Championship a vu l’Afrique du Sud s’intégrer comme un membre permanent en septembre dernier. En parallèle, la fédération galloise (WRU) cherche à réduire son nombre d'équipes.
Ainsi, tous les feux semblaient au vert pour imaginer de nouvelles nations rejoindre les rangs de l’ancienne Ligue celte, qui souhaite toucher le plus de marchés possible. Il suffisait d’une étincelle pour allumer la mèche et celle-ci est peut-être en train d’apparaître. Avec l’intégration d’une nouvelle nation en URC, la Champions Cup devrait logiquement, de nouveau, s’étendre sur d’autres territoires.
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Une opportunité dans le malheur gallois
En effet, la fédération galloise serait sur le point de venir à bout de son plan de restructuration. L’étape la plus importante de ce dernier, mais également la plus douloureuse, est sans doute la réduction du nombre d’équipes engagées dans l’URC. Jusqu’alors la WRU comptait quatre franchises. En grande difficulté économique et sportive depuis quelques années, elle a pensé à se séparer de la moitié d’entre elles. Finalement, suite au mécontentement des joueurs, une seule équipe devrait disparaître, les Ospreys ou les Scarlets. Initialement, la disparition de l’une de ces deux entités devait avoir lieu pour l’été 2027, mais tout pourrait s’accélérer.
En effet, il paraît désormais quasiment certain que la franchise concernée par une disparition devrait quitter l’URC dès cet été, pour limiter les coûts au minimum. En tout cas, c’est l’idée que laissait sous-entendre Dave Reddin, directeur du rugby et de la performance d'élite de la WRU, pour le diffuseur TNT Sports après la débâcle de sa sélection contre les Springboks (0-73). Ce dernier a indiqué qu’il fallait néanmoins trouver “une solution” car le contrat qui lie l’institution à la compétition internationale demande à engager quatre équipes jusqu’en 2027, a minima.
Ainsi, plusieurs solutions s’offrent aux dirigeants du XV du Poireau. “Nous devons trouver une solution pour cette quatrième équipe. Plusieurs options sont envisageables, qu'il s'agisse d'une équipe étrangère ou d'une solution interne au pays de Galles”, a notamment confié Dave Reddin. Comme solution d’urgence, une équipe académique pourrait être créée le temps d’une saison. Elle rassemblerait les espoirs du rugby local en manque de temps de jeu, des profils amateurs avec un bon potentiel et des jeunes joueurs éligibles en sélection.
Néanmoins, cette option d’une quatrième formation semi-professionnelle en URC est une solution temporaire. Cette dernière décale uniquement l’échéance d’une éventuelle nouvelle place à gagner en United Rugby Championship pour les années à venir. De plus, si la fédération galloise louait sa quatrième place pour une franchise à une fédération étrangère, cela lui permettrait d’obtenir une manne supplémentaire. Ainsi, il est fort probable qu’un nouveau pays arrive dans cet écosystème en 2027, voire dès l’été prochain. Mais qui sont les prétendants à cette compétition ?
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La Géorgie, candidat émérite mais fragile
Après l’annonce de la réduction du nombre de franchises galloises, la Géorgie a rapidement réagi. Il y a six mois, la fédération caucasienne a annoncé que sa franchise du Black Lion ne comptait pas se ré-engager en Rugby Europe Super Cup, la compétition de franchise des nations en développement du Vieux Continent. Sans fausse modestie aucune, l’ambition affichée était claire : intégrer l’URC dans les années à venir.
Avec cette ambition affichée, le directeur général de l'URC est venu clarifier la situation et a laissé la porte ouverte aux Géorgiens. “On ne dit pas non, mais les conditions doivent être réunies. […] Je pense qu’il est important de garder cette ouverture, mais, attention, la barre est haute. Chaque match en plus, c’est une question de santé des joueurs qu’il faut prendre au sérieux.[…] C’est un point sur lequel on ne peut pas faire de compromis. Il y a la logistique à considérer, surtout quand on joue sur plusieurs continents. Puis il y a l’aspect sportif, on veut que la compétition conserve un haut niveau de jeu et son intensité”, arguait Martin Anayi pour Rugbypass.
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Sur le plan sportif, peu de candidats semblent aussi solidement rodés que la formation géorgienne. Pour rappel, le Black Lion a gagné les quatre dernières éditions de la Rugby Europe Super Cup et a intégré la Challenge Cup depuis 2023, avec une victoire contre les Scarlets et le RC Vannes sur les deux dernières saisons. Cependant, la création d’une franchise en Géorgie pose des problèmes de logistiques évidents. Pour cause, ces derniers devront évoluer dans la poule galloise, sachant que Tbilisi et Cardiff sont à 3 700 km de distance avec quatre fuseaux horaires d’écart.
De plus, l’URC est certes attiré par l’expansion, mais la compétition reste gérée par une société en quête de bénéfices. À ce titre, le marché géorgien n’est pas le plus séduisant à la vue de la faible population, 3,7 millions d’habitants, et des vives tensions politiques. Depuis 1992, deux régions comprises officiellement dans le territoire du pays caucasien ont fait scission avec l’État, avec une influence russe marquée sur ces territoires. De plus, le pouvoir géorgien est sous le feu des critiques depuis 2022. En effet, de nombreux organismes accusent ce dernier de faire basculer le pays dans la dictature et d’utiliser des armes chimiques sur sa population. Une situation tendue sans lien direct avec les ambitions du rugby local, mais qui pourrait en refroidir plus d’un.
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L’Espagne, outsider inattendu
Depuis une dizaine d’années, le rugby espagnol veut se développer. Le pays ibérique souhaite organiser la Coupe du monde de rugby 2035 et présente de solides arguments. En avril 2025, Gabriel Sanchez, vice-président de la fédération espagnole de rugby, a fait connaître son ambition auprès du Daily Mail en avril 2025. Le dirigeant avait manifesté son envie d’intégrer l’EPCR pour y engager une compétition et désirait intégrer l’United Rugby Championship. Cette intégration devait se faire d’ici “deux à trois ans” selon lui, soit aux alentours du mondial 2027.
Sur le plan sportif, le patron du rugby espagnol met en avant le fait que sa sélection est parvenue à des résultats probants en seulement quelques années. “Actuellement, nous sommes 16ᵉ au classement World Rugby (NDLR : elle est montée à la 15ᵉ place entre-temps), mais nous ne sommes pas loin de la 12ᵉ ou 13ᵉ place. L'Espagne ne disposait d’aucune structure performante en 2022, tout était en ruine, mais nous avons donc un potentiel énorme”, indiquait Gabriel Sanchez. En clair, selon le dirigeant espagnol, le Quince del León arrive à des résultats excitants sans équipe professionnelle, de ce fait, imaginez ce qu'il en serait s'ils en avaient une…
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Pour cause, si le rugby espagnol s’est développé à cette vitesse, c’est parce qu’il a profité de l’essor impulsé par les nombreux binationaux présents dans sa sélection. Les bénéfices de cette mise en lumière, grâce à un important contingent de franco-espagnol, ont été injectés dans la formation et le rugby national. Sur le territoire de la monarchie ibérique, l’institution a réussi à valoriser les régions où le rugby avait une accroche culturelle et les grandes agglomérations. Le Pays basque et la Catalogne profitent d’un intérêt relatif pour le ballon ovale, mais le cœur de l’ovalie espagnole est en Vieille-Castille, dans Valladolid et ses environs. Là-bas, des clubs tels que le VRAC bénéficient d’un soutien populaire important.
De plus, l’Espagne a une population de 50 millions d’habitants et près d’un demi-milliard de personnes parlent la langue du pays dans le monde. Cette donnée en fait un marché potentiel particulièrement intéressant, avec un vivier de joueurs conséquent. En 2021, près de 40 000 joueurs de rugby possédaient une licence dans le pays, soit presque autant que l’Écosse, l’Irlande ou le pays de Galles.
Les USA, une union inattendue ?
Enfin, les États-Unis sont le dernier pays à s’être manifesté afin de rejoindre l’URC et les compétitions de l’EPCR. Toutefois, dans le cas du pays de l’Oncle Sam, cette volonté est officieuse. Pour l’instant, cette volonté d’intégrer les compétitions d’outre-Atlantique s’est uniquement manifestée via un article du Telegraph Sport, paru cet été. Dans ce dernier, on apprenait que deux franchises américaines se seraient présentées à l’United Rugby Championship, pour intégrer la compétition. Cependant, cette volonté de rejoindre la compétition du Vieux Continent et de l’Afrique australe a pris du plomb dans l’aile.
En effet, les écuries états-uniennes auraient demandé à rejoindre l’URC lorsque la fédération galloise souhaitait supprimer deux de ses équipes professionnelles. Néanmoins, ce projet n’est, pour l’instant, plus d’actualité et il est très difficile d’imaginer une équipe américaine se présenter seule dans une poule galloise. Les défis logistiques et les coûts paraîtraient bien trop conséquents, à moins que cette dernière n’accepte de se délocaliser en Europe, comme l’équipe sud-africaine des Cheetahs à Amsterdam pour les rencontres de Challenge Cup.
Toutefois, il n’est pas improbable d’imaginer que l’URC voudrait s’étendre sur le marché américain. Ce dernier est prisé par de nombreuses instances du rugby international qui semblent y voir une mine d’or, encore dure à déceler. Ainsi, au cas où la Major League Rugby ne parviendrait pas à se pérenniser, serait-il possible qu’une poule nord-américaine voit le jour dans le championnat d’outre-Atlantique ? Pour l’instant, cette hypothèse reste seulement une supposition…



