Depuis l’arrivée en grande pompe de Siya Kolisi au Racing 92 en 2023, un coup de froid se fait sentir entre les Springboks et le Top 14. Depuis 2019, les internationaux sud-africains, de moins de 30 caps, n’ont plus l’obligation de jouer au pays pour être sélectionnables. Pourtant, de nombreuses têtes d’affiches de ce pays passionné par le ballon ovale décident de retourner à la maison et cette tendance pourrait s’accélérer.
Des stars du rugby sud-africain font le choix de quitter des championnats connus pour leurs bons salaires, en France ou au Japon par exemple. Sur les prochains mois, Cheslin Kolbe devrait quitter les Tokyo Sungoliath, en Japan League One. Selon les dernières rumeurs, il devrait retourner aux Stormers, en United Rugby Championship (URC), où il n’a plus joué depuis 2017. Mais alors, comment expliquer la fin de cet exode ?
Transfert. Adieu le Japon, Cheslin Kolbe va-t-il retourner au pays ou en Top 14 ?
Un modèle sud-africain défaillant
Comme souvent, dans le sport professionnel, la principale raison reste l’argent. Ainsi, vous l’aurez compris, les finances des quatre franchises sud-africaines se portent mieux et, normalement, cela devrait aller en s’améliorant. Avant d’expliquer pourquoi, il faut évoquer les raisons qui ont mis les équipes professionnelles en difficultés, auparavant.
Entre 1996 et 2020, les meilleurs clubs sud-africains évoluaient en Super Rugby. Ils se confrontaient à des concurrents néo-zélandais et australiens, mais aussi argentins et japonais durant un temps. Au total, huit formations différentes, établies en Afrique du Sud, ont déjà postulé sur une saison de cette compétition. Le record, sur une même saison, est de six équipes engagées simultanément.
Cependant, la compétition phare de l’hémisphère sud n’a jamais réussi à trouver une réelle stabilité, sous ce format. Avec des pays participants éloignés et présents sur des fuseaux horaires aussi nombreux, il était très difficile de présenter le Super Rugby comme un projet cohérent, capable d’attirer les investisseurs et les diffuseurs. De plus, les frais étaient exorbitants, avec des voyages réguliers à l’autre bout du globe, pour des contingents multiples d’effectifs professionnels entiers.
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La migration en URC
Pour améliorer son économie, le rugby sud-africain a dû se restructurer. En 2020, la pandémie de Covid_19 frappe la planète. À ce moment-là, les dirigeants font le choix de tout recommencer à zéro. D’autres formations emboîtent le pas aux franchises des Cheetahs et des Southern Kings, qui ont rejoint l’URC en 2018. Adieu le Super Rugby et l’hémisphère sud, les clubs de l’élite sud-africaine vont désormais jouer avec des écuries d’Europe de l’Ouest, établies entre l’Irlande et l’Italie. Après un léger temps d’adaptation, ils intègrent même l’EPCR et les compétitions européennes.
Pour renforcer sa présence et affirmer ses ambitions, la fédération sud-africaine de rugby (SARU) a décidé d’inscrire, uniquement, ses quatre franchises les plus réputées, compétitives et populaires dans cette compétition internationale. Ainsi, les deux équipes citées précédemment sont remplacées par les Stormers du Cap, les Lions de Johannesburg, les Sharks de Durban et les Bulls de Pretoria. En guise d’antichambre, les Cheetahs participent à la Challenge Cup, une “petite Coupe d’Europe”, afin d’agrandir le vivier.
Pour venir affronter les franchises italiennes, irlandaises, galloises et écossaises engagées en URC, la SARU a dû s’acquitter de plusieurs obligations. La plus notable est le versement annuel de frais de participation. Ainsi, pour chaque saison, l’institution devait s’acquitter d’une somme d’environ 6,2 millions €. Aucun autre acteur de ce championnat ne devait supporter cette charge, puisque les fédérations européennes engagées sont actionnaires de la société organisatrice.
L'austérité chez les Boks
Ainsi, l’Afrique du Sud a dû se séparer de ses meilleurs éléments durant quelques années, pour limiter les pertes. Entre 2021 et 2024, la SARU a connu des années à pertes. Cette situation est arrivée à son terme, récemment. En septembre, la fédération sud-africaine est devenue actionnaire de l’URC, à hauteur de 15 %, après avoir été en mesure de faire le dos rond pendant quelques années. Ces efforts ont même été récompensés par un bénéfice inattendu et exceptionnel sur le premier semestre de l’année 2025, de 5 millions €.
La SARU a travaillé en interne pour améliorer les offres de diffusions des rencontres professionnelles auprès des médias sud-africains. Elle a aussi attiré de riches investisseurs, comme le fortuné avocat new-yorkais Marco Masotti à la tête des Sharks. Les deux sacres successifs des Springboks en Coupe du monde, en 2019 et 2023, ont bien aidé les instances. En URC, les Stormers ont remporté l’édition 2022 et chaque finale a compté au moins une équipe sud-africaine, sur les quatre dernières affiches.
De plus, la situation économique difficile de la fédération l’a poussé à l’économie et à une restructuration en profondeur pour assainir les finances. Au niveau des frais de déplacement, les déplacements en Europe s’organisent à travers quelques rares tournées, généralement trois ou quatre fois par an, pour limiter les dépenses. Un partenariat avec une compagnie aérienne a également été signé, en ce sens.
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Une révolution concrétisée à l’automne 2025
Ce nouveau modèle, plus cohérent, ainsi que la refonte de l’économie du rugby sud-africain a permis de rendre les clubs de nouveau attractifs. Ainsi, la SARU va désormais percevoir des dividendes annuels issus de l’exploitation commerciale de l’URC. Cette somme s’élève autour de 2 millions € par saison et par franchise, selon des projections du média d’investigation sud-africain Daily Maverick. Un montant de 2 millions € au total aurait même déjà été perçu par la SARU.
Ces nouvelles rentrées d’argent pourraient aisément permettre aux quatre équipes engagées de rapatrier les joueurs exilés, avec des salaires compétitifs. Ainsi, le Top 14 et d’autres championnats pourraient perdre en attractivité auprès des internationaux sud-africains, en quête d’une rémunération à la hauteur de leur niveau sportif.
Récemment, une actualité allait dans ce sens. Rugby Pass indiquait que le talonneur Marnus van der Merwe (28 ans, 4 caps) était dans le viseur des Sharks. Le club sud-africain aurait mis sur la table un salaire important (287 000 €) pour son profil. Une proposition pour laquelle la plupart des clubs français doivent sérieusement jeter un coup d’œil à leur trésorerie, s’ils souhaitent surenchérir.
Top 14. 287 000 €/an sur la balance, ce joueur va-t-il recaler Clermont ?
Amis à Laporte
Moins de matchs à jouer ?
pascalbulroland
Merci pour ces précisions !
Mickey duc
Est ce que ça ne serait pas également lié au fait que nos amis sud africains abusent des produits dopants et qu’apparemment en Afrique du Sud on ne signe pas trop les traités ! M’est avis qu il est plus simple pour eux de faire leur saleté chez eux qu’en Europe !
pascalbulroland
Chez nous c'est l'abus de cocaïne , est ce mieux..??