Après deux matchs décevants face à l’Afrique du Sud et aux Fidji, Fabien Galthié s’est montré étonnamment direct sur les failles actuelles de son équipe, entre discipline, défense et automatismes à revoir. Une sortie rare, et très attendue. Deux matchs, deux ambiances. D’abord une défaite nette face à l’Afrique du Sud, puis une victoire sans éclat contre les Fidji, où les Bleus ont alterné le chaud et le froid.
Ntamack, bouc émissaire facile ? Ceux qui savent voient une autre vérité (et la défendent)
Ce jeudi matin en marge de l'annonce de la composition face à l'Australie, le technicien n'a pas cherché à jouer les politiciens. "On a touché nos limites du moment", a-t-il reconnu, au sujet du choc face aux Boks. "Le deuxième match, on a plutôt fait 20 très bonnes minutes. Et puis là, on a touché du doigt aussi d'autres incohérences dans notre jeu." Avant de pointer du doigt des failles bien précises : indiscipline record, manque d’automatismes, animation offensive à revoir, défense floue… Un inventaire à la Prévert qui tranche avec les discours plus mesurés de ses dernières sorties.
Un Galthié cash, une remise en question technique inédite
S’il est rare de voir Galthié aussi direct publiquement, c’est bien parce que le moment l’impose. Car ses mots ne sont pas lancés à la légère : ils traduisent un vrai virage dans la gestion de ce groupe en vue du Tournoi 2026 mais surtout de la Coupe du Monde. Le technicien évoque en détail deux points précis : la ligne d’hors-jeu et les sorties de couloirs. Deux aspects très concrets… et révélateurs.
On a été énormément sanctionnés. On a souvent été pris en position de ligne de hors-jeu. C’est un record sur un match parmi le Top 12 mondial.
Ce n’est pas qu’un problème de discipline, mais bien un souci de conscience collective, d’ajustements de timing et de repères défensifs. Dans un rugby international où chaque détail compte, ces mètres trop vite gagnés sur la ligne tuent la dynamique. Autre exemple pointé par le staff : les couloirs. Sur le match contre les Fidji, entre la 20e et la 60e minute, seuls deux ballons sont revenus des couloirs.
Quand tu n'as pas les ballons qui reviennent, tu ne peux pas avoir de continuité.
Le constat est limpide : sans conservation efficace et retours dans l’axe, le jeu français perd son fil. Un rappel salutaire que le rugby n’est pas qu’une question de schémas, mais aussi de réactivité et de maîtrise des basiques.
Pour les Bleus, c’est l’heure de se réinventer (à nouveau)
Ce coup de projecteur brutal sur les carences françaises n’arrive pas par hasard. Il précède un test très attendu contre l’Australie, et surtout, il indique un changement de posture : le temps des illusions semble bel et bien terminé. Dans le fond, Galthié revient à ses fondations : travail défensif de 2020, répétition des gammes, mise à niveau des joueurs revenant des clubs. S'il ne faut pas effacer tout ce qui a été fait jusqu'à présent, il est clair que cette équipe de France, dans sa forme actuelle, ne maitrise pas son sujet.
On croit que c’est acquis. Mais non. Il faut le reprendre sur le rendez-vous suivant. C’est comme ça.
À l’échelle du groupe, c’est une piqûre de rappel. Car entre les habitudes de clubs, les systèmes défensifs variés et la complexité croissante du jeu de repossession, le XV de France a besoin d’un cadre plus clair. Et Galthié l’admet : il pensait que certaines choses étaient acquises. Ce n’était pas le cas.
France-Australie : Galthié joue la carte de l’expérience (et de la puissance) dans sa composition
Défense, attaque, transition : les trois chantiers
La lucidité du sélectionneur met aussi en lumière la complexité du rugby moderne, où les systèmes doivent sans cesse s’adapter. L’exemple défensif est frappant : plaquages à deux mal exécutés, incompréhension sur les phases de contest, redistribution floue… autant de détails qui, à ce niveau, se paient cash.
Pas clair sur le plaquage à deux. Pas clair sur la manière dont on complète le plaquage aux jambes. Pas clair non plus sur la manière dont on sort de la zone de plaquage en roulant. Pas clair sur la manière dont on va attaquer le ballon, qui est libre ou pas, dans la zone de plaquage. Pas clair sur la redistribution non plus sur la largeur.
Même constat en attaque : une animation jugée trop fragile, encore loin de son pic de performance. Et un cycle naturel à assumer : il faut deux compétitions pour la faire mûrir, rappelle Galthié. Autrement dit, le prochain Tournoi sera le vrai juge. Ajoutez à cela le jeu de transition — ces fameuses phases de dépossession/repossession qui font désormais 50 % des matchs — et vous obtenez un puzzle où chaque pièce compte.
Il y a une quarantaine, voire une cinquantaine de jeux de repossession par match. Il faut se réorganiser comme si c’était une reconquête.
Le retour des fondamentaux, et une leçon d’humilité
Ce qui frappe dans ce discours, c’est la volonté de pédagogie. Galthié ne cherche pas d’excuses. Il explique. Il contextualise. Et surtout, il redescend les attentes à hauteur d’homme. Non, rien n’est acquis. Oui, il faut refaire les gammes. Même après six ans de travail.
C’est un éternel recommencement en sélection.
Un aveu rare, mais précieux. Qui rappelle que la réussite n’est jamais linéaire, surtout quand on jongle avec des dizaines de joueurs venus de 14 clubs, tous porteurs de cultures de jeu différentes.
14 matchs, 3 défaites et fin de saison, l'Australie, l’adversaire parfait pour remettre du liant dans le jeu du XV de France ?
Ce troisième match, un tournant déjà ?
Galthié le dit : malgré tout, il y a une base solide sur laquelle s’appuyer. Et des leaders qui sont bien présents et qui ont à coeur de montrer un visage bien plus conquérant. Le match face à l’Australie sera l’occasion d’évaluer si le groupe a su intégrer ces ajustements.
Il y a des chances qu'on soit plus homogènes sur ce troisième match.
Les attentes sont claires : discipline, continuité dans le jeu, précision défensive, animation offensive plus aboutie. La barre est haute, à la hauteur des objectifs, et les Bleus savent désormais où aller. Fabien Galthié a parlé sans filtre. Et c’est peut-être ce qu’il fallait pour relancer un XV de France en quête de certitudes. Un électrochoc verbal pour un rebond attendu. Rendez-vous ce week-end pour voir si les paroles se traduisent en actes.

fredo69007
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13068 pointsAu moins on est d accord sur le diagnostic, en revanche aucune explication sur l usure physique qui me semble quand même assez anormale et inquiétante pour des joueurs avec seulement 3 mois de compétition dans les jambes et qui explique en partie certains problèmes dans l animation (rucks lents car soutien en retard etc...). Ça n explique toutefois pas le manque d'animation autour de la charnière et de NTK en particulier qui fait que même avec des ballons rapides on a très peu de solutions. Je suis content également qu il parle des relances de jeu dans les couloirs mais notre jeu au pied de pression (qui n en est plus un car les adversaires se sont adaptés a cette option qui est devenu systématique) en bout de ligne ne relève t il pas plus d un choix stratégique plutôt que d'un défaut d organisation des joueurs?
Pianto
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59980 pointsil dit qu'il faut rebosser sur les fondamentaux parce que les joueurs sont rentrés en club et ils ne sont plus au niveau où ils étaient en mars avril, les clubs apprécieront mais c'est assez juste je pense.
Quand tu rencontres ce qui se fait de mieux, tous les paramètres doivent être au maximum, là où en club tu as un peu plus de temps, il faut faire les choses plus vite en sélection.
Tant que ça lui sert de leçon pour les prochains rassemblement, de mettre les choses dans l'ordre...
Nous sommes très en-dessous des autres nations majeures sur la vitesse de nos rucks par exemple. Ce n'est pas une consigne de Galthié... C'est un problème de réalisation à très haut niveau par les joueurs.
Le rechargement est trop lent également, ce n'est pas non plus une consigne de Galthié.
Si on avait les mêmes paramètres que les autres nations et qu'on n'était pas au niveau de performance attendu, on pourrait dire que c'est 100% la tactique, le plan de jeu.
Là, c'est partagé, le plan de jeu ne me parait pas en phase avec les qualités de nos joueurs mais les joueurs ne performent pas assez pour mettre n'importe quel plan de jeu en réussite.
p.coutin
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11749 pointsA peu près tout ce que tout le monde voit. On se demande comment se staff a pu regarder l'évolution du rugby sans le prendre en compte. Si la France ne met pas 30 pions à une Australie à la dérive et plus fatiguée que les autres, je pense qu'il faudrait considérer que les "cochons sont dans le maïs"...Et que peut être à la fédération on commence à faire le job d'autorité de tutelle. Ou croiser les doigts pour que Dupont revienne vite.
lebonbernieCGunther
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60257 pointsLe constat est là, c'est déjà ça, mais j'ai lu trop vite ou alors c'est, selon lui, uniquement de la faute des joueurs? Car à aucun moment il n'esquisse la moindre autocritique, la moindre remise en question de son système, jamais il n'envisage une once de responsabilité...
fredo69007
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13068 pointsMoi j aurai aimé qu il explique aussi comment les joueurs peuvent être cramés a ce point après seulement 3 mois...
dusqual
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56267 pointsouais pour moi c'est encore un gros enfumage maison, il a juste revisité la sauce.
son approche est cette fois celle du technicien, plus celle du data scientist.
sous la forme d'explications ressemblant à des remises en question sans vraiment l'être, il remet une couche sur le fait de pas avoir assez les joueurs.
il leur tape pas directement dessus, mais s'appuie sur la complexité, le manque de cohésion, le temps nécessaire, des choses qu'ils pensaient acquises... pour quand même leur refourguer le bébé.
bref, pour moi, il finit juste de se débarrasser de la responsabilité.
il fait mine de prétendre à de la lucidité quand il ne fait que reprendre ce qui se dit déjà de partout, baladant son auditoire d'une zone technique à améliorer à une autre, s'achète du temps en disant qu'il faut deux compets pour se mettre en place...
je te confirme y a aucune remise en question.
jujudethil
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14191 pointsOui effectivement ça ne sent pas l’autocritique. Quand tu vois que la quasi-totalité de ces joueurs performent dans le club, bizarre quand ils sont sous sa responsabilité, on dirait qu’ils ont deux bras gauche.
Uther
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5424 pointsIl dit que les schémas aujourd'hui sont très complexes à mettre en place et à exécuter correctement sur le terrain parce que les joueurs ont un nombre important de paramètres à prendre en ligne de compte.
Il ne critique pas vraiment les joueurs mais se désole qu'en sélection avec le manque de continuité il faut parfois un peu rebâtir ce que tu pensais déjà construit d'autant plus qu'il y a beaucoup de changements au sein de l'EDF.
Notamment sur le replacement offensif après chaque ruck qui est la clé d'une attaque performante, il y a manifestement un souci. Certains joueurs n'arrivent pas à se replacer correctement assez vite (On l'a bien vu face aux Fidji) et tu te retrouves totalement arrêté avec des rucks lents et donc sans grand espoir de gagner du terrain.
Résultat, tu es obligé de te dégager au pied et de rendre le ballon à l'adversaire sauf si tu as une vraie tactique sous les chandelles et que tu as les joueurs pour l'exécuter comme les Anglais l'ont mise en place.
Il dit aussi qu'il y a des attitudes très spécifiques qui nécessitent une bonne coordination entre les joueurs et qu'aujourd'hui, cette coordination n'est pas parfaite.
Je ne pense pas qu'il se remette personnellement en question mais il explique les problèmes auxquels il est confronté.
Et pour le coup, c'est assez cohérent mais ça ne dit pas comment améliorer tout cela.
pascalbulroland
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91098 pointsFG faire une autocritique ?? Faut pas déconner non plus...