''Pas clair sur le plaquage, pas clair sur la redistribution'' : Galthié balance (enfin) tout sur les vrais problèmes des Bleus
Le sélectionneur du XV de France affiche la couleur : rigueur, cohérence et retour aux fondamentaux. Crédit image : Screenshot Youtube France Rugby
XV de France : après deux matchs décevants, Galthié ne prend plus de pincettes et dévoile les vrais problèmes du moment.

Après deux matchs décevants face à l’Afrique du Sud et aux Fidji, Fabien Galthié s’est montré étonnamment direct sur les failles actuelles de son équipe, entre discipline, défense et automatismes à revoir. Une sortie rare, et très attendue. Deux matchs, deux ambiances. D’abord une défaite nette face à l’Afrique du Sud, puis une victoire sans éclat contre les Fidji, où les Bleus ont alterné le chaud et le froid.Ntamack, bouc émissaire facile ? Ceux qui savent voient une autre vérité (et la défendent)Ntamack, bouc émissaire facile ? Ceux qui savent voient une autre vérité (et la défendent)

Ce jeudi matin en marge de l'annonce de la composition face à l'Australie, le technicien n'a pas cherché à jouer les politiciens. "On a touché nos limites du moment", a-t-il reconnu, au sujet du choc face aux Boks. "Le deuxième match, on a plutôt fait 20 très bonnes minutes. Et puis là, on a touché du doigt aussi d'autres incohérences dans notre jeu." Avant de pointer du doigt des failles bien précises : indiscipline record, manque d’automatismes, animation offensive à revoir, défense floue… Un inventaire à la Prévert qui tranche avec les discours plus mesurés de ses dernières sorties.

Un Galthié cash, une remise en question technique inédite

S’il est rare de voir Galthié aussi direct publiquement, c’est bien parce que le moment l’impose. Car ses mots ne sont pas lancés à la légère : ils traduisent un vrai virage dans la gestion de ce groupe en vue du Tournoi 2026 mais surtout de la Coupe du Monde. Le technicien évoque en détail deux points précis : la ligne d’hors-jeu et les sorties de couloirs. Deux aspects très concrets… et révélateurs.

On a été énormément sanctionnés. On a souvent été pris en position de ligne de hors-jeu. C’est un record sur un match parmi le Top 12 mondial.

Ce n’est pas qu’un problème de discipline, mais bien un souci de conscience collective, d’ajustements de timing et de repères défensifs. Dans un rugby international où chaque détail compte, ces mètres trop vite gagnés sur la ligne tuent la dynamique. Autre exemple pointé par le staff : les couloirs. Sur le match contre les Fidji, entre la 20e et la 60e minute, seuls deux ballons sont revenus des couloirs.

Quand tu n'as pas les ballons qui reviennent, tu ne peux pas avoir de continuité.

Le constat est limpide : sans conservation efficace et retours dans l’axe, le jeu français perd son fil. Un rappel salutaire que le rugby n’est pas qu’une question de schémas, mais aussi de réactivité et de maîtrise des basiques.

Pour les Bleus, c’est l’heure de se réinventer (à nouveau)

Ce coup de projecteur brutal sur les carences françaises n’arrive pas par hasard. Il précède un test très attendu contre l’Australie, et surtout, il indique un changement de posture : le temps des illusions semble bel et bien terminé. Dans le fond, Galthié revient à ses fondations : travail défensif de 2020, répétition des gammes, mise à niveau des joueurs revenant des clubs. S'il ne faut pas effacer tout ce qui a été fait jusqu'à présent, il est clair que cette équipe de France, dans sa forme actuelle, ne maitrise pas son sujet.

On croit que c’est acquis. Mais non. Il faut le reprendre sur le rendez-vous suivant. C’est comme ça.

À l’échelle du groupe, c’est une piqûre de rappel. Car entre les habitudes de clubs, les systèmes défensifs variés et la complexité croissante du jeu de repossession, le XV de France a besoin d’un cadre plus clair. Et Galthié l’admet : il pensait que certaines choses étaient acquises. Ce n’était pas le cas.France-Australie : Galthié joue la carte de l’expérience (et de la puissance) dans sa compositionFrance-Australie : Galthié joue la carte de l’expérience (et de la puissance) dans sa composition

Défense, attaque, transition : les trois chantiers

La lucidité du sélectionneur met aussi en lumière la complexité du rugby moderne, où les systèmes doivent sans cesse s’adapter. L’exemple défensif est frappant : plaquages à deux mal exécutés, incompréhension sur les phases de contest, redistribution floue… autant de détails qui, à ce niveau, se paient cash.

Pas clair sur le plaquage à deux. Pas clair sur la manière dont on complète le plaquage aux jambes. Pas clair non plus sur la manière dont on sort de la zone de plaquage en roulant. Pas clair sur la manière dont on va attaquer le ballon, qui est libre ou pas, dans la zone de plaquage. Pas clair sur la redistribution non plus sur la largeur.

Même constat en attaque : une animation jugée trop fragile, encore loin de son pic de performance. Et un cycle naturel à assumer : il faut deux compétitions pour la faire mûrir, rappelle Galthié. Autrement dit, le prochain Tournoi sera le vrai juge. Ajoutez à cela le jeu de transition — ces fameuses phases de dépossession/repossession qui font désormais 50 % des matchs — et vous obtenez un puzzle où chaque pièce compte.

Il y a une quarantaine, voire une cinquantaine de jeux de repossession par match. Il faut se réorganiser comme si c’était une reconquête.

Le retour des fondamentaux, et une leçon d’humilité

Ce qui frappe dans ce discours, c’est la volonté de pédagogie. Galthié ne cherche pas d’excuses. Il explique. Il contextualise. Et surtout, il redescend les attentes à hauteur d’homme. Non, rien n’est acquis. Oui, il faut refaire les gammes. Même après six ans de travail.

C’est un éternel recommencement en sélection.

Un aveu rare, mais précieux. Qui rappelle que la réussite n’est jamais linéaire, surtout quand on jongle avec des dizaines de joueurs venus de 14 clubs, tous porteurs de cultures de jeu différentes.14 matchs, 3 défaites et fin de saison, l'Australie, l’adversaire parfait pour remettre du liant dans le jeu du XV de France ?14 matchs, 3 défaites et fin de saison, l'Australie, l’adversaire parfait pour remettre du liant dans le jeu du XV de France ?

Ce troisième match, un tournant déjà ?

Galthié le dit : malgré tout, il y a une base solide sur laquelle s’appuyer. Et des leaders qui sont bien présents et qui ont à coeur de montrer un visage bien plus conquérant. Le match face à l’Australie sera l’occasion d’évaluer si le groupe a su intégrer ces ajustements.

Il y a des chances qu'on soit plus homogènes sur ce troisième match.

Les attentes sont claires : discipline, continuité dans le jeu, précision défensive, animation offensive plus aboutie. La barre est haute, à la hauteur des objectifs, et les Bleus savent désormais où aller. Fabien Galthié a parlé sans filtre. Et c’est peut-être ce qu’il fallait pour relancer un XV de France en quête de certitudes. Un électrochoc verbal pour un rebond attendu. Rendez-vous ce week-end pour voir si les paroles se traduisent en actes.

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Au moins on est d accord sur le diagnostic, en revanche aucune explication sur l usure physique qui me semble quand même assez anormale et inquiétante pour des joueurs avec seulement 3 mois de compétition dans les jambes et qui explique en partie certains problèmes dans l animation (rucks lents car soutien en retard etc...). Ça n explique toutefois pas le manque d'animation autour de la charnière et de NTK en particulier qui fait que même avec des ballons rapides on a très peu de solutions. Je suis content également qu il parle des relances de jeu dans les couloirs mais notre jeu au pied de pression (qui n en est plus un car les adversaires se sont adaptés a cette option qui est devenu systématique) en bout de ligne ne relève t il pas plus d un choix stratégique plutôt que d'un défaut d organisation des joueurs?

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