Des chiffres qui donnent le vertige
61 essais en une année civile. Voilà le total stratosphérique compilé par Damian Penaud et Louis Bielle-Biarrey entre le 1er janvier et le 30 décembre 2025. Dans le détail, Penaud a inscrit 27 essais, dont 23 avec l’Union Bordeaux-Bègles toutes compétitions confondues, tandis que Bielle-Biarrey en a marqué 34, dont 10 sous le maillot du XV de France. À l’échelle mondiale, aucun autre duo d’ailiers du top 10 n’a fait mieux sur la période (et de loin). Des chiffres validés par leurs feuilles de match en Top 14, Champions Cup et sélection, qui confirment une domination statistique rare pour deux joueurs occupant les couloirs.
Un volume de matchs hors norme
Première explication, souvent sous-estimée : le temps de jeu. Penaud comme Bielle-Biarrey ont enchaîné les feuilles de match, parfois sans souffler. L’ailier bordelais a disputé quasiment tous les rendez-vous majeurs de l’UBB, du Top 14 aux phases finales européennes, pendant que LBB cumulait championnat, Coupe d’Europe et séquences internationales. Plus de matchs, c’est mécaniquement plus d’occasions. Mais réduire leurs 61 essais à une simple question de calendrier serait passer à côté de l’essentiel.
Une efficacité redoutable
Sur le terrain, leurs qualités ne sont forcément pas identiques, même s'ils possèdent tous les deux une grosse vitesse de pointe. Mais parfaitement complémentaires dans le rugby moderne. Penaud, c’est l’instinct pur : trajectoires parfois aléatoires, sens du timing dans les appels. Bielle-Biarrey, lui, incarne la vitesse et la fougue, avec une capacité rare à finir des coups joués à haute intensité. Leur autre point commun ? Une vista exceptionnelle, qui leur permet d’être toujours au bon endroit au bon moment. Ce n’est pas un hasard si beaucoup de leurs essais sont inscrits en bout de chaîne, après une séquence collective bien huilée.
C'est d'autant plus impressionnant que les joueurs évoluent dans le même club. Alors qu'il y a souvent un joueur prolifique dans une équipe, ici, les deux ailiers brillent presque à part égale. Ce qui en dit long sur le collectif bordelais et tricolore.
Le travail invisible des coéquipiers
C’est ici que la valeur ajoutée saute aux yeux. Aucun ailier, même de classe mondiale, ne marque 61 essais sans un travail collectif colossal. À Bordeaux, la qualité des lancements, la précision du jeu au pied offensif et la capacité des centres à fixer les défenseurs créent des espaces pour Penaud. En équipe de France, Bielle-Biarrey profite d’un système qui valorise la largeur, les renversements rapides et les un-contre-un. Derrière chaque essai, il y a une touche gagnée, un ruck nettoyé, une passe juste. Le duo est le visage visible d’un travail collectif beaucoup plus large.
Une supériorité qui dit quelque chose du rugby actuel
Cette domination statistique n’est pas anodine. Elle illustre l’évolution du jeu vers un rugby plus rapide, plus aéré, où les ailiers sont devenus des finisseurs centraux, et non plus de simples sprinteurs collés à la ligne. Penaud et Bielle-Biarrey participent au jeu, rentrent dans le trafic, proposent en soutien intérieur. Résultat : ils touchent plus de ballons, dans de meilleures conditions, et transforment un pourcentage très élevé de leurs occasions.
Ce que ça change pour leurs équipes et pour les Bleus
Pour l’UBB, avoir Penaud à ce niveau, c’est une assurance tous risques dans les matchs couperets. Pour le XV de France, l’émergence puis la confirmation de Bielle-Biarrey offrent une profondeur rare aux ailes. Cette concurrence tire tout le monde vers le haut et oblige les défenses adverses à adapter leurs plans. À l’échelle du Top 14 et du rugby international, ce duo fixe de nouveaux standards en matière de rendement offensif.
Une anomalie… ou un signe des temps ?
61 essais en un an, ce n’est pas qu’un record flatteur. C’est le symbole d’un rugby où le talent individuel, quand il est parfaitement intégré dans un collectif cohérent, peut produire des chiffres presque irréels. Penaud et Bielle-Biarrey ne sont pas seulement des finisseurs hors pair : ils sont le produit d’un jeu pensé pour les mettre dans les meilleures conditions. Et tant que ce contexte existera, leurs compteurs pourraient bien continuer à s’affoler.
