''Légendaire avant même qu’il soit joué'', l’access-match épique entre Biarritz et Bayonne raconté par François Vergnaud
François Vergnaud, le trois-quarts centre de Aurillac revient sur l'access-match entre Biarritz et Bayonne lors de la saison 2020-2021. ©axel.cphotos et Canal+
Il était titulaire face à Bayonne lors de ce match d’accession historique en juin 2021, il raconte au Rugbynistère son arrivée à Aurillac et ce moment de vie.

Dans une carrière, il existe des souvenirs que rien n’efface, pas même un changement d’horizon. Débarqué à Aurillac depuis quelques mois, François Vergnaud (28 ans) se replonge pour Le Rugbynistère dans cet access-match fou entre Biarritz et Bayonne lors de la saison 2020-2021. Ce samedi 12 juin 2021, le Stade Aguilera, plein à craquer, s’apprête à exulter après 100 minutes de jeu. Le Pays Basque avait retenu son souffle : Bayonne et Biarritz jouaient une place en Top 14.

Cette semaine-là, François Vergnaud ne l’oubliera jamais, ''C’était un match légendaire avant même qu’il soit joué, et avec le scénario final, ça l’est devenu d’autant plus''. Il n’avait que 23 ans lorsqu’il s’est retrouvé à jouer la montée en Top 14 avec Biarritz dans le plus beau des derbys de l’Hexagone face à Bayonne. Un scénario inimaginable pour celui qui devait se charger du 7ᵉ tir au but de son équipe, juste après un certain Steffon Armitage.

À Aurillac, François Vergnaud découvre un quotidien différent : un nouveau rôle, un effectif particulier, une ville et un climat qui lui sont étrangers. Mais malgré ce changement, le souvenir de ce derby fou reste intact. Chaque émotion de ce jour-là le suit encore, même si le trois-quarts centre s’évertue à se tourner vers l’avenir avec Aurillac aux côtés des jeunes talents qui l’entourent.

''C'est particulier dans ce club, ça parle anglais, ça parle hollandais, ça parle afrikaans''

François, passé du Pays Basques au Cantal n'est pas trop difficile ?

Oui, surtout que j’ai passé 7 ans à Biarritz, donc je m’étais un peu acclimaté. C’est sûr que c’est différent ici, il fait beaucoup plus froid, et je commence vraiment à le sentir ! Mais franchement, la région est sympa, les gens aussi. Mon intégration au club se passe bien, donc c’est plutôt positif.

Vous arrivez dans un contexte particulier avec notamment le barrage la saison dernière.

C’est sûr que j’arrive dans un club qui sort d’une saison très compliquée. Je fais partie de cette vague de recrutement qui a comme objectif d’éviter de revivre une année galère et de performer dans ce championnat qui devient de plus en plus compétitif.

La stratégie de recrutement est justement très particulière à Aurillac, avec 11 nationalités différentes...

C’est vrai que, quand je jouais contre cette équipe, il y avait vraiment toutes les nationalités possibles, avec beaucoup de jeunes joueurs. En arrivant ici, ça surprend un peu, les mecs sont JIFF, mais ça parle anglais, hollandais, sud-af, afrikaans… C’est assez marrant, mais c’est la culture de ce club, et cela fait sa force. Des joueurs venus des quatre coins du monde qui se retrouvent dans un petit village du Cantal, et qui donnent tout pour que le club continue d’exister et performe en Pro D2.

Ici ce ne sont pas les mêmes enjeux, est-ce que c'est une pression différente ?

Oui, sur le papier, c’est sûr, même si certaines années au B.O, c’était très chaud. Mais de toute façon, dans ce championnat, tu peux enchaîner trois victoires, et la vie est belle, tu joues le haut de tableau, puis enchaîner deux défaites et tout est remis en question. Pour le moment, c’est plutôt correct, on va dire, même s’il y a eu ce dernier match qui fait mal à la tête pour nous (défaite face à Aix 31-32, NDLR). Mais bon, la pression, qu’on soit en haut ou en bas, elle sera toujours là.

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"On se retrouve à l'aéroport, en train de se dire, putain, mais ça va vraiment arriver"

Avec Biarritz, tu as vécu l'accès-match le plus fou de l'histoire.

C’était un match légendaire avant même qu’il soit joué, et avec le scénario final, ça l’est devenu d’autant plus. On fait une bonne saison cette année-là, en terminant troisième, avec Perpignan et Vannes devant, qui surdominent la Pro D2. On entame ces phases finales avec des ambitions, mais sans vraiment s’avancer sur ce qu’on voulait faire. On gagne ce barrage contre Grenoble, puis arrive cette demi-finale à Vannes où, là encore, un scénario complètement dingue : on arrache la victoire à la fin (33-34 avec un essai transformé à la 80e, NDLR). On perd la finale contre Perpignan, et le soir même, il y a la dernière journée de Top 14. On regarde ça à l’aéroport, et on est quasiment certains que ça va être Pau…

Une fois de plus, rien ne se passe comme prévu...

Oui, car Pau marque à la dernière action, avec une passe au pied de Clovis Le Bail pour Matt Philip, le deuxième ligne australien. Ils obtiennent ce point de bonus, et passent 12e aux dépens de Bayonne. Finalement, on se retrouve à l’aéroport en train de se dire : « Putain, mais ça va vraiment arriver ».

Et là encore, un match fou, ou vous sortez vainqueur aux tirs aux buts.

Là, franchement, je ne sais pas quoi dire […] Ce sont des souvenirs gravés à vie, de l’avant-match à l’après-match. Cela avait été une semaine folle pour moi, car j’avais eu une saison pas évidente, mais j’ai eu la chance incroyable de faire toutes ces phases finales, et notamment d’aller jusqu’à ce match. Je me souviens d’Erik Lund, l’ancien deuxième ligne du B.O, grand, chauve et barbu, qui était venu faire une réunion en parlant un peu de la rivalité entre les deux clubs, de ce qu’il se passe pour ses gamins à l’école et de son expérience personnelle. Mais le discours des coachs, c’était que si la logique était respectée, si Bayonne faisait les choses correctement, ça allait être très compliqué de rivaliser. D’ailleurs, il y a des faits de match où c’est fou : ils ne prennent pas les 3 points à un moment, ils manquent des occasions faciles de scorer, il y a plein de petites erreurs de jugement comme ça.

Et pourtant vous vous retrouvez aux tirs aux buts, comment on se prépare ça ?

C’était complètement lunaire, parce que nous, sur le terrain, on n’avait jamais évoqué la possibilité d’un match nul. Donc Shaun Sowerby désigne les cinq buteurs, ceux qui sont le plus à l’aise au pied. Sauf qu’il en demande d’autres, et là, je vois Steff Armitage et Johnny Dyer lever la main… j’étais obligé de me porter volontaire aussi !

AMATEUR. TRANSFERT. L'énorme coup de ce club de Fédérale 1 qui s'offre Steffon ArmitageAMATEUR. TRANSFERT. L'énorme coup de ce club de Fédérale 1 qui s'offre Steffon Armitage

"Bon, là, c’est écrit, il n’y a aucun scénario où il rate"

Quand Steffon Armitage la passe, c'était un soulagement pour vous ?

Je voyais tout le monde réussir et je me disais : « Putain, mais ce n’est pas possible, ça ne va pas arriver jusqu’à moi, quand même ». Et donc, ouais, malheureusement pour lui, Aymeric Luc rate sa pénalité. On savait que c’était Steff juste après, et qu’il butait à l’entraînement, il était toujours avec Willie Du Plessis à se lancer des petits challenges. Et on se disait, bon, là, c’est écrit, il n’y a aucun scénario où il rate.

Est-ce le joueur le plus atypique avec qui tu as joué dans ta carrière ?

Oui, c'est un joueur avec une carrière légendaire. Ses années à Toulon, où il a été meilleur joueur d’Europe, tout ce qu’il a gagné et le joueur qu’il a été… Et puis ses années au B.O., avec ce match et cette pénalité, c’est vrai que c’est complètement fou pour ce joueur qui était évidemment différent.

Ce vécu, au contact de ce genre de joueur, il te permet d'aider les jeunes joueurs à Aurillac ?

J’intègre ce club pour qu’il se porte mieux que par le passé. C’est sûr que si on me demande mon avis, je le donnerai. Si je me sens légitime pour prendre davantage les choses en main à l’avenir, pourquoi pas, mais pour le moment, ce n’est pas encore le cas.

Malgré ça, il y a des jeunes joueurs qui t'inspirent dans ce collectif ?

Juun Pieters (24 ans), c’est vraiment un talent qui va faire carrière, et c’est tout ce que je lui souhaite. Il y a un bon petit vivier de joueurs qui sont amenés à faire carrière par la suite. Ce championnat de Pro D2 demande d’être performant très vite, très jeunes, mais dans un contexte comme celui d’Aurillac, ils ont plus de place pour se développer et peut-être moins de pression. Et ça, cela peut amener les joueurs à progresser à une vitesse folle. Il y a eu des exemples dans le passé, et il y a d’autres joueurs dans l’effectif qui pourraient suivre la même trajectoire.

Les deuxièmes lignes, Mehdi Slamani et Maël Perrin, âgés de seulement 21 ans et 23 ans par exemple ?

Oui, c’est vrai que je connaissais Maël de nom avant de venir, mais je n’avais pas réalisé qu’il était né en 2004. C’est là que je me suis dit que c’était plutôt très bien d’être performant, de jouer régulièrement et surtout dans ce championnat à son âge. Pareil pour Mehdi, il a un gros potentiel. Très puissant et aussi très mobile, c’est un guerrier. Il y a plein de joueurs comme ça à Aurillac qui sont amenés à progresser vraiment vite et qui, j’espère, apporteront de bonnes choses pour eux.

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