Joe Schmidt a tranché : pour affronter la France, l’Australie titularise Carter Gordon à l'ouverture. Une décision forte pour un joueur qui ne connaîtra là que sa 2e titularisation en 2025, lors du 15e match de l’année des Wallabies. Gordon, 9 sélections, a fait son retour dans le XV australien en octobre, moins de deux heures après l’annonce de son départ de la NRL et des Gold Coast Titans. Il formera la charnière avec Jake Gordon (36 sélections). Une charnière inédite pour un choc attendu dans cette tournée de novembre.
Le retour inattendu de Carter Gordon
En alignant Carter Gordon, Joe Schmidt réactive un joueur au potentiel certain, mais au parcours pour le moins cahoteux. Gordon, auteur de huit tests en 2023, avait créé la surprise en rejoignant la NRL et les Gold Coast Titans. Son passage dans le rugby à XIII fut express : freiné par une blessure à la colonne, il n’a joué que lors de la 27e journée. Libéré après un accord financier entre les différentes parties, il était rappelé en sélection. Un come-back éclair qui interroge sur la stratégie australienne.
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C’est surtout le choix de l’ouverture qui cristallise les tensions. Carter Gordon est déjà le 5e ouvreur différent titularisé cette année. Tom Lynagh, James O’Connor, Tane Edmed et Noah Lolesio ont tour à tour porté le n°10. Un turn-over à ce poste si névralgique est rare à ce niveau, surtout quand la France, par exemple, s’inscrit dans une logique de continuité avec Romain Ntamack, malgré les critiques.
"On a quatre demis d'ouverture qu'on a utilisés ces deux dernières années, mais en attendant de trouver une solution, quelle est-elle ? Faire venir Damian McKenzie ? Je ne sais pas comment on va régler ça."
Le choix risqué de Carter Gordon
Ce choix de Carter Gordon est à double tranchant. D’abord pour le joueur lui-même, qui joue gros dans ce test contre la France. Il devra prouver que sa polyvalence entre rugby à XV et à XIII peut être un atout, pas un frein. Sa gestion du tempo, son jeu au pied et sa capacité à jouer dans le dos de la défense tricolore seront scrutés.
Cette titularisation est aussi une piqûre de rappel pour les jeunes ouvreurs australiens : le costume de stratège est disponible, mais difficile à endosser durablement. Les performances de Gordon pourraient conditionner les choix futurs de Schmidt pour 2026 et la prochaine Coupe du Monde. Sans un vrai ouvreur, l'Australie pourrait avoir toutes les peines du monde à domicile en 2027.
Une performance scrutée de près
Pour les Wallabies, ce match pourrait être le moment d’un déclic. Ou, au contraire, un nouveau signe d’instabilité chronique à un poste clé. Face à une équipe de France déterminée à montrer sa solidité dans son organisation défensive et qui pourrait le cibler en raison de sa faible expérience et temps de jeu, Gordon n’aura pas le droit à l’erreur. En effet, pour le XV de France, c’est une opportunité : exploiter le manque d’automatisme d’une charnière inédite pourrait être un levier tactique.
Pour l'épauler, le choix de Jake Gordon à la mêlée est logique : expérimenté, rapide à l’envoi, il pourra soulager Carter Gordon sur certaines phases de lancement. Mais à ce niveau, une charnière sans automatismes face à un adversaire rodé, c’est un pari risqué. Joe Schmidt devra espérer que le talent naturel de Gordon compense le manque de temps de jeu récent. Et qu’une prestation convaincante à Paris relance la dynamique australienne. Sinon, le chantier du n°10 restera l’éternel serpent de mer des Wallabies.
Deux philosophies en confrontation
Côté français, là où Gordon est la 5e option d’un sélectionneur en quête d’équilibre, Ntamack reste la pierre angulaire des Bleus. Malgré des débats autour de son rendement, Fabien Galthié et son staff lui maintiennent une confiance inébranlable. Un choix assumé qui garantit une continuité dans les schémas de jeu.
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Cette stabilité est un atout : l’entente avec les autres Toulousains, la compréhension des temps forts/faibles, la vision de jeu au pied, tout cela ne s’improvise pas. Face à un Gordon en réadaptation, Ntamack pourrait faire parler son expérience, son impact physique et son talent. Ce pourrait être le match dont avait aussi besoin le Toulousain pour retrouver ses sensations.
En somme, Carter Gordon est face à un double défi : réussir son retour et stabiliser un poste devenu le talon d’Achille de l’Australie. Romain Ntamack, lui, incarne une autre philosophie : celle de la continuité, de la confiance long terme. Deux visions qui s’affrontent samedi, et peut-être deux destinées qui se croisent.

Amis à Laporte
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172593 pointsAu moins Joe Schmidt n'a pas à donner d'excuses de ne pas avoir sélectionné Jalibert... 😉