TOP 14. Toulouse-Castres, et si le derby d’Occitanie n'était qu'un mensonge ?
Du Tarn à la Haute-Garonne, cette histoire de Derby ST contre CO ne serait-elle qu'une invention ?
Ce week-end, les formations toulousaines et castraises vont s’affronter. Une odeur de derby semble flotter dans l’air, à moins que…

Un choc de titans. C’est comme ça que l’on voit désormais les rencontres entre le Stade Toulousain et le Castres Olympique. Samedi 23 octobre à 21h, l’attente, quelque peu dissimulée derrière l’arrivée de la période internationale, semble justifiée sportivement. Les deux formations pointent chacune à seulement 6 défaites en championnat depuis le début de l’année civile 2021. Personne ne fait mieux en Top 14. Cependant, résumer l’affrontement entre les Hauts-Garonnais et les Tarnais à un simple duel de formation en forme demanderait de volontairement masquer une partie de la vérité. Ce que les supporters des deux clans, les amateurs de rugby et les médias aiment, c’est la notion de derby entre les deux camps. Mais cette appellation ne serait-elle pas désuète dans le cas de cet affrontement précis ?INTERVIEW. Albert Cigagna : ''Si tu veux être champion de France, il faut jouer avec la même mentalité à chaque match''INTERVIEW. Albert Cigagna : ''Si tu veux être champion de France, il faut jouer avec la même mentalité à chaque match''“Je pense que les joueurs se focalisent juste sur le fait de gagner et pas sur une soi-disant rivalité. Et ça peu importe dans quels clubs ils jouent.” À travers cette phrase, l’emblématique Albert Cigagna était revenu, la saison dernière, pour nous sur l’idée de derby. La carrière de “Matabiau” fait surtout penser au rouge et noir, mais il ne faut pas oublier que l’ancien troisième ligne a aussi joué quelques matchs du côté de Castres. Si “tous les matchs comptent”, cela ne veut pas dire pour autant qu’ils n’existent pas une tension entre supporters. Pour rappel, Pierre-Yves Revol et Didier Lacroix avaient dû faire une conférence de presse en 2019 pour calmer le jeu entre certains passionnés un peu trop sulfureux. Le président du club de la ville rose disait à ce moment : “On veut que les Toulousains puissent se déplacer à Castres et que les Castrais puissent se déplacer à Toulouse pour passer un bon moment et voir gagner leur équipe.[...] C’est l’habitude dans notre sport, il faut revenir à un esprit rugby. Nous ne voulons pas suivre l’exemple du monde du foot.”

Un derby créé de toute pièce ?

Albert Cigagna était également revenu sur l’éventualité de la création de ce derby. Il disait : “C’est quelque chose que les médias utilisent pour créer un évènement. Ça se voit avec l’invention de nouvelles affiches. On parle du derby de la Garonne entre Agen et Toulouse et du Classico entre le Stade Français et le Stade Toulousain.” Et en effet, les affiches récentes semblent être éloignées des classiques d’antan. Bien que les enceintes du Stade Toulousain et du Castres Olympique soient proches, des rivaux se sont bien souvent retrouvés à des distances encore moins importantes.

Seulement 63 kilomètres séparent Castres et Toulouse.

Le Tarn, par exemple, est un département riche en grands clubs. Si le CO en est la figure de proue, le SC Albi évoluait encore en Top 14 il y a un peu plus d’une dizaine d’années. Quelques décennies avant, c’était l’US Carmaux qui décrochait le Graal en 1951 en devenant championne de France. Ils reprennent par ailleurs le trophée au Castres Olympique. Le bouclier restant dans le Tarn durant trois années grâce aux deux formations. Du côté de la Haute-Garonne, Toulouse et Colomiers sont deux communes adjacentes. Bien que la seconde évolue aujourd’hui en Pro D2, les deux formations étaient des cadors du championnat entre la fin des années 90 et le début des années 2000. Durant la saison 1996-1997, elles s’étaient notamment affrontées dans un quart de finale dont les Toulousains ressortiront vainqueurs. Autant dire que la proximité entre les deux écuries, actuellement en Top 14, n’est pas historiquement marquante.Top 14. Les réseaux sociaux s'enflamment pour le derby Castres vs ToulouseTop 14. Les réseaux sociaux s'enflamment pour le derby Castres vs ToulousePar ailleurs, la distance les séparant n’est pas si significatrice pour une région où bon nombre de grands clubs se croisent. Pour donner une idée, l’éloignement entre deux cités qui se sont côtoyées dans l’élite comme Albi et Montauban est sensiblement le même que celui qui sépare Toulouse et Castres. De la même manière, Carcassone et Béziers qui évoluent tous deux en Pro D2 sont encore plus rapprochés. Pourtant vendre à outrance cette affiche à travers l’idée d’un derby semblerait sûrement exagérer pour beaucoup.

Une rivalité dans le jeu ?

Si la tension entre les deux formations ne peut pas être expliquée par l’idée d’un derby historique, elle s’explique peut-être autre part. Dans un article de France 24, l’historien du sport Serge Lemaire confie que : “Le Stade toulousain a traditionnellement un jeu fait de mouvement, d'évitement, de vitesse. Celui des Castrais est plus basé sur les fondamentaux, le combat, la vaillance.”  Il explique aussi que le CO s’est toujours identifié à l’image d’un Petit Poucet. Un club d’une commune plus modeste qui, avec tout son courage, n’hésite pas à affronter les cadors du championnat dont le Stade Toulousain fait logiquement partie.Top 14. Intraitable depuis janvier, jusqu'où ira le Castres Olympique ?Top 14. Intraitable depuis janvier, jusqu'où ira le Castres Olympique ?La rivalité entre les deux formations existerait-elle donc bien ? Dans ce cas-là, la notion de derby devrait être remplacée par celle d’une rivalité entre deux philosophies de jeu distinctes. Elle serait faite pour “inverser la pression” selon Grégory Andrès, auteur du livre “La magie du CO”. Ce dernier qui désigne Castres comme un club aimant se mettre dans la peau d’un “petit” détaille sa vision du club tarnais : “Si on perd, c'est normal. Si on gagne, c'est un exploit. Alors que le CO, quoi qu'on en dise, reste un grand club.” Le lien entre les Toulousains et Castrais serait donc le résultat d’une fable rugbystique créée par la vision devenue désormais habituelle d’un duel de David contre Goliath. Une hypothèse qui s’accorde avec la longévité des deux clubs. Ils font partie du cercle très fermé des formations à n’avoir jamais connu la relégation depuis l’arrivée du professionnalisme. Un privilège rare qui aide visiblement à créer quelques histoires passionnantes et dont le prochain chapitre sera à feuilleter ce samedi 23 octobre 2021.

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  • Pianto
    54729 points
  • il y a 2 ans

relisez-vous à la rédac !
Vous avez fait de nombreuses fois les mêmes fautes à "Aveyron" en l'écrivant T-A-R-N.

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