TOP 14. RUGBY. Commotions : ce que les joueurs vivent (vraiment) pendant le protocole
Dix mots à retenir, des chiffres à répéter à l’envers, des questions pièges. C’est ça, le protocole commotion. crédit photo : screenshot TF1
Le protocole commotion est devenu un passage obligé du rugby professionnel. Mais que cache-t-il vraiment ? Comment se déroule-t-il ?

Les images sont connues. Un joueur s’effondre, se relève en titubant, puis sort quelques minutes pour passer un protocole commotion. Mais derrière ces scènes de match, c’est tout un processus encadré par World Rugby qui se met en place. Un processus exigeant aux enjeux de plus en plus importants.

12 minutes pour convaincre

Le premier test, c’est le HIA1. Une évaluation sur le moment, souvent dans le vestiaire ou en bord de terrain, avec un chronomètre en main. En 12 minutes, le joueur doit répondre à une batterie de questions et de tests cognitifs et moteurs. Objectif : déterminer s’il est en état de rejouer ou s’il doit être définitivement sorti.

Le protocole commence par des mots simples : une liste de dix termes, dits à raison d’un par seconde, que le joueur doit répéter plusieurs fois. C’est la mémoire immédiate. Puis viennent les fameuses questions : "Contre qui on joue ?", "Quelle mi-temps ?", "Qui a marqué en dernier ?". Simple ? Pas quand on vient de se prendre un caramel plein fer.

Test d’équilibre et chiffres à l’envers

Suit un test d’attention : des séries de chiffres à répéter… à l’envers. Plus les chiffres sont nombreux, plus l’exercice devient piégeux. Puis le joueur doit tenir 20 secondes en équilibre, en tandem puis sur un pied. Toute déviation, tout déséquilibre est noté.

Enfin, retour à la mémoire : le joueur doit rappeler les dix mots initiaux, cinq minutes plus tard. Entre-temps, il doit aussi lire une liste de symptômes potentiels et identifier ce qu’il ressent. Une vraie épreuve de lucidité.

Un protocole, des limites

Le tout est ensuite évalué par un médecin indépendant, ou celui de l’équipe, qui prend la décision finale. Et c’est là que commencent les débats. Car les résultats ne sont pas toujours clairs, et les données de référence varient selon les individus.

Pire : certains symptômes peuvent apparaître plusieurs heures après le choc. C’est pour ça que les protocoles continuent après le match, sur plusieurs jours, avec les étapes HIA2 et HIA3. Pourtant, malgré ces précautions, certains cas passent à travers les mailles.

Et après ? Un flou médical et juridique

C’est toute la difficulté : à court terme, on peut détecter une commotion. Mais à long terme, les conséquences sont encore incertaines. Des joueurs comme Steve Thompson, Carl Hayman ou Jamie Cudmore ont attaqué en justice les instances pour négligence. En Angleterre, une « class action » regroupe déjà 475 athlètes.

En France, pas (encore) de mouvement collectif. Mais des cas existent. Alexandre Lapandry a poursuivi Clermont. Jamie Cudmore aussi. Et certains médecins, comme le neurochirurgien David Brauge, restent prudents : "Il n’existe aucun moyen de diagnostiquer une encéphalopathie chronique traumatique chez un vivant. Tout se joue après l’autopsie." (Sud Ouest)

La prévention progresse, mais…

Des capteurs dans les protège-dents, des vidéos ralenties, peut-être bientôt de l’IA : les outils évoluent. Le rugby n’a jamais autant investi dans la prévention. Mais la réalité du terrain reste dure. Parfois, la lucidité d’un joueur est la dernière barrière. Et dans un sport où l’on apprend à serrer les dents, ce n’est pas toujours la plus fiable.

Le protocole commotion a changé le rugby moderne. Il a sauvé des joueurs, mais il ne les protège pas tous. Entre responsabilité médicale, pression des clubs et incertitudes scientifiques, la lutte contre les commotions reste un enjeu à part.

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  • Papatch
    10295 points
  • il y a 13 heures

Est ce que " abaisser la zone de placage au niveau taille" à permis d'avoir une incidence statistique sur le nombre commotions dans les catégories inférieures? Peut on en tirer des conclusions pour appliquer cette règle en rugby pro? Il serait utile d'avoir des publications sérieuse sur cette question et pas que des impressions. Je serai très curieux de lire un rapport de la commission médicale sur le sujet.

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