Les images sont connues. Un joueur s’effondre, se relève en titubant, puis sort quelques minutes pour passer un protocole commotion. Mais derrière ces scènes de match, c’est tout un processus encadré par World Rugby qui se met en place. Un processus exigeant aux enjeux de plus en plus importants.
12 minutes pour convaincre
Le premier test, c’est le HIA1. Une évaluation sur le moment, souvent dans le vestiaire ou en bord de terrain, avec un chronomètre en main. En 12 minutes, le joueur doit répondre à une batterie de questions et de tests cognitifs et moteurs. Objectif : déterminer s’il est en état de rejouer ou s’il doit être définitivement sorti.
Le protocole commence par des mots simples : une liste de dix termes, dits à raison d’un par seconde, que le joueur doit répéter plusieurs fois. C’est la mémoire immédiate. Puis viennent les fameuses questions : "Contre qui on joue ?", "Quelle mi-temps ?", "Qui a marqué en dernier ?". Simple ? Pas quand on vient de se prendre un caramel plein fer.
Test d’équilibre et chiffres à l’envers
Suit un test d’attention : des séries de chiffres à répéter… à l’envers. Plus les chiffres sont nombreux, plus l’exercice devient piégeux. Puis le joueur doit tenir 20 secondes en équilibre, en tandem puis sur un pied. Toute déviation, tout déséquilibre est noté.
Devant le rugby ce soir (c’est rare) sachez que sur cette action il n’y a eu qu’un carton jaune, pas de protocole commotion non plus… choquant
Et si il n’y avait que ça à dire sur cette mi-temps…#BATLOU
pic.twitter.com/PWzvm7yoCl— Picarsën (@picarsen) May 23, 2025
Enfin, retour à la mémoire : le joueur doit rappeler les dix mots initiaux, cinq minutes plus tard. Entre-temps, il doit aussi lire une liste de symptômes potentiels et identifier ce qu’il ressent. Une vraie épreuve de lucidité.
Un protocole, des limites
Le tout est ensuite évalué par un médecin indépendant, ou celui de l’équipe, qui prend la décision finale. Et c’est là que commencent les débats. Car les résultats ne sont pas toujours clairs, et les données de référence varient selon les individus.
Pire : certains symptômes peuvent apparaître plusieurs heures après le choc. C’est pour ça que les protocoles continuent après le match, sur plusieurs jours, avec les étapes HIA2 et HIA3. Pourtant, malgré ces précautions, certains cas passent à travers les mailles.
𝗡𝗶𝗻𝗶 𝗮 𝘂𝗻 𝗺𝗲𝘀𝘀𝗮𝗴𝗲 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝘃𝗼𝘂𝘀 💌
— LOU Rugby (@LeLOURugby) March 29, 2025
Des nouvelles rassurantes de notre Georgien ! 😃
Davit a pu quitter l’hôpital après avoir répondu positivement aux tests et rejoint Lyon avec le groupe. Il suivra le protocole commotion suite à son choc 🤕 pic.twitter.com/rONE8T8RgD
Et après ? Un flou médical et juridique
C’est toute la difficulté : à court terme, on peut détecter une commotion. Mais à long terme, les conséquences sont encore incertaines. Des joueurs comme Steve Thompson, Carl Hayman ou Jamie Cudmore ont attaqué en justice les instances pour négligence. En Angleterre, une « class action » regroupe déjà 475 athlètes.
En France, pas (encore) de mouvement collectif. Mais des cas existent. Alexandre Lapandry a poursuivi Clermont. Jamie Cudmore aussi. Et certains médecins, comme le neurochirurgien David Brauge, restent prudents : "Il n’existe aucun moyen de diagnostiquer une encéphalopathie chronique traumatique chez un vivant. Tout se joue après l’autopsie." (Sud Ouest)
La prévention progresse, mais…
Des capteurs dans les protège-dents, des vidéos ralenties, peut-être bientôt de l’IA : les outils évoluent. Le rugby n’a jamais autant investi dans la prévention. Mais la réalité du terrain reste dure. Parfois, la lucidité d’un joueur est la dernière barrière. Et dans un sport où l’on apprend à serrer les dents, ce n’est pas toujours la plus fiable.
Protocole commotion dans les années 50 pic.twitter.com/L0lvxCJ1CL
— Perdants magnifiques (@TousPoulidor) March 9, 2025
Le protocole commotion a changé le rugby moderne. Il a sauvé des joueurs, mais il ne les protège pas tous. Entre responsabilité médicale, pression des clubs et incertitudes scientifiques, la lutte contre les commotions reste un enjeu à part.
Papatch
Est ce que " abaisser la zone de placage au niveau taille" à permis d'avoir une incidence statistique sur le nombre commotions dans les catégories inférieures? Peut on en tirer des conclusions pour appliquer cette règle en rugby pro? Il serait utile d'avoir des publications sérieuse sur cette question et pas que des impressions. Je serai très curieux de lire un rapport de la commission médicale sur le sujet.
doudoutartine
Je suis régulièrement partisan du "c'était mieux avant" ! (dans beaucoup de domaines. . .)
Mais là, la photo du protocole commotion "années 50", il faut reconnaître que ça pique carrément ! !
Ceci dit, comment faire pour se débarrasser de ce fléau ? . . . A part le rugby "à toucher", je ne vois pas vraiment de solution fiable à 100 % (ou presque) ! ?
Mais que ça n'empêche pas nos instances dirigeantes (et pensantes !) de continuer à chercher !
AKA
@jujudethil J'adore l'arbitre, béret basque visé sur la tête attendant de reprendre le jeu par une mêlée qui va sûrement se "relever", et un protocole commotion pour le talonneur!!! Tiens quelques images du bon vieux temps: https://www.youtube.com/watch?v=K6R6AT_rqlY
jujudethil
Tous les Ancien le savent, avant les mêlés ne s’écoulaient pas, si tu étais soupçonné d’avoir écroulé la mélée ,à la suivante, tu prenais un coup de crampons dans la tronche.
jujudethil
Protocole commotion dans les années 50
Oh putain… 😳