Quel est le lien entre Ville-di-Paraso - ce petit village corse à flanc de falaise et niché dans les hauteurs de la Balagne - et la grande Toulouse ? A priori aucun. Pourtant, un jeune rugbyman contribue à tisser des liens entre le pont romain de l’entrée de son fief de 120 âmes, et la ville rose.
Thomas Agati, solide pilier gauche (1m80 pour 115kg) à l’accent (encore) prononcé, fut en effet recruté par le Stade Toulousain à ses 15 ans, alors qu’il n’avait jamais rien connu d’autre que la balle ovale au CRAB XV de Lumio, petit club de l’aire urbaine de Calvi, situé au nord-ouest de l’île de Beauté.
J’avais fait les sélections corses à plusieurs reprises, qui nous permettaient d’affronter de belles équipes du continent. Je me montrais plutôt à mon avantage et un jour, je vais voir l’un de mes entraîneurs (Sam Lacombe) en lui demandant comment je pourrais faire si un jour je voulais jouer au rugby au niveau professionnel.
Le jeune corse de poursuivre : "Il s’est avéré qu’il avait des relations avec le Stade Toulousain depuis très longtemps (référent de la catégorie Espoirs désormais) et qu’il m’a montré le chemin pour aller passer des tests afin d’intégrer les catégories jeunes du club. Peu de temps après, je quittais mon village et décollais pour Toulouse. Pour moi qui venait de mon village à 40 minutes de la première ville corse, l’arrivée à Toulouse fut un choc. J’étais jeune, je n’avais jamais connu la ville, j’étais loin de chez moi. Heureusement, il y avait le rugby."
Une rareté extrême dans le rugby français
Si l’on vous parle de lui aujourd’hui, c’est que Thomas Agati fait figure de véritable exception dans le rugby français. Car si l’on compte bien quelques insulaires qui, chaque année, déboulent à Marseille, Paris ou Nice - pour leurs études ou d’avantages d’opportunités professionnelles - et viennent garnir certains clubs amateurs continentaux, le pilier de 21 ans demeure à ce jour le seul rugbyman corse à évoluer au sein de l’univers professionnel.
Les talonneurs Vincent Giudicelli (Bayonne) et Pierre Colonna (Castres) ont bien des racines familiales en Corse, quand d’autres noms à consonances brocciu/figatellu sont familiers du rugby français. Mais le gaucher de l’US Carcassonne est le seul à être né et à avoir grandi sur l’île méditerranéenne. Chose que l’entretien téléphonique n’a pas trahi, laissant rapidement deviner un accent tonique flottant et une identité linguistique forte plutôt rare, dans l’univers rugbystique…
Il faut dire que depuis le passage au professionnalisme, seul le RCT a donné l’opportunité d’évoluer chez les grands à des joueurs corses. Il y a quelques années, l’ailier Simon Moretti (né à Toulon mais qui a grandi sur l’île) connut une poignée d’apparitions en Top 14, quand les plus anciens se souviendront peut-être de Benjamin Bastères, ce Bastiais qui contribua à caler la mêlée varoise en ProD2 comme en Top 14, dans les années 2000.
Bref, des opportunités très rares pour ces rugbymen issus d’une terre relativement isolée et qui ne vit historiquement que pour le foot, malgré des valeurs sociétales proches de celle de la balle ovale.
Cyril Baille, ce mentor
Quant à Agati, dont on vous parlait avant de se perdre dans l’historique des rugbymen de haut-niveau en Corse, voilà donc un pilier qui a découvert la ProD2 cette saison. En l’occurrence chez le promu qu’est l’US Carcassonne, où il est arrivé en prêt depuis Toulouse l’an dernier après avoir fait ses gammes avec le club rouge et noir. Et glané des titres de champion de France Crabos et Espoirs avec ses compères générationnels que sont les Mathis Castro-Ferreira, Thomas Lacombre et consorts.
Pour l’heure, après 12 journées, le Balanin a pris part à 4 rencontres dans l’antichambre du Top 14, dont 1 titularisation sur la pelouse de Grenoble. Une fierté pour ce pilier qui, au-delà de la mêlée, aime aussi beaucoup le ballon "grâce à l’école toulousaine". Mais qui en veut malgré tout beaucoup plus. "Quand tu y as goûté une fois… Mais cela passe beaucoup de travail, de patience et de résilience." Choses que lui a - entre autres - apprises Cyril Baille, son mentor à Ernest-Wallon.
Cyril m’a pris sous son aile. On connaissait du monde en commun en Corse, où il vient régulièrement. Quand il a appris que je débarquais à Toulouse (en 2019) alors que j’étais tout jeune, il est rapidement venu à ma rencontre et m’a beaucoup conseillé. C’était top pour moi, d’autant qu’on joue au même poste. Il a continué de me suivre et nous sommes devenus amis. Il m’a aussi permis de rencontrer certains avants du Stade Toulousain, avec qui j’ai pu faire quelques sorties. À Toulouse, c’est devenu comme un grand frère pour moi et je le remercie beaucoup.
S'installer durablement dans le rugby pro
Quid de la suite pour ce jeune garçon "très attaché" à ses racines, même si sa vie s’établit aujourd’hui dans le sud-ouest ? "Après mes doubles licences avec le Toec-Toac (Fédérale 1) puis à Carcassonne, j’ai signé mon premier contrat Espoir de 2 ans avec le club et fait la découverte du vrai rugby professionnel cette saison. J’ai jusqu’en 2027 pour progresser, prouver ce que je vaux et décrocher mon premier contrat pro."
J’ai rencontré ma copine dans le Sud-Ouest, je m’y plais et je sais que mon avenir est amené à s’écrire ici si je veux aller le plus loin possible dans le monde du rugby. Et puis, quand la Corse me manque trop, je peux toujours prendre un avion et aller me ressourcer au village pendant mes vacances (rires).
Première étape face à Vannes, leader de ProD2, ce vendredi. Alors "forza è honore", comme on dit chez toi…




Jak3192
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90465 pointsSympa l'article 😊
Voila donc une terre ... "française" 🤭(avec un petit "f" 🤭bis) qui n'est pas encore atteinte de la rugbymania.
Mais que fait FG Président ?
😅
Rugbyphile
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7964 points"malgré des valeurs societales proche de celles de la balle ovale"?
Chandelle 72
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38464 pointsDixit Pasqua ou Laporte ?