TOP 14. Du rugby à 7 à Castres : l’histoire de la tornade fidjienne Josaia Raisuqe
Hommage à Josaia Raisuqe, joueur emblématique et joyeux du rugby français, tragiquement disparu à 30 ans. crédit photo : screenshot Canal +
Il jouait comme il vivait : avec panache, parfois à l’excès. La disparition brutale de Josaia Raisuqe laisse un vide immense dans le rugby français, qui perd là un de ses personnages les plus attachants.

Il avait la carrure d’un déménageur et l’âme d’un gamin qui ne voulait pas grandir. Josaia Raisuqe, ailier fidjien formé à la rudesse du rugby à 7, est mort tragiquement jeudi matin à l’âge de 30 ans, fauché par un train alors qu’il était au volant de sa voiture, à deux pas du centre d’entraînement de Castres. Et c’est tout un monde, celui du rugby français, qui est en deuil.

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Un rayon de soleil dans tous les vestiaires

Ceux qui l’ont croisé dans un vestiaire ne parlent pas en premier lieu de ses 152 matchs professionnels, de ses 49 essais ou de son titre de vice-champion olympique. Non, ils évoquent d’abord le sourire. Celui qu’il portait comme une seconde peau, même quand il ne jouait pas. Celui qui illuminait les lendemains de défaite ou les jours de galère.

À Castres, à Nevers ou plus tôt au Stade Français, il laissait partout cette empreinte de joie et d’innocence. "C’était un gosse dans sa tête", disait Xavier Péméja, son coach à Nevers (Midi Olympique). "La vie était un jeu, et lui, il jouait."

Fantaisiste sur le terrain, fantasque en dehors

C’est ce même esprit qui l’a poussé, un soir de janvier 2021 à Béziers, à soulever un arbitre comme un trophée. Pas par provocation, mais par instinct, parce qu’il était heureux et que l’arbitre était là. Une suspension plus tard, Raisuqe n’en avait pas perdu son insouciance. Il était comme ça. Capable de retourner un match sur un coup d’éclat, ou de sortir de sa concentration sur un coup de sang.

Car le Fidjien traînait aussi une part d’ombre. Son licenciement du Stade Français en 2017, pour une agression sexuelle alors qu’il était ivre, l’avait précipité dans un trou noir. Condamné à six mois de prison avec sursis, il avait cru sa carrière finie. C’est Nevers qui lui tend la main, et lui redonne une chance. Il ne l’oubliera jamais.

Une trajectoire atypique jusqu’au bout

Installé à Castres depuis 2021, Raisuqe était devenu un pilier de la communauté fidjienne du Tarn. Il y avait trouvé une forme d’apaisement. Il avait même été repositionné en troisième ligne par Pierre-Henry Broncan, séduit par sa densité physique et son goût du combat. "C’est bien qu’il soit dans le cœur du jeu", confiait-il. Raisuqe, lui, acceptait tout. Il voulait jouer, encore et toujours.

Il s’apprêtait à rejoindre Brive cet été, pour deux nouvelles saisons. Un dernier défi, un nouveau vestiaire à faire (sou)rire. Il n’en aura pas eu le temps. Sa fin est aussi brutale que le personnage pouvait l’être parfois sur un terrain. Elle ressemble pourtant à sa trajectoire : imprévisible, marquante, hors des cadres.

Un hommage à la hauteur de l’homme

Ce samedi matin, tout Castres va se réunir au stade Pierre-Fabre pour lui rendre hommage. Supporters, coéquipiers, dirigeants, anonymes. Parce qu’au-delà du joueur, c’est une personnalité entière, généreuse et profondément humaine qui s’en est allée.

Il y aura toujours débat sur ce qu’était Raisuqe : ailier ou flanker ? enfant ou adulte ? Un joueur génial ou trop instable ? Mais tous s’accorderont sur une chose : c’était un personnage. Un de ceux que le rugby n’oublie jamais.

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