OPINION. Après sa victoire sur l'Italie, la Géorgie doit-elle (enfin) intégrer le Tournoi des 6 Nations ?
Davit Niniashvili et ses percées "Capuozzesque" face à l'Italie ont rendu le peuple géorgien fier comme jamais.
Forte de sa victoire 28 à 19 sur l'Italie il y a 3 semaines, la Géorgie a plus que jamais renforcé le débat autour de son intégration au 6 Nations.

C'est un débat que l'on croirait vieux comme le monde. Pourtant, cela fait seulement quelques années que les discussions qui entourent conjointement l'Italie et la Géorgie émergent, quand bien même elles ont pris du galon ces 3 dernières saisons. Il faut dire que les 7 années de disette de la Squadra ont appuyé la cause qui réclame qu'un barrage entre le dernier du Tournoi des 6 Nations et le vainqueur du dit "Tournoi B" soit mis en place. Et il est vrai que si les puristes le balayent d'un revers de main au nom des traditions, ils ne peuvent pas ignorer non plus les performances de la Géorgie, vainqueur de tous les Rugby Europe Championship depuis 15 ans, exception faite de 2017, où la Roumanie lui avait coupé l'herbe sous le pied à la dernière minute de l'ultime journée.

VIDÉO. HISTORIQUE ! Grâce notamment à un Niniashvili des grands soirs, la Géorgie bat l'ItalieVIDÉO. HISTORIQUE ! Grâce notamment à un Niniashvili des grands soirs, la Géorgie bat l'Italie

Et alors que cela fait plusieurs saisons que de nombreux observateurs attendaient une confrontation directe entre l'équipe qui a enregistré 36 défaites consécutives dans le Tournoi et celle qui survole son antichambre, ils ont enfin eu la réponse. Le 10 juillet dernier, à Batumi, sur les bords de la mer Noire, les Lelos se sont imposés 28 à 19 face aux Azurris. Et sans trembler, s'il-vous-plaît. Après un début de match canon, une seconde période maîtrisée et surtout le talent de l'inévitable Davit Niniashvili - auteur de 2 percées exceptionnelles - les Géorgiens se sont imposés devant un écrin flambant neuf dans un état second. Une fête exceptionnelle pour le rugby du Caucase, à laquelle est même venu se mêler la légende Mamuka Gorgodze, après le coup de sifllet de final.

"Le match contre l’Italie était super important car il nous a permis de battre pour la première fois une grande nation du rugby, laquelle avait d’ailleurs battu le pays de Galles pendant le Tournoi des 6 Nations (21-22), explique pour Rugbyrama l'ancien toulonnais de 38 ans. […] Cette rencontre, c’était un truc de dingue, il y avait 20 000 personnes au stade et une ambiance extraordinaire… Les gens adorent les Lelos, ici. Le rugby devient de plus en plus populaire en Géorgie." Mieux et comme aperçu depuis l'après Mondial 2019 pour ceux qui suivent le Rugby Europe Championship régulièrement, cette perle du Caucase n'est plus qu'une nation de piliers. Enfin les 3/4 affluent dans les meilleurs championnats d'Europe et l'éclosion des Kveseladze à Gloucester ou des Lobzhanidze et Abzhandadze à Brive en est l'exemple même. L'émergence de Davit Niniashvili, elle, est une aubaine pour la sélection et lui offre pour la première fois de son histoire un 3/4 qui peut aspirer à devenir un top joueur au niveau mondial. Un garçon qui, avec l'équipe nationale, passe son temps à débloquer les situations et offre d'autres perspectives à une équipe souvent raillée pour la faiblesse de sa ligne d'attaque. 

VIDÉO. Le moment saisissant où Niniashvili a renvoyé les 120 kilos d'Etzebeth sur la Rade !VIDÉO. Le moment saisissant où Niniashvili a renvoyé les 120 kilos d'Etzebeth sur la Rade !

Dans le même sens, les Lelos possèdent aussi une certaine profondeur de banc à des postes clés désormais. Notamment à la mêlée, ou Gela Aprasidze est un véritable dynamiteur à chaque fois qu'il entre en jeu, et offre aussi à la Géorgie un artilleur longue distance que nombre de nations pourraient lui envier. De même que l'ailier Akaki Tabutsadze est un finisseur qui serait loin d'être ridicule en Top 14. "Les choses changent, dans notre rugby, poursuit Gorgodze. En novembre dernier, les Français ont d’ailleurs pu le constater puisqu’ils ont été accrochés jusqu’au bout à Bordeaux. Mais l’arbitre n’a pas été très gentil avec nous ce jour-là et le score n’aurait pas dû être aussi lourd (41-15)… […] Dans la foulée, on a même fait match nul contre les Fidji (15-15). Mais c’était la grosse équipe des Fidji ! Il ne leur manquait que Radradra !"

WTF. Le jour où Mamuka Gorgodze a ramené un couteau dans le vestiaire du RCTWTF. Le jour où Mamuka Gorgodze a ramené un couteau dans le vestiaire du RCT

Il est vrai que lorsqu'elle est bousculée, la Géorgie sait encore se recentrer sur les bases et resserrer le jeu, au près, là où sa densité et son état d'esprit combattif font merveille. Remarquez, avec un paquet d'avants ou trônent les Gigashvili, Mikautadze, Saghinadze, Jalagonia ou encore Giorgadze, elle n'a plus grand chose à envier à des nations comme l'Écosse ou l'Argentine, aujourd'hui...

To be or not to be

Alors, tout ça mis bout à bout, reposons la question : la Géorgie mérite-t-elle d'intégrer le Tournoi des 6 Nations ? Forte de ce qu'elle a montré jusqu'ici en 2022 et portée par ses nouvelles têtes, on jurerait que c'est maintenant ou jamais. Du moins en passant par un barrage d'accession afin de ne jamais manquer de respect à une Italie valeureuse, mais toujours limitée, Capuozzo et Garbisi ou pas. Choyé par son mécène Bidzina Ivanishvili (ancien premier ministre du pays et actuelle 300ème fortune mondiale, note Rugbyrama), le rugby géorgien semble enfin confirmer tout ce qu'on attendait de lui depuis belle lurette. "Si vous me demandez si notre équipe mérite d’intégrer le Tournoi, ma réponse est oui, bien sûr", indiquait au Parisien le président de la Fédération géorgienne de rugby, Ioseb Tkemaladze, l'an dernier.

Chez nous, il a mis des dizaines et des dizaines de millions dans le rugby : il a construit des stades, des terrains d’entraînement… Il nous faut le remercier.  - Mamuka Gorgodze a propos du milliardaire Ivanishvili

Bien sûr, le problème du déficit de sponsors et de droits télés reste le même du côté de l'ancienne république soviétique. Là, c'est probablement le seul point sur lequel l'Italie a encore un (gros) temps d'avance grâce à Sky Italia et au reste. Mais de l'autre côté de la mer Noire, les résultats et l'argent investi dans les infrastructures et la formation amèneront peut-être les choses à changer. En mars 2021, Tkemaladze évoquait des « des discussions officieuses » avec le comité des Six Nations, et assurait vouloir « commencer des négociations officielles (pour intégrer le Tournoi) dans un futur proche ». Une chose est sûre : 17 mois plus tard, il n'a jamais eu autant d'arguments pour faire entendre sa voix...

Et aussi : 

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De toute façon , ce sont les marchands de sport et de droits télé qui décident , Tbilissi et maintenant ...

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