Édito. Verrouillé à 70%, le Top 14 est-il devenu trop petit (et élitiste) ?
Depuis plusieurs années, monter et s’imposer en Top 14 est devenu une tâche difficile, qui peut traduire une dynamique élitiste du rugby français.
Depuis plusieurs années, monter et s’imposer en Top 14 est devenu une tâche difficile, qui peut traduire une dynamique élitiste du rugby français.

Pour la quatrième année consécutive, l’équipe qui remporte le barrage d’accession est la pénultième formation de Top 14. Si cette situation ressemble à un cauchemar pour le FC Grenoble, perdant malheureux face à l’USA Perpignan (11-13), elle n’est peut-être pas le seul fait de la malchance des Isérois. Vaincus sur trois années consécutives, elle peut aussi être l’occasion de nous questionner sur la nature du format des divisions professionnelles hexagonales.

À une heure où des nouveaux territoires émergent dans l’élite et élargissent la carte de l’ovalie, les moyens de se développer restent limités. En effet, tout le monde le sait, mais cela va mieux en le disant : le rugby est un sport physique qui nécessite une condition et une préparation particulière. C’est, en partie, pour cette raison que le passage de l’amateurisme au professionnalisme est complexe et que la Nationale a été créée, en plus des raisons de santé financière et d’équité sportive. Ce fossé physique s’observe aussi, à moindre mesure, entre le Top 14 et la Pro D2.

TOP 14. Du jamais vu ! Cette statistique (incroyable) qui montre à quel point le championnat a changéTOP 14. Du jamais vu ! Cette statistique (incroyable) qui montre à quel point le championnat a changé

Top 14, l'élite ovale

Cependant, depuis l’instauration du barrage en 2018, les promus en Top 14 ont désormais moins de trois mois pour se construire un effectif de première division, le préparer efficacement et le lancer dans l’arène. Une durée particulièrement courte et unanimement décriée, mais aussi relativement punitive lorsqu’elle s’inscrit dans le cas d’une montée inattendue. À titre d’exemple, les promotions du Biarritz Olympique et du RC Vannes ressemblent plus à une épreuve insurmontable qu’à des défis sportifs raisonnables.

Depuis que le barrage a été mis en place, 70 % des équipes qui ont été reléguées en deuxième division étaient le ou l’un des derniers promus. Un chiffre qui a explosé depuis sept ans et qui est loin des 43 % de chances de relégations connues par les promus entre 2011 et 2017, où deux équipes descendaient à l’échelon inférieur. Cependant, le problème reste que plus le temps passe, moins les choses devraient avoir l’occasion d’être bouleversées.

TRANSFERT. Entre le banc du TOP 14 et le temps de jeu en PRO D2, cet ex-Toulousain a fait son choixTRANSFERT. Entre le banc du TOP 14 et le temps de jeu en PRO D2, cet ex-Toulousain a fait son choix

En effet, les pensionnaires habitués du Top 14 augmentent ou affirment leurs budgets (et leur effectif, par conséquent) à chaque nouvelle échéance passée dans l’élite. Une dynamique qui creuse à chaque fois un peu plus l’écart avec celles de Pro D2. Par ailleurs, les meilleures formations de cette dernière présentent des dettes délirantes, avec des pertes de plusieurs millions chaque année pour espérer s'installer dans l'élite, en vain. Difficile de monter ? Quasiment impossible de se maintenir quand on est promu ? Certains diront : “C’est le jeu, ma pauvre Lucette…

Mais se montrer résigné n’est-il pas un mal pour le rugby hexagonal ? Pour cause, de nombreuses écuries représentant des territoires isolés de l’ovalie ont pour projet de diversifier la carte du rugby français. Cependant, si leurs efforts restent vains, pas sûr que les généreux mécènes poursuivent l’aventure, si le Top 14 se conforte dans cette dynamique élitiste, établit sans volonté réelle. Le train du développement du rugby en Bretagne, dans le Sud-Est, en Normandie et en Bourgogne-Franche-Comté est en train de passer. Faut-il le laisser filer ? Pour permettre à ces nouvelles écuries de connaître les joies de l’élite, ne vaudrait-il pas mieux revenir à un système de relégation à deux équipes.

S’il y a besoin de relancer l’entrain, sans couper l’herbe sous le pied des actuels locataires du Top 14, des solutions existent. Peut-être faudrait-il envisager de repenser à un possible retour du format à poules, pour revenir à seize équipes, diminuer le nombre de matchs, relégué plusieurs formations et apporter un peu de fraîcheur au meilleur championnat du monde. Ou bien, il pourrait être possible de laisser les promus procéder à des recrutements durant la saison, pour se calibrer. En tout cas, si rien ne change, le haut-niveau du rugby français pourrait continuer à s’isoler, loin des valeurs de clochers qui l’ont vu naître.

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  • P243151
    19558 points
  • il y a 41 minutes

N’empêche Grenoble deux années de suite avec un buteur niveau F3 ils seraient montés

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