Depuis quand un classico n'avait-il pas été aussi excitant ?
La saison passée le Stade Français s'était imposé contre les Toulousains.
Toulouse accueille dimanche le Stade Français en clôture de la quatorzième journée de Top 14 dans un choc de haut de tableau. Depuis quand ce classico n'avait-il pas été aussi attirant ?

Dimanche soir, le Top 14 connaîtra l'une de ses affiches désormais devenue habituelle. Le Classico, ou Classique, c'est comme vous voulez même si pour certains ce terme ne veut pas forcément dire grand-chose. Le fameux Stade Toulousain-Stade Français. Tous les superlatifs sont bons pour décrire cette rencontre et chaque comparaison est bonne à prendre. Déjà car les palmarès parlent pour eux. Avec 20 titres de Champion de France, Toulouse reste aujourd'hui le club le plus titré de l'Hexagone, suivi par le Stade Français, deuxième avec ses quatorze Boucliers de Brennus. Les deux plus gros palmarès du rugby français donc. Top 14 – Le « Classico » a-t-il perdu de sa superbe ?Top 14 – Le « Classico » a-t-il perdu de sa superbe ?Affiche phare des années 2000, la confrontation entre la capitale et le capitole a peu à peu perdu de sa superbe pour finalement devenir quasiment une rencontre parmi tant d'autres. Pourtant la rivalité Paris-province qui entoure ce match à toujours donner un côté particulier à ces affrontements souvent épiques. Aujourd'hui respectivement deuxième et quatrième ex aequo, Toulouse et le Stade Français ont rendez-vous dimanche soir, sur les coups de 21 heures pour croiser le fer dans ce qui s'apparente à un duel de haut de tableau. L'occasion d'effectuer un petit flash-back sur cette rivalité historique, et se demander depuis quand, le Classico n'a-t-il pas suscité autant d'engouement. 

Les années 2000, hégémonie partagée 

Les années 2000 restent le symbole des années fastes des deux clubs. À vrai dire, la rivalité commence quelques années auparavant. Nous sommes en 1998. Toulouse marche sur le championnat français. Depuis 1994 personne n'est parvenu à venir contester la suprématie Haut-Garonnaise. En demi-finale, le Stade Toulousain a rendez-vous avec le Stade Français, tout juste promu de deuxième division et qui nourrit de grandes ambitions, emmené par son légendaire président Max Guazzini à la tête du club depuis le début des années 90. En demi-finale les Parisiens ne font qu'une bouchée des Toulousains (39-3) avant de pulvériser l'USAP en finale. Les prémices d'un duel qui va embraser la France du ballon ovale durant une décennie. Car le club parisien vient alors bousculer les codes d'un rugby tout juste professionnel, sous la houlette d'un Max Guazzini alliant à merveille showbiz et sport. Tout cela, aux antipodes de la culture toulousaine.

L'année suivante, Toulouse prend sa revanche sur son rival parisien en quart de finale. 51 à 19, les pensionnaires de la capitale explosent comme du pop-corn sous les coups de butoir des rouges et noirs, qui deviendront champions quelques semaines plus tard. Les deux équipes vont alors truster les sommets et se partager les titres. Rendez-vous compte, depuis le titre du Stade Français en 1998, les deux formations ont remporté 6 des 7 finales de Championnat de France disputées jusqu'en 2004. Seul Biarritz est venu stopper l'hégémonie en 2002. Mieux encore, si l'on remonte à 1994, avant l'arrivée du Stade Français dans l'élite du rugby hexagonal, les deux clubs se sont partagés 10 titres en 11 ans. Juste stratosphérique. Les affrontements entre les deux équipes sont d'ailleurs de plus en plus alléchants. Paris bat Toulouse en finale du Championnat de France 2003 (32-18). Avant que sur le toit de l'Europe, Toulouse ne prenne sa revanche en 2005, dans une rencontre qui n'atteindra jamais des sommets, mais au scénario hitchcockien au bout des prolongations dans un Murrayfield à fort accent français, théâtre de cet empoignade européenne (18-12). Les joueurs de Max Guazzini prendront leur revanche quelques semaines plus tard en demi-finale du Top 16, là aussi dans la dramaturgie la plus totale, sur une cuillère désespérée de Jérôme Fillol sur un Florian Fritz désabusé, qui filait à l'essai (23-18). Vous l'aurez bien compris, les deux équipes trustent les premières places et sont alors les clubs phares de l'Hexagone. Comme dit précédemment, seul le Biarritz Olympique parvient avec parcimonie à sortir du bois pour se nourrir des quelques miettes laissées par les deux ogres de l'époque. Mais après les exercices 2005 et 2006 acquis à la faveur des Basques d'ailleurs respectivement face au Stade Français puis au Stade Toulousain, les deux clubs reprennent leur domination. Paris est sacré en 2007 et Toulouse en 2008.Top 14 - 5 ''Classicos'' qui ont marqué l'histoire de la rivalité entre Toulouse et ParisTop 14 - 5 ''Classicos'' qui ont marqué l'histoire de la rivalité entre Toulouse et Paris 

Outre cette domination, et cette passion exacerbée qui entourait la rencontre, ce ''Classico'' attirait les foules de par les stars présentes aux quatre coins du terrain. Grands pourvoyeurs du XV de France, Toulouse pouvait se targuer d'aligner des Yannick Jauzion, Cédric Heymans, Vincent Clerc, Thierry Dusautoir et consort, quant à Paris, la filière argentine, Pichot-Hernandez-Corletto-Roncero faisait des merveilles. Mais les hommes de la capitale n'étaient pas en reste eux non plus, et ce serait une erreur de croire que l'équipe parisienne ne se résumait qu'à une constellation de joueurs étrangers surtout sud-américains. Parmi les joueurs du XV de France on y retrouvait Christophe Dominici, Fabien Galthié, Brian Liebenberg ou encore David Auradou pour ne citer qu'eux. En conclusion, une grande partie des meilleurs éléments de notre sélection nationale avait rendez-vous lors de ces confrontations. Surtout c'était l'occasion de voir deux styles de jeu différents s'opposaient. Si l'on veut entrer dans la caricature, Toulouse était plutôt un adepte du jeu à la main, quand Paris s'appuyait sur sa conquête et le jeu d'occupation par le pied de Dominguez, puis ensuite Hernandez. Mais ce serait faire offense aux deux équipes que de dire que Paris ne savait pas jouer un rugby attractif, et que Toulouse ne disposait pas d'un paquet d'avant solide. À vrai dire, pour arriver à un tel niveau d'excellence, chaque équipe était complète partout.

Le Stade Français dégringole, Toulouse plus aussi dominant

2010 marque le début du déclin de l'affiche. Le Stade Français commence à s'essouffler, échoue aux portes des qualifiables la première année où les phases finales passent à six représentants et passe tout près de l'implosion un an plus tard avec l'escroquerie de la Facem, société canadienne. Max Guazzini cède alors le club à Thomas Savare. La fin d'une époque. Toulouse toujours au top à ce moment là glanera bien un titre en 2011, puis un autre en 2012, mais l'ascension de nouveaux clubs comme Toulon, le Racing, Montpellier, Castres ou dans une moindre mesure Clermont (ces derniers jouaient déjà les premiers rôles les années précédentes) va peu à peu faire perdre à l'affiche de sa superbe. Les finales de Coupe d'Europe entre Clermont et Toulon vont même donner une saveur particulière à cette dernière qui va devenir le match à ne pas manquer de ce championnat. Les deux clubs vont longtemps être éclipsés par les équipes en forme du moment, et le Stade Français va également voir le retour au premier plan du Racing, autre club d'Ile de France, qui va en profiter pour lui faire concurrence. Pire encore, le Stade Français va végéter dans le ventre mou et se mettre à lutter pour le maintien alors que Toulouse commence à s'essoufler, se qualifiant sans convaincre, à la recherche de son lustre d'antan. Le titre du Stade Français de 2015, huit ans après le précédent, va rallumer la flamme le temps d'une saison, une éclaircie dans la grisaille traversée par le club les années précédentes, avant que ce dernier ne sombre de nouveau, sans réussir à confirmer son statut de champion en titre. Toulouse va se séparer de son entraîneur iconique Guy Novès cette même année 2015 et va d'ailleurs connaître une saison 2016-2017 des plus compliquées, très loin de son standard, achevée à une triste douzième place, premier non relégable.Top 14 - Le classico a tenu ses promesses... sur TwitterTop 14 - Le classico a tenu ses promesses... sur TwitterMais à partir de là, le club Haut-Garonnais va se relever, fort d'une émulation crée entre jeune du cru et anciens expérimentés. L'alchimie va prendre et peu de temps plus tard, à l'issue de la saison 2018-2019 le Stade Toulousain est de nouveau sacré champion de France. Le Stade Français va lui sauver sa peau en 2018, avant de connaître un changement de propriétaire et d'entraîneur. Le milliardaire Hans Peter Wild veut redonner à Paris sa gloire passée et engage Heyneke Meyer comme entraîneur du club. Malheureusement non qualifié pour sa première saison, le fondateur de l'entreprise Capri-Sun va vite déchanter. La saison dernière, handicapé par l'absence de ses internationaux durant la Coupe du Monde, le Stade Français va couler dans les abysses du championnat. Malgré l'éviction de Meyer et un effectif pléthorique, les parisiens vont batailler alors dur pour essayer d'arracher leur maintien avant l'arrêt du championnat. Vous l'aurez donc compris, plus rien à voir avec l'affiche d'il y a quinze ans. Toulouse a végété mais a su globalement rester en haut de l'affiche sans cependant arracher un titre avant celui de 2020. Les Parisiens, ont en revanche souvent eu du mal à jouer les premiers rôles, malgré un titre de 2015 symbole d'une solidarité exemplaire, mais jamais dans les six depuis 2010 et luttant même parfois durant deux saisons, pour conserver leur place dans l'élite Français.Dominici, Macalou, maillots : revivez le classico sur Twitter !Dominici, Macalou, maillots : revivez le classico sur Twitter ! 

Cette année, l'affiche est tout autre. Toulouse deuxième, postule plus que jamais pour une place dans les deux premiers. Avec un match en plus que son rival Stadiste, le Stade Toulousain compte huit points d'avance. Chez les soldats roses en revanche la donne à changer. L'arrivée de Gonzalo Quesada, déjà entraîneur de l'équipe victorieuse de 2015 a sans doute ravivé la flamme dans un groupe qui ne manque pas de qualité. Quatrième ex aequo, le Stade Français pourra s'en vouloir d'avoir laissé échapper des victoires face au Racing 92 ou à Lyon qui lui tendaient les bras. Sans ça, les Parisiens lorgneraient sur les trois premières places. Ce ''Classico'' n'en reste pas moins alléchant et si l'affiche a pu perdre en saveur au fil des années, elle n'en reste pas moins spéciale. À l'aller Paris avait renversé Toulouse à Jean Bouin (48-14) alors amputé de la majorité de ses meilleurs éléments. Les pensionnaires d'Ernest-Wallon voudront sûrement laver cet affront, face à des Parisiens qui ne viendront pas en victime expiatoire. Ces derniers restent d'ailleurs sur deux victoires de rang face à leurs adversaires. Il y avait longtemps, que l'on n'avait pas vu les deux formations s'affronter aussi haut dans le classement. Excepté 2015 et dans une moindre mesure en début de saison 2018, avant que les joueurs de la capitale ne terminent huitième, cela fait bientôt dix ans que l'on attend un ''Classico'' avec deux équipes jouant la qualification. On a hâte d'y être. 

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  • dan0x
    64767 points
  • il y a 3 ans

Ce classico n'a de classico que le nom ! Encore une invention de derby montée de toute pièce pour faire parler et balancer du teasing commercial dont canal+ a abusé lourdement pendant de longues années alors qu'il n'y avait pas forcément de rivalité. On a toujours voulu opposer deux styles : l'académie du rugby toulousaine et la star académie parisienne portée par son président de l'époque (Max G.). Le rugby cassoulet et le rugby paillettes ! On est tous tombés dedans et moi le premier jusqu'à haïr ce club qui porte un maillot rose et je le regrette. Si inventer des classicos a pour conséquences de créer des antagonismes qui n'existaient pas c'est bien dommage. Heureusement que l'on reste dans l'esprit rugby avec toutes ses valeurs et respect que l'on retrouve la plupart du temps dans les stades entre les supporters. Pourvu que ça dure...

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