Avant l’événement de samedi, on a repensé, sourire aux lèvres, à cette phrase de l’arbitre vedette Nigel Owens, qui, fin 2015, était au sifflet pour un derby local dans un petit village gallois, une semaine après avoir arbitré la finale de la coupe du monde entre les All Blacks et l’Australie.
Il disait alors : "Pour les gars de Gowerton et de Cymrych, ce derby était aussi important que la finale de la Coupe du monde pour les All Blacks et les Wallabies. Je respecte ça. Donc je les ai traités de la même façon."
Le lien avec notre événement ? Il est que, par la force des choses et malgré nos liens étroits avec le rugby amateur, notre job nous amène plus souvent sur les stades professionnels du rugby français ou international que sur les champs de patates que connaissent souvent les clubs de Régionale. Ou en tous cas jamais en dessous de l’élite des niveaux fédéraux.
Mais, finales régionales PACA(C) obligent, on se devait donc d’aller tenter de gratter quelque chose au stade Maurice-David de Aix-en-Provence, habituel antre de Provence Rugby. Un événement propre à chaque comité, mais qui réunit toujours toutes les finales des Régionale 1 à 3, pour près de 10h de balle ovale. Le fameux "super samedi rugby" de la chaîne cryptée, façon rugby amateur…
Vu l’enjeu pour ces bonhommes venus des confins du Var, des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse ou même des Alpes, on l’a donc joué façon Nigel Owens : avec beaucoup de sérieux, mais aussi de plaisir et de dérision, histoire de profiter pleinement du beau jeu, du soleil, de la folie en tribunes et, si possible, de dénicher quelques pépites du rugby amateur. Tout ce qui fait le propre des phases finales, finalement…
3 niveaux différents, 3 scénarios différents
A ce titre, après avoir salué une bonne vingtaine de personnes habituées au rugby de la région et ayant eu la même idée que nous, observé la transhumance de voitures et le "turnover" en ordre de marche en tribunes en fonction de l’affiche, puis regardé attentivement les finales de R3, R2 et R1, on prit donc quelques "notes à nous-même".
Dont celle que, comme prévu, demeurent dans ces bas échelons quelques garçons qui ont le niveau pour prétendre à 2, voire 3 ou 4 divisions au-dessus. Pour ceux qui n’ont pas encore tenté le grand saut.
En ce sens, on a donc retenu que malgré la lourde défaite de La Ciotat (55 à 10) face à l’ogre de Hyères - relégué de Nationale 1 en gardant nombre d’Espoirs formés au club et quelques anciens des divisions fédérales, autour du capitaine roumain André Gorin - le petit blond Charles Varnadore était bien le bolide qu’on nous avait vendu. Et que ses 28 essais (plus celui de pénalité provoqué ce samedi sur un débordement à toute vitesse) cette saison l’emmèneraient forcément, à un moment ou à un autre, à plusieurs échelons de la Régionale 2, où seront promus ces deux finalistes la saison prochaine.
La Régionale 2, justement, qui voyait en finale, à 17h, le RC Le Beausset (club cher à notre cœur) livrer une rude bataille face à Monteux. Une entité du Vaucluse avec de la monnaie et des ambitions, qui comptait dans ses rangs l’ancien meilleur marqueur de ProD2 Mosese Ratuvou, ou encore un 3/4 centre fidjien de 140kg, autrefois espoir de l’UBB puis terreur l’US Seynoise, en Fédérale 1. En Régionale 2, on le répète…
Qu’importe, soutenus par près de 500 personnes (soit l’entière communauté rugby du village) ayant fait le déplacement jusqu’au pied de la Sainte-Victoire, les Varois ont triomphé par la plus petite des marges (19 à 18), grâce à un travail colossal de leurs avants et quelques éclairs de leur jeune arrière aux cuisses d’acier et aux jambes de feu, Paul Ferrari. Cela ne s’invente pas…
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Tandis que pour le clos du spectacle, au crépuscule, en Régionale 1, c’est Digne qui l’a logiquement emporté 21 à 13, malgré un carton rouge en première période de l’ancien 2ème ligne de Mont-de-Marsan ou Hyères, Damiani. Car même à 14, les Alpins pouvaient s’appuyer sur leur structure solide et des individualités que Valréas n’avait pas, entre sa confrérie d’anciens pros, de Fidjiens ou de Néo-Zélandais. Mais les 2 équipes monteront en Fédérale 3 !
Professionnels d’un jour
Outre ces (toujours) étonnantes ribambelles de joueurs étrangers qui évoluent à ce qui est censé être le plus pur rugby amateur, on préférera donc garder en tête cette belle journée de rugby et ses larmes, ses jets de bière et son état d’esprit bon enfant toute l’après-midi durant.
Du dirigeant persuadé de bâtir à coups de "fixes sur dix mois assortis de primes" l’équipe qui roulera sur sa poule de Régionale 1 pour briguer l’accession en Fédérale 3 - Nicolas Zanardi, Midi Olympique
Sur un terrain qu’ils voient d’ordinaire à la télé et que la grande majorité des protagonistes du jour ne foulera plus jamais. Mais ces professionnels d’un jour en auront bien profité, sous l’hymne officiel du Top 14 et de la ProD2. Pour des souvenirs gravés à jamais…