Le Top 14 reprendra ses droits en septembre bientôt, mais la saison pourrait débuter par un bras de fer tendu entre joueurs et instances dirigeantes.
Le syndicat Provale, présidé par Malik Hamadache, est vent debout contre la réforme du salary cap qui impose aux joueurs de fournir tous leurs revenus liés au rugby. Le syndicat menace même de frapper fort en déclenchant une grève dès la reprise du championnat. Décryptage d'une crise potentiellement explosive pour le rugby français.
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Le nouveau règlement du salary cap
Les joueurs du Top 14 sont-ils prêts à aller au clash ? L’assemblée générale de la LNR, prévue ce mercredi 9 juillet à Bayonne, pourrait marquer un tournant pour le rugby hexagonal. En cause : le nouveau règlement du salary cap, censé mettre fin aux contournements financiers observés ces dernières années.
Une mesure en particulier fait polémique : l’obligation imposée aux joueurs de fournir l’ensemble des justificatifs de leurs revenus issus du rugby, qu’il s’agisse des contrats classiques, des droits à l’image ou des partenariats personnels.
Pour Provale, le syndicat des joueurs professionnels, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. L’organisation estime que cette mesure franchit la ligne rouge, constituant une atteinte excessive à la vie privée des joueurs. Déjà fragilisée par l’affaire Jaminet qui a poussé la Ligue à durcir ses contrôles, cette réforme pousse désormais Provale à brandir une menace inédite : un appel à la grève à la reprise du championnat.
Les présidents poussent fort
De leur côté, les présidents de clubs, unanimes depuis les dérapages récents, veulent frapper fort en cas d’infraction : jusqu’à 15 points de pénalité pour un dépassement du plafond salarial, et 10 points en cas de manquement à la transparence. Un coup de semonce majeur pour rétablir l’équité sportive. Mais cette volonté de transparence pourrait-elle aller trop loin ? Pour Provale, la réponse est claire : oui.
Les prochains jours seront décisifs. À quelques semaines d’une reprise déjà attendue par les supporters, une grève serait une véritable bombe pour le rugby français. La Ligue veut imposer ses règles, les joueurs défendre leur droit à la confidentialité financière. Entre les deux camps, un accord paraît aujourd’hui loin d’être acquis. La tension monte, et l’heure est à l’urgence : le rugby français doit absolument éviter la crise.
RNP
Je serais assez curieux de lire la définition juridique exacte de la notion de "revenus issus du rugby". Si je suis un peu taquin, Antoine Dupont va devoir déclarer ses droits d'image avec à peu près toutes les marques avec lesquelles il travaille (je pense que le chiffre doit être assez conséquent et pourrait à lui seul couvrir une bonne partie de la SC du ST) puis que de facto quand il joue dans la pub Volvic c'est plutôt parce qu'il est rugbyman connu de haut niveau plutôt que parce qu'il est beau gosse ou particulièrement drôle.
Une fois cette déclaration sur la table, quelle sera l'analyse des revenus qu'il reçoit, sont-ils liés à son statut au ST ou à son statut en EDF. Indéniablement son statut actuel dépasse son statut au ST puisqu'il est assez probable que ces contrats d'image perdureraient même s'il ne jouait plus au ST. En conclusion, seul les salaires versés par le ST devraient rentrer dans la SC du ST.
Si je prends des joueurs moins connus comme Baille ou Marchand, est-ce que leurs contrats d'image sont liés à leurs statuts d'international, certainement, est-ce qu'ils sont liés à leurs statuts de joueurs "phares" du ST, certainement également. Comment on les prend en compte?
Dans l'autre sens, dans le cas Jaminet, sa rémunération "extra sportive" est manifestement lié à son statut d'international. Ce contrat même s'il est signé avec un partenaire du ST n'avait, de fait, pas de lien direct avec son statut de joueurs du ST d'autant plus qu'il devait servir à financer le rachat de son contrat auprès de l'USAP.
Au final, la LNR va devoir bosser un peu et lister de manière exhaustive et précise quels sont les revenus à déclarer par les clubs et par les joueurs, et, ils devront actualiser cette liste régulièrement pour intégrer les "innovations" que les clubs, les joueurs et leurs conseils ne manqueront pas trouver.
Manu
Tu as tout dit et de manière très explicite. Le salary cap est calculé pour chaque club et devrait donc concerner les salaires plus les revenus annexes à l'activité des joueurs liée à leur club.
Or si on prend en compte les joueurs les plus médiatisés et qui apparaissent sur les spots publicitaires ou sur la scène des concerts des Enfoirés voire sur le tapis rouge de Cannes, on peut prendre la charnière titulaire du XV de France et du Stade Toulousain.
Autant on pourrait considérer que les pubs pour Peugeot des joueurs du Stade Toulousain seraient liées au partenariat du constructeur avec leur club et donc on pourrait les intégrer au salary cap, autant - en raisonnant par l'absurde- la pub de Dupont pour Volvic, partenaire de l'ASM, devrait elle être intégrée au salary cap de Toulouse ou de l'ASM?
Les pubs de PENAUD et RAMOS pour les partenaires du XV de France, Vueling et TCL, respectivement doivent elles entrer dans le salary cap de leurs clubs ?
J'espère que le service juridique de la LNR est bien équipé.
RNP
Sur ce type de sujet, la seule façon de procéder est d'avoir une liste détaillée et objective. Elle est toujours contestable "philosophiquement" ou "éthiquement" mais elle permet de cadrer juridiquement les choses.
Pour rebondir sur ton propos même si c'est "injuste", on pourrait par exemple considérer que tout contrat d'image avec un partenaire d'un club (la notion de partenaire étant elle-même à définir) rentre dans la SC. Donc Peugeot pour le ST mais pas Volvic ni l'Oreal ni Vueling ou Verisure pour prendre quelques exemples de publicité avec des joueurs.
Amis à Laporte
Provale, ce n'est pas ce syndicat dont les dirigeants ont été élus avec 12 votants ???
Jak3192
Le syndicat de joueurs on ne l'entend pas beaucoup, mais là on touche au pognon, et ils sortent le canon... 🤭
Sur le fond, ils n'ont pas tord.
Ce serait quand même bien qu'ils donnent aussi leur avis sur la santé des joueurs, les points de règlement à améliorer...
Enfin, c'est mon avis
pascalbulroland
Va-t-on parler de "prise d'otage" du rugby par ses joueurs..?? J'dis ça car c'est souvent utilisé comme terme pour "casser" un mouvement de grève...
Sinon, en quoi avoir tous les contrats des revenus des joueurs est perspicace pour contrôler le salary cap svp..??
Uther
Ben, il suffit de voir ce qu'avait mis en place les Saracens pour le comprendre.
Des joueurs créaient une société de service dont le seul client était le club qui les employait... Techniquement, ce n'est pas du salaire, donc non visible quand on fait un contrôle du SC alors qu'en fait, c'est du salaire déguisé.
Et ce n'est qu'une des nombreuses possibilités qui existent. En ayant accès aux sources de revenus des joueurs, il est bien plus facile de vérifier qu'il n'y a pas de rentrées d'argent qui ne sont en fait qu'une manière de contourner le SC.
pascalbulroland
A-t-on vu la même chose en France..? Je ne crois pas que l'économie de notre sport le permette à contrario de l'Angleterre...
Uther
Ben, Boudjellal nous avait bien expliqué comment il avait "légalement" (Hum...) contourné le SC.
Il y a tellement façon de tricher qu'identifier les tricheurs en ne contrôlant que le club, c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin.
Les clubs Français sont ceux qui ont le plus d'argent et de très loin. Parfois, le salaire des joueurs ne représentent qu'une relativement faible portion du budget alors que c'est le nerf de la guerre. Que certains franchissent la ligne, n'est absolument pas étonnant.
RNP
Comme le souligne @pascalbulroland, la majorité des revenus non salariaux des joueurs sont des avantages en nature (la voiture, le logement, ... ) mis à disposition du joueur ou de sa famille et les droits à l'image. Question, indubitablement, les revenus d'exploitation de son droit à l'image que touchent A Dupont sont liés à son statut de rugbyman mais est-ce parce qu'il joue au ST, en EDF, qu'il a une belle gueule, qu'il est médaillé d'or au JO, ... ?
De fait, la notoriété et l'exposition médiatique du ST est un vrai sujet parce qu'elle permet d'attirer des joueurs qui peuvent accepter des rémunérations plus faibles avec l'ambition de se rattraper en contrat d'image. Le problème de fonds est que cette notoriété et cette exposition médiatique, le ST ne l'a pas volé ou acheté, il les a construites avec le temps. Au final, les clubs qui ont "hurlé" à la mort sont le CO, le RCT, l'UBB, le Racing et le LOU. Hormis l'UBB, les quatre autres vivent sous perfusion de sponsors ou actionnaires généreux. Ils perdent tous les ans de l'argent voir pour certains clubs des sommes astronomiques et voudraient que par un coup de baguette magique que le ST soit mis à l'amende et obligé de se séparer de ses joueurs majeurs.
Uther
Hum...
Pour ma part, je me garderais bien de jeter la pierre à quiconque y compris sur le mode de fonctionnement de chaque club.
La structure autour du Stade Toulousain est complexe. Ainsi le stade Ernest Wallon n'appartient pas au ST mais à une association "Les amis du Stade Toulousain" qui prête généreusement le stade au ST (La structure professionnelle). Après tout pourquoi pas... Mais on sait que cette association touche des subventions publiques 24 M€ en 2022 ou 2023 (Je ne sais plus) et est pour partie propriétaire de la structure sportive. Voilà qui a le mérite de ne pas rendre les choses très claires ni lisibles.
Bref, les montages financiers autour des structures sportives professionnelles sont pour le moins curieuses (Et le ST n'est pas un cas isolé) mais je pense que sur ce sujet tout le monde devrait faire profil bas parce que personne ne sait réellement ce qu'il en est.
RNP
Que ça soit clair et lisible est un autre sujet (Bordeaux, SR ou Bayonne qui figurent parmi les clubs à l'équilibre ou rentable bénéficient eux aussi de stades mis à disposition ou loués dans des conditions favorables et de subventions publiques ou para-publiques pour la partie formation/association). Le fait est que ces clubs équilibrent leurs comptes ce qui n'est pas le cas de Castres, du Racing, du SF, du RCT, du MHR ou de l'ASM.
Aujourd'hui, les sommes investies par M. Altrad, B. Lemaitre ou H.P Wild dans leur club respectif dépassées si j'en crois leurs déclarations dans la presse les 100 M€. Le départ programmé du Racing vers Colombe n'est ni plus ni moins que la conséquence d'une incapacité du club a rentabilisé la U Arena. Sans ces différents "sponsors", la pression sur les salaires des joueurs seraient probablement moins forte. Par contre, il est probablement que 2 ou 3 clubs domineraient encore plus le championnat qui aurait moins d'intérêt et donc moins d'audience. La Salary Cap est une bonne règle même si tout le monde cherche à la contourner ou à l'optimiser mais à mon sens elle n'a de sens que si elle s'accompagne d'un minimum de fair-play financier.
pascalbulroland
C'est surtout sur le droit à l'image du joueur que ces derniers arrondissent leur fin de mois si je puis dire...
Uther
Pour quelques uns, c'est possible en effet.
Mais enfin, que vaut l'image de Jack Willis ? de Cros ? De Marchand ? Et je ne parle ici que de Toulousains mais si on étend à d'autres clubs, c'est famélique.
Il y a peut-être 10 rugbymen en France dont l'image a une vraie valeur, le reste quand c'est le club qui "gère" ce droit à l'image, c'est du salaire déguisé.
pascalbulroland
Tout club a ses "têtes d'affiche", rien n'interdit à un joueur de disposer de son image comme il l'entend...
Oui, seul les "vedettes" ou les hauts salaires ( souvent des internationaux )de ce sport peuvent bénéficier de gros contrats.
Après, il y a tellement de moyens de contourner le SC que c'est à la LNR d'expliquer lesquels sont "valables" ou pas...on verra à l'avenir
mic4619
Le syndicat a raison !
Les instances vont trop loin !
Aucuns employeurs n'a le droit de demander l'ensemble de ces revenus à un salarié !
Les seuls services habilités sont ceux dépendants des services fiscaux, y compris diligenter des enquêtes financières (en particulier pour fraudes fiscales) !
Uther
Certes.
Mais dans ce cas autant supprimer le Salary Cap. Si on met en place une règle qui a été transgressée par le passé (Et qui l'est encore, cela ne fait pas l'ombre d'un doute) mais que l'on ne se donne pas les moyens de la faire appliquer, autant la supprimer.
Au moins, les bons élèves n'auront pas l'impression d'être les dindons de la farce !