Après sa défaite à la maison contre le RCT, le MHR tient sa revanche avec un récital lors de la réception du Stade Toulousain. Les champions de France en titre ont été bousculés sur l’ensemble de la partie, notamment devant. Une défaite amplement méritée pour Ugo Mola, comme en témoigne sa conférence d’après-match au micro de RMC Sport.
Montpellier a remis les choses dans l'ordre après deux défaites en nous corrigeant, en nous prenant dans l'agressivité. »
En effet, la puissance des avants héraultais s’est fait ressentir tout au long de la rencontre, en particulier dans le domaine de la conquête et des mauls. Une domination physique, associée à une grosse pression défensive qui a permis aux joueurs du MHR de scorer sur des mauls et des contres rondement menés. Le staff de Joan Caudullo avait également bien préparé cette rencontre, en analysant les défauts du troisième rideau toulousain, qui a laissé de nombreux espaces aux coéquipiers de Yacouba Camara, qui réalisait son 150e match sous les couleurs montpelliéraines. Autant de secteurs qu’il faut décortiquer pour comprendre cette performance majuscule des coéquipiers d’Auguste Cadot contre les récents champions de France.
L’arme fatale des mauls
Le MHR a donc pu compter sur son pack pour remporter cette rencontre, mené par Billy Vunipola, Lenni Nouchi, mais aussi des recrues en grande forme, comme le Gallois Adam Beard. Le seconde ligne était omniprésent lors de ce match, apportant toute sa puissance.
Avec une conquête impeccable, les Héraultais se sont énormément appuyés sur leurs mauls. Une de leurs grandes forces dans ce domaine, fut de désaxer rapidement leur sens de poussée. Au lieu d’affronter frontalement les Toulousains en puissance pure, les Montpelliérains se sont rapidement adaptés en accentuant leur poussée collective d’un côté, éliminant plusieurs adversaires. Une stratégie plus que payante, puisqu’elle s’est soldée par deux essais.
Le premier essai de Montpellier est d’ailleurs l’illustration parfaite de ces changements de poussées pour trouver la faille adverse. Une action qui entraîne l’essai du talonneur australien Jordan Uelese.
Sur le second essai en maul des coéquipiers de Lenni Nouchi, il est important de regarder le positionnement des deux lifteurs : Billy Vunipola et Tyler Duguid. Le troisième ligne centre pousse son adversaire vers l’intérieur, afin de libérer de la place sur la gauche du groupé pénétrant. Un intervalle se crée donc avec moins d’opposition, d’autant plus que l’international anglais arrive à se tourner et à encaisser la pression adverse pour reconstruire le maul autour de lui. Pendant ce temps, le néo-capé avec le XV de France Tyler Duguid semble subir la pression toulousaine, mais il arrive à prendre avec lui cinq joueurs du Stade Toulousain, les empêchant de défendre correctement.
Un troisième rideau toulousain absent
Si le MHR a réussi à inscrire des essais en contre, les hommes de Joan Caudullo ont aussi mis en difficulté les ailiers Teddy Thomas, Matthis Lebel et l’arrière Blair Kinghorn. Notamment à travers l’utilisation de jeux aux pieds par-dessus le premier rideau des Toulousains. De nombreuses zones étaient libres dans le champ profond des rouges et noirs, un point sûrement remarqué par le staff montpelliérain et travaillé à la vidéo.
Car dès les premières minutes de jeu, le demi de mêlée Ali Price exploite cette faille, avec un jeu au pied par-dessus dans le dos de Teddy Thomas, qui donne une occasion franche d’essai. Une action qui mènera aux trois premiers points du MHR.
Pour rappel, le troisième rideau est généralement assuré par le triangle arrière d’une équipe (l’arrière ainsi que ses deux ailiers). Dans certaines situations et selon le positionnement du ballon sur le terrain, cette répartition des joueurs dans le champ profond peut changer. Le numéro 10 peut ainsi occuper cette position quand son équipe se situe dans le camp adverse, afin d’apporter sa qualité de jeu au pied pour dégager son équipe. Mais il peut aussi trouver des 50-22, ou encore réaliser des jeux au pied de pression pour que des joueurs rapides montent au duel aérien. Chez les avants, c’est le troisième ligne centre qui peut occuper cette fonction, pour réaliser des relances et fixer la défense adverse par une course plus ou moins rectiligne. Ce que faisait notamment un certain Henry Tuilagi avec l’USAP. Le numéro 8 se retrouve dans cette situation uniquement quand ses coéquipiers se situent dans le camp opposé, car il ne possède généralement pas un jeu au pied aussi efficace et puissant que ses arrières.
L’absence de joueurs dans le troisième rideau du Stade Toulousain, s’explique donc en grande partie par le manque de communication entre les joueurs pour réaliser cette sorte de « bascule ». Car il faut au minimum deux joueurs dans le champ profond et un joueur (souvent le demi de mêlée) qui assure la couverture du second rideau. Une autre explication sur ce défaut des champions de France est directement en rapport avec le déroulé du match. Ayant encaissé deux essais en contre, par l’intermédiaire de Gabriel Ngandebe et Tom Banks, les arrières toulousains se sont automatiquement concentrés sur le premier rideau, privilégiant leur première ligne de défense à leur champ profond.
Un défaut parfaitement exploité par les joueurs de Joan Caudullo, notamment par la charnière Ali Price et Domingo Miotti. Ces derniers ont réalisé de multiples jeux au pied par-dessus la défense adverse, entraînant des erreurs comme celle de Matthis Lebel pour l’essai d’Arthur Vincent.
Il faut également souligner la titularisation de l’international tricolore Teddy Thomas au poste d’ailier. L’ancien rochelais disputait son premier match sous ses nouvelles couleurs, ce qui peut aussi expliquer le manque d’automatisme du triangle arrière des champions de France en titre.
Cette large défaite du Stade Toulousain souligne donc les difficultés que peuvent causer le MHR aux autres équipes quand les Montpelliérains arrivent à mettre leur jeu en place. Portés par une défense agressive, des avants conquérants, mais aussi des arrières altruistes comme Arthur Vincent, Auguste Cadot, Tom Banks ou encore Gabriel Ngandebe. En revanche, cette fébrilité toulousaine sur le positionnement de leur troisième rideau devra rapidement être réglée. Cette dernière risque d’être mise à l’épreuve par les concurrents directs, qui réaliseront de multiples jeux au pied de pression dans ces zones. Les coéquipiers de Thomas Ramos auront l’occasion de se relancer ce samedi lors de la réception de leurs voisins castrais. Tandis que Montpellier devra confirmer sa belle prestation par un succès chez le promu montalbanais.
Amis à Laporte
Très bel article, très éducatif, merci !!!!
gilbertgilles
Très intéressant cet article très détaillé et très parlant, notamment sur la construction des mauls Montpelliérains! Bravo le Rugbynistère! Là, vous faites votre métier et vous donnez satisfaction aux afficionados que nous sommes. C'est bien aussi de le dire! 😉
pascalbulroland
Merci pour ce bel article...