À 32 ans, Cyril Baille traverse une période charnière. Longtemps incontournable au Stade Toulousain comme avec le XV de France, le pilier gauche n’a été titulaire qu’une seule fois avec Toulouse cette saison, pour 5 matchs disputés. En sélection, il n’a plus rejoué depuis le Tournoi 2025, alors remplaçant ; il faut remonter au Tournoi 2024 pour le voir titulaire chez les Bleus. Avant de retrouver le terrain ce dimanche, Baille a pris la parole pour faire le point sur sa forme, ses douleurs… et ses objectifs.
Une hiérarchie bousculée à Toulouse
La réalité du terrain est implacable. À Toulouse, la concurrence s’est intensifiée, portée par l’émergence de jeunes profils et par une rotation assumée du staff. Résultat : Baille, référence du poste depuis des années, a vu son temps de jeu se réduire. Non pas par manque de confiance, mais parce que son corps lui impose aujourd’hui un tempo différent. « Le problème, c’est l’arthrose que j’ai et qui me gêne pas mal. Il faut la renforcer, la solliciter et essayer de regagner en mobilité », explique-t-il, lucide, au Midi Olympique. Une contrainte qui oblige à adapter la préparation, les semaines et même les ambitions à court terme.
Il faut que j’en fasse plus qu’avant si je veux continuer à être performant, à cause de cette cheville.
Chez un pilier, la cheville est une articulation clé. Elle encaisse en mêlée, stabilise en déplacement latéral et conditionne la mobilité défensive. L’arthrose, surtout à ce poste, n’est pas une simple gêne passagère. « Si on ne la sollicite pas, l’arthrose gagne du terrain sur l’os et ça devient de plus en plus compliqué », précise Baille. Traduction : le repos total n’est pas la solution. Il faut travailler, renforcer, accepter parfois la douleur pour conserver de l’amplitude. C’est un équilibre délicat entre performance et préservation, que seuls les joueurs d’expérience savent apprivoiser.
Le soutien des Bleus, malgré l’absence
Même éloigné du maillot bleu, Baille n’est pas coupé du projet. « Fabien m’a appelé avant la tournée. On a pas mal débriefé ensemble. Et William m’écrit très régulièrement », confie-t-il en sachant très bien que c'est maintenant que le billet pour l'Australie se valide. Un soutien précieux, qui montre que son statut n’a pas disparu. Mais Baille le sait : « Maintenant, c’est à moi de jouer. » Mais de nouveaux visages aussi s’imposent en club comme en sélection. À son poste, le Toulonnais Jean-Baptiste Gros et Baptiste Erdocio (MHR) ont pris la suite chez les Bleus. Au Stade, c'est Benjamin Bertrand, 22 ans, qui s'installe dans la rotation.
Revenir, aider, transmettre
Ces dernières semaines, Baille n’a pas seulement travaillé pour lui. « J’ai essayé d’aider sur l’analyse des joueurs d’en face, sur les mêlées, de continuer à accompagner nos jeunes joueurs », raconte-t-il. Un rôle de cadre, de relais, presque de coach sur le terrain et en dehors. Il l’assume pleinement : « Le plus important, ce n’est pas l’individuel, c’est le collectif. » Quitte à dépanner à d’autres postes, partager du temps de jeu, transmettre des repères. « Quand je suis sur le terrain, je suis heureux. » Une phrase simple, mais lourde de sens.
Ce que ça change pour Toulouse… et pour lui
À court terme, Toulouse retrouve un joueur expérimenté, prêt à relever le défi, même diminué. À moyen terme, la question est plus large : comment gérer un pilier de 32 ans, talentueux mais usé par les saisons ? Pour Baille, l’objectif est clair : continuer. « Je ferai tout pour que ça continue. » Cela passera par un travail « d’arrache-pied », une préparation spécifique, et l’acceptation d’un rôle parfois différent. Le retour face à La Rochelle est d’ailleurs un test grandeur nature. « C’est l’équipe certainement la plus costaude du championnat devant. »
Peut-être que j’avais besoin de retravailler certaines choses que j’avais un petit peu laissées de côté.
Cyril Baille n’est plus dans l’évidence, mais il n’a rien perdu de l’essentiel : l’envie. Et dans un rugby qui va toujours plus vite, cette flamme-là reste souvent le meilleur moteur pour revenir au sommet.
