À 22 ans, Louis Bielle-Biarrey (UBB, XV de France) vit à 200 à l’heure. Entre une saison éprouvante avec Bordeaux-Bègles, le Tournoi des 6 Nations, la Champions Cup et une finale de TOP 14 disputée après une commotion, l’ailier a connu de près la fatigue, le stress et le risque de blessure. S’il s’est parfois retrouvé à vomir sur le terrain, « LBB » garde un état d’esprit lucide et étonnamment serein.
« Mon arme, c’est l’insouciance »
Conscient que sa carrière n’a pas encore connu de gros coups d’arrêt, l’ailier bordelais avoue pour Sud Ouest avancer avec une certaine légèreté :
Je n’ai pas encore eu beaucoup de revers dans ma carrière. J’espère que ça va durer le plus longtemps possible parce que je sais que ça va arriver. […] Je dirais que ma plus grande arme est l’insouciance.
Face à 80 000 personnes au Stade de France, la pression existe, mais il préfère relativiser : « Au final, ce n’est qu’un match de rugby. » Comme un clin d’œil à Damian Penaud, qu’il cite en exemple pour sa capacité à rester détaché. TOP 14. Jalibert + Bielle-Biarrey = 40 : l’équation gagnante de l’UBB, mais attention...
Récupération et fatigue omniprésentes
La densité du calendrier pèse néanmoins sur le corps : « Les saisons sont très longues, les matchs sont durs. […] Et c’est sans parler des matchs internationaux où l’intensité est décuplée. » Pour récupérer, il n’y a pas de recette miracle : hydratation, sommeil, alimentation. Le reste, ce sont des « ajustements ». Malgré tout, la fatigue reste bien réelle. En fin de saison, après une commotion contre Vannes, il avoue avoir joué la finale « pas forcément à 100 % », avant de retrouver de la fraîcheur grâce aux vacances.
« On n’est pas des robots »
LBB sait que le danger fait partie intégrante du rugby : coups, fractures, blessures parfois impossibles à éviter. « On peut dormir 15 heures par nuit, mais il y a une part de chance. » Un constat lucide après les blessures de coéquipiers comme Nicolas Depoortere l'an passé ou encore Dillyn Leyds le week-end dernier. Lui-même a dû composer avec des vomissements et des malaises, mais assure aujourd’hui : « Normalement, c’est réglé. Enfin j’espère. »
L’importance du mental
S’il reconnaît le poids de la pression et du stress, l’ailier bordelais n’en fait pas une obsession. Son équilibre passe aussi par une certaine distance avec les routines : « Je ne suis pas fan des routines. […] J’aime regarder un peu mon téléphone pour me “déconnecter”, écouter de la musique ou jouer aux cartes. » Une façon de rester lui-même, loin des superstitions et des automatismes qui peuvent déstabiliser certains joueurs.Louis Bielle-Biarrey : 13 essais, une saison à toute berzingue, une compilation vidéo qui régaleBielle-Biarrey rappelle qu’il est avant tout un joueur d’attaque : « Avoir des bons ballons dans les espaces, faire des débordements, jouer des un contre un, faire marquer : ça me fait plaisir. » Mais il savoure aussi les plaquages réussis ou les duels aériens remportés. Formé au poste d’ouvreur, passé par l’arrière, il a finalement trouvé sa place à l’aile avec les Bleuets… même si, comme il le confie en souriant, « je n’y avais jamais joué ».
Une lucidité rare pour son âge
À l’heure où les cadences du rugby professionnel font débat, Bielle-Biarrey impressionne par son recul. Entre la fatigue, la pression, la gestion des blessures et l’euphorie des victoires, il garde un équilibre précieux : « En premier lieu, je veux dire que je suis content de jouer tous les week-ends. C’est fatigant, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. » Pas de plainte, juste la conscience que rien n’est éternel. Et l’envie de profiter, tant que l’insouciance dure.