RUGBY. ANALYSE. Ces passes sautées dans le couloir des 15m, une nouvelle arme fatale ?
Louis Le Brun a décoché des passes qui ont posé de grosses difficultés à la défense du Racing, le week-end dernier.
Face au Racing, le CO a trouvé par deux fois la faille grâce à des sautées rectilignes et flirtant avec la touche. Chose que l'on aperçoit de plus en plus souvent.

Qui dit première journée de Top 14 dit premiers pas et révélations, forcément. Une nouvelle saison est synonyme de nouvelles munitions pour lancer les talents de demain dans le grand bain et à ce titre, certains ont peut-être découvert Louis Le Brun, cadre des U20, déjà apparu en pro' mais cette fois titulaire pour la première fois à l'ouverture chez les grands avec le CO. Oubliez le portrait, si l'on vous parle de lui aujourd'hui, c'est qu'à l'instar de Joshua Brennan avec Toulouse ou d'Enzo Benmegal avec le Racing, le neveu de Yann Delaigue a brillé ce week-end. Et surtout que ses coups d'éclat peuvent faire l'objet d'une analyse très intéressante du jeu.

Top 14. Louis Le Brun (Castres), dans les pas de son oncle célèbre ?Top 14. Louis Le Brun (Castres), dans les pas de son oncle célèbre ?

Sur la pelouse synthétique de l'Arena, le solide jeunot (20 ans, 1m90 pour 96kg) a notamment distribué deux caviars qui permirent à ses coéquipiers de trouver la solution sur l'extérieur. Un en première période et l'autre en seconde ; à chaque fois des sautées laser bien senties qui éliminaient toute la défense du Racing pour aboutir sur un franchissement net. Et si en première période Julien Dumora fut repris in extremis à 20m de la ligne adverse, la même initiative à la 55ème minute de jeu ira cette fois dans l'en-but, suite au parfait deux contre un négocié par Raisuqe et Nakosi, dans le fameux couloir des 5 mètres... Tout sauf une surprise, à y regarder de plus près.

Des "retours" à exploiter

Oui car ceux qui regardent autant de rencontres de haut niveau qu'il y a de place dans leur calendrier dans l'année auront très certainement remarqué que des tendances se dégagent, sous divers aspects du jeu. Si l'organisation en cellules n'a jamais autant été exploitée qu'aujourd'hui, que les combinaisons avec leurres multiples n'ont jamais connu pareil succès qu'actuellement, l'évolution du jeu à également permis de déceler d'autres failles chez les défenses. Notamment lors des fameux "retours" dans le fermé - ou pas d'ailleurs (même si la majorité des cas ont lieu lors de ceux-ci) - où les sautées sont très souvent privilégiées car difficiles à défendre. 

VIDEO. Grâce aux vissées laser de 15 mètres de Marcus Smith, les Quins font tomber Leicester !VIDEO. Grâce aux vissées laser de 15 mètres de Marcus Smith, les Quins font tomber Leicester !

La raison ? Elle se situe en fait sur un principe de défense simple et utilisé de la Série au Top 14, où l'arrière doit souvent couvrir son second rideau mais également anticiper les attaques adverses pour éventuellement "fermer" derrière son ailier, comme on dit dans le jargon. Ce système est vieux comme le monde, vous dîtes ?  C'est vrai. Sauf qu'aujourd'hui, entre la règle du 50/22 et la diversité toujours plus importante des attaques, les joueurs assurant la couverture ont souvent le cul entre deux chaises, pardonnez-nous l'expression. Entre monter et dézonner. Et que sur des phases dans le jeu courant où l'équipe porteuse du ballon est par définition bien souvent en surnombre, les décalages se créent plus simplement qu'il n'y paraît. En l'occurrence, pour tenter d'annihiler le sous-nombre, les défenses prennent essentiellement le parti de "vérouiller" avec des montées souvent inversées et un ailier assez proche de son dernier coéquipier intérieur. Où est l'espace, dès lors ? Eh bien face à une défense à plat et serrée, vous imaginez bien que les options ne sont pas légion : soit dans le dos de celle-ci, soit loin sur l'extérieur, option généralement la plus adéquate. 

La défense très (trop ?) à plat et serrée du Racing ouvre le champ des possibles à Le Brun sur l'extérieur, comme l'indique la zone entourée. Si proche de la ligne d'avantage, le choix de la sautée transversale et non dans le dos est le plus approprié. Ce que l'ouvreur castrais réalise à la perfection en éliminant 3 défenseurs en un coup de poignet.

À la réception de la passe de son ouvreur, Raisuqe a un boulevard devant lui avant de n'avoir qu'à fixer l'arrière Max Spring pour envoyer Nakosi à l'essai. Du cousu main.

Résultat, une simple sautée proche de la ligne d'avantage permet souvent de trouver un décalage sans forcer. N'est-ce pas comme cela que le Springbok Damian Willemse mis sur orbite son ailier Mapimpi il y a 3 semaines face aux All Blacks, d'une vissée de 25m ? Reste que dans le cas échéant et même si ce sont souvent des cas vus et revus à la vidéo durant la semaine, ce sont la vision du jeu et la qualité technique de Le Brun qui, comme pour son homologue sud-africain, ont fait la différence. Pour sûr, en trois pas, celui qui fut formé à Toulon décochait une passe de plus de 15m, de sa mauvaise main, s'il vous plaît. Une aisance que n'ont pas tous les joueurs présents sur le pré le week-end, c'est une certitude. Mais que tout le monde doit certainement travailler, vu le pointage actuel de cette faille dans les défenses, qui ne date pourtant pas d'hier...

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J'ai bien aimé l'article. Bonne analyse d'une action de jeu travaillée et mise en situation payante. Par contre, il faut ne pas se rater et gaffe à l'interception. Il serait intéressant d'avoir un pendant expliquant comment défendre.

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