Jalibert en feu, mais toujours doublé en Bleu
XV DE FRANCE. En feu, Matthieu Jalibert aurait-il été autre chose qu'un ''partenaire d'entraînement'' sans sa blessure ?Impeccable depuis le début de saison avec l’UBB, Matthieu Jalibert enchaîne les prestations XXL : tempo, créativité, qualité d’appuis, gestion… tout y est. Le Bordelais affiche une maîtrise supérieure à celle de Romain Ntamack, revenu en Bleu cet automne mais encore loin de son niveau d’avant blessure. Pourtant, Fabien Galthié continue de lui préférer le duo Ntamack – Ramos à l’ouverture. Une situation qui interroge, alors que le joueur de l’UBB n’a cessé de progresser. Sur RMC, Vincent Moscato a livré un plaidoyer entier pour Jalibert, estimant qu’il n’est « pas mort pour lui » et que son talent offensif reste unique.
Jalibert, on va le dire 20 fois, 100 fois, c’est un type qui a du talent… une impulsion incroyable… Mais il faut faire un bon match quand tu es convoqué. Il faut défendre… et il est en train de le faire, tant mieux. Ce n’est pas mort pour lui… Tant qu’il n’y a pas eu la cloche, ce n’est pas fini pour lui.
Un profil hors norme, difficile à “rentrer dans les cases”
Un talent offensif à part dans le rugby français
On peut reprocher mille choses à Jalibert, mais sûrement pas de manquer de créativité : il pue le jeu, comme dirait Moscato. Vision, vitesse d’exécution, prise d’initiative… Peu d’ouvreurs français ont ce registre. Mais c’est précisément là que le débat se joue : comment intégrer un joueur aussi spontané dans le système de Galthié ? À Bordeaux, sous Yannick Bru, Jalibert évolue dans un cadre où sa liberté est maximisée : beaucoup de jeu debout, soutien permanent dans l’axe, cadres offensifs pensés pour valoriser son explosivité. Avec le XV de France, le rôle de l’ouvreur est plus “ingénieur”, moins “artiste”. Surtout, le patron chez les Bleus, c'est Dupont.
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La défense : le vrai verrou qui bloque (encore ?) sa progression en Bleu
Moscato ne s’en cache pas : « Le jeu à ce poste ne peut pas se passer de mecs qui mettent des timbres… Il faut attaquer tous les plaquages et il est en train de le faire. » C’est ici que tout se joue. Jalibert doit encore prouver qu’il peut être aussi fiable sans ballon qu’avec. Et même si ses progrès sont nets cette saison, le staff des Bleus semble encore considérer Ntamack et Ramos comme plus “complets” défensivement.
Complémentarité avec Dupont : vrai problème ou fausse excuse ?
Le mythe du “mauvais fit” avec Dupont
Depuis plusieurs années, un refrain revient : Jalibert ne serait pas complémentaire avec Antoine Dupont. Pour Moscato, ce discours est largement surjoué : « Il faut arrêter un peu ! Tu ne tournes pas un porno ! Ils peuvent s’associer, ils peuvent s’emboîter ! » L’ancien talonneur ajoute même, non sans malice : « Je le sais, Dupont ne veut pas trop jouer avec Jalibert car il veut jouer avec Ntamack, c’est un copain de club… »
🏉 Vincent sur Matthieu Jalibert et son retour en grande forme : « C’est un artiste. Quand tu as du talent, il faut aller à la cave. Tant qu’il n’y a pas eu la cloche, ce n’est pas fini. Quand tu as un talent comme lui, il faut le retenter. » pic.twitter.com/0nV0geIIqR
— Super Moscato Show (@Moscato_Show) December 9, 2025
Provocateur ? Oui. Faux ? Pas tant que ça. La paire toulousaine fonctionne depuis des années, a gagné ensemble, et Galthié a toujours privilégié les connexions existantes. Mais faut-il pour autant considérer que Dupont – Jalibert ne peut pas marcher ? On se souvient qu'en août 2023 face à l'Australie, cette association avait donné satisfaction et apporté de l'explosivité suite à la blessure de Ntamack. "Tout n'est pas encore parfait, mais la charnière Dupont - Jalibert a fière allure et semble être une des forces de cette équipe de France", écrit même le Midi Olympique avant la Coupe du monde. On connait la suite.
Jalibert ou Ntamack : les fans se déchirent, Galthié doit trancher : qui sera titulaire en 10 avec le XV de France ?En ce qui concerne le demi de mêlée, considéré comme le meilleur élément de l'équipe pour beaucoup, on peut estimer que c'est tout à fait dans son droit. Celui d'exprimer ses préférences pour tel ou tel joueur pour maximiser les automatismes et les performances de l'équipe. Mais au bout du compte, c'est le staff qui décide.
Un traitement différent selon les joueurs ?
Là encore, les consultants s’en mêlent. Stephen Brun l’a dit sans détours : « Si Jalibert avait fait les mêmes matchs que Ntamack cet automne, on l’aurait détruit. » Un avis partagé par beaucoup : la marge d’erreur n’est tout simplement pas la même. Sans parler du fait que l'encadrement à des informations, des data, que nous n'avons pas. Sans oublier le côté humain et l'affect entre les joueurs ainsi qu'avec le staff. Des éléments qui rentrent très certainement en ligne de compte au moment de faire la liste.
Et maintenant, c’est quoi la suite pour Jalibert ?
Galthié peut-il changer d’avis ?
Moscato en est persuadé : « Galthié fera comme Deschamps avec Valbuena ou Benzema. Il est capable de revenir sur des choix si le mec a progressé. » L’argument n’est pas absurde. Le sélectionneur des Bleus a déjà montré qu’il savait réintégrer des joueurs qu’il avait écartés. Si Jalibert continue de “tamponner”, de défendre fort et de peser sur les matchs, il redeviendra incontournable, selon Moscato.
Le cas Ramos : le vrai concurrent ?
On parle beaucoup de Ntamack… mais le numéro 2 officiel, reste Thomas Ramos, même s'il préfère jouer en 15. Le Toulousain a gagné des points par sa régularité, sa polyvalence et sa fiabilité au pied. Pour Jalibert, cela signifie qu’il ne lutte pas contre un seul joueur… mais contre deux. Le consultant Éric Di Meco le dit très clairement : « Les talentueux comme ça sont clivants. Avec certains coachs ça passe, avec d’autres non. Un autre sélectionneur pourrait le kiffer à mort. » Une phrase qui a du sens. Car une chose est certaine : le talent de Jalibert ne semble pas prêt de disparaitre.
XV de France. L'âge de la maturité pour Matthieu Jalibert ? 'Il aura encore sa chance''Le Bordelais réalise sans doute son début de saison le plus abouti. Plus gestionnaire, plus mature, plus propre défensivement… tout en conservant son génie offensif. Si ce profil-là n’a pas sa place en équipe de France, alors quel ouvreur le peut ? La balle est entre ses mains… et celles d'un Fabien Galthié qui pourrait bien surprendre tout le monde cet hiver en donnant les clés du camion tricolore à Jalibert pendant le Tournoi.
