INTERVIEW. Tendai Mtawarira. Afrique, Zimbabwé, entraineur… le champion du monde a répondu à nos questions
"The Beast" Tendai Mtawarira, champion du Monde 2019 avec l'Afrique du Sud, nous a accordé un entretien exclusif.
Le champion du monde 2019 sud-africain Tendai Mtawarira a répondu à nos questions juste avant la finale de l'Africa Cup entre la Namibie et le Kenya.
  • "Salut Baptiste ! C'est "The Beast" (la bête en anglais, NDLR) à l'appareil ! Comment vas-tu mon ami ?"
  • "Salut Tendai ! Écoute ça va, mais j'avoue que tu m'effraies".

Meilleur début d'entretien possible. Le champion du monde, Tendai Mtawarira, est revenu pour Le Rugbynistère sur l'état du rugby africain, et particulièrement zimbabwéen. Né au Zimbabwé, "The Beast" connait bien le rugby de là-bas et a un avis très éclairé sur la question.

Nous sommes également revenus sur la petite forme actuelle de l'Afrique du Sud face au Pays de Galles, ainsi que le rapprochement entre le pays et l'Europe (intégration des franchises sud-africaines en Coupe d'Europe, rumeurs d'arrivée des Springboks dans le Tournoi des Six Nations). 

Que s'est-il passé samedi à Bloemfontein (lieu de la défaite des Boks face aux Gallois) ?

Oh, c'était vraiment compliqué. Tu sais, je pense que cette équipe des Springboks a bien joué, parce que c'était une très jeune équipe. Beaucoup de changements ont été faits après le premier match. C'est le moment d'essayer de nouveaux joueurs et de nouvelles choses avant la Coupe du Monde. Oui, nous avons perdu hier, mais nous avons de grandes chances pour l'an prochain. Nous devons gagner le prochain match pour gagner la série contre le Pays de Galles. Je pense que ce qu'a fait le sélectionneur de tester de jeunes joueurs était une bonne chose.

Je pense aussi, mais grâce à vous nous sommes première nation mondiale !

Hahaha. Oui, oui. Mais tant que ce n'est pas la Nouvelle-Zélande, ça va ! 

Tu attends avec impatience le France - Afrique du Sud de novembre à Marseille ?

Ah oui, ça va être un gros match à Marseille. J'espère y être également.

Justement, la Coupe d'Afrique se déroulant à Marseille et Aix, est-ce Africa Rugby qui t'a demandé de promouvoir la compétition ?

Non pas du tout ! En fait, je suis ambassadeur de France 2023. Ce sont eux et notamment Claude (Atcher) qui m'ont proposé de faire la promotion du Tournoi. Je devais participer à parler de la Coupe d'Afrique qui allait se dérouler à Marseille et Aix. J'ai participé à des évènements, notamment avec des enfants qui jouent au rugby et qui veulent devenir des joueurs professionnels plus tard. 

Qu'as-tu pensé du niveau de la compétition ?

Je crois que c'était très bien. J'étais assez impressionné du niveau d'équipes comme l'Algérie qui a joué un très beau rugby. Également le Kenya, j'ai été très content de leurs progrès. Et aussi le Zimbabwe. C'est juste dommage qu'ils aient perdu en demi-finale. Mais le niveau et la qualité du rugby a été assez bien.

Je me doute que tu es un peu déçu de la défaite du Zimbabwe en demi-finale.

Oui, c'était très décevant. Je suis né au Zimbabwe, donc je les supportais. Le match était serré, mais le futur est prometteur pour eux. De bonnes choses se mettent en place dans le rugby zimbabwéen. Il y a beaucoup de talents là-bas. Il faut juste s'améliorer encore et espérer se qualifier pour la prochaine coupe du monde en Australie.

Est-ce que tu suis le rugby zimbabwéen sinon ?

Oui, en fait, je suis davantage les écoliers et étudiants là-bas. Je me concentre sur la jeunesse et sa formation grâce à ma fondation (The Beast Foundation, NDLR). Il y a beaucoup de jeunes talents et de joueurs qui peuvent aller loin, mais le problème reste le manque d'infrastructures. La plupart des jeunes n'ont pas de structures adéquates après l'école pour continuer à s'entrainer. Donc, ils partent tenter leur chance en Afrique du Sud, Australie ou Angleterre. Alors, j'essaie de construire au Zimbabwe.

J'ai trouvé l'équipe du Zimbabwe très bien préparée durant la compétition. Comment l'expliques-tu ?

Oui, il y avait beaucoup de travail effectivement. Avec beaucoup de talents et de jeunes bons joueurs. Mais encore une fois, les joueurs ont fait des erreurs de base face à la Namibie qui ne pardonnent pas. Pour passer l'étape supérieure, il faut plus d'aide financière, plus de mécènes. Mais le futur est vraiment prometteur.

Ta fondation se concentre uniquement sur le Zimbabwe ou sur l'Afrique ?

Non sur toute l'Afrique ! Elle se focalise sur la jeunesse africaine. Je me vois moi-même représenter l'ensemble du continent en tant que joueur de rugby. Je souhaite aider les jeunes filles et garçons qui jouent au rugby dans l'ensemble du continent.

Est-ce que tu voudrais être un jour entraineur au Zimbabwe, dans l'équipe nationale par exemple ?

Hmm non, je n'ai pas d'aspiration à devenir entraineur. Ce que j'apprécie le plus réellement, c'est de travailler avec les gamins. C'est là où ma passion se situe. Alors, je pourrais aider le Zimbabwe avec des conseils pour la formation ou des stratégies. Mais pas comme entraineur.

Tu penses que le Zimbabwe peut se qualifier en 2027 ? 

Oui, j'y crois vraiment. Si on apporte de l'aide notamment dans le staff actuel, des entraineurs adjoints de qualité, avec les joueurs de disponibles, l'équipe pourra représenter le Zimbabwe en 2027 en Australie. 

Ou alors en 2031 si World Rugby décide de faire évoluer le format de la compétition en ajoutant quatre équipes, ce serait une chance supplémentaire. D'autant que c'est très bien d'élargir la compétition pour le rugby mondial.

De la même façon que l'Argentine est seule dans son continent et a du mal à progresser, l'Afrique du Sud a décidé de se tourner de plus en plus vers l'Europe. Qu'en penses-tu ?

Objectivement, nous voulons jouer contre les meilleurs. Le rugby dans l'hémisphère nord a été un grand changement pour les franchises sud-africaines dans la mesure où l'esprit rugby là-bas est importante. Financièrement également, c'est une très grande opportunité pour l'Afrique du Sud et plus lucratif comparé à l'hémisphère sud. 

Bien sûr que je souhaiterais que des pays d'Afrique se développent pour qu'elles puissent affronter l'Afrique du Sud. Mais de faire jouer l'Afrique du Sud en Europe va justement permettre à ces pays de se développer. On voit déjà des joueurs du Zimbabwe évoluer en Curie Cup ou en United Rugby Championship. C'est donc une très belle opportunité de développer des pays comme le Kenya, la Namibie ou le Zimbabwe. Cela pourrait développer de plus des compétitions locales. Espérons que nous jouerons bientôt le Tournoi des Six Nations.

Tu penses que David Pocock (ancien Wallaby devenu militant écologiste) serait content de l'empreinte carbone de l'Afrique du Sud ? Voir les joueurs passer leur temps dans des avions, ce n'est pas très écolo…

Hahahaha. Ne m'attire pas des ennuis avec David s'il te plait ! Hmm, no comment ! Il faut sauver la planète (rires).

RUGBY. Pocock, Mtawarira... ces joueurs nés au Zimbabwe devenus mondialement connus ensuiteRUGBY. Pocock, Mtawarira... ces joueurs nés au Zimbabwe devenus mondialement connus ensuite

Tu as vu Taniela Tupou soulever 180kg à la salle de muscu ? Tu peux le battre ?

Hahahaha. Ah, je crois qu'il m'a définitivement battu. Il s'entraine très dur. Il est vraiment fort et joue un très beau rugby. Je suis hyper fier de lui. J'ai déjà joué face à lui en plus. C'est l'un des meilleurs piliers de la planète actuellement.

Dernière question, qui était le meilleur pilier de la Rugby Africa Cup ?

Bornjell Gwinji du Zimbabwe. Il a été impressionnant.

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