Discipline, mauls piégés et hors-jeu : les Bleus sous surveillance stricte samedi face à l'Australie
XV de France face à l'Australie : une bataille de discipline au Stade de France lors de la tournée de novembre.
Face à l’Australie, ce ne sont pas que les essais qui compteront. Le vrai combat se jouera sur un terrain moins visible : celui de la règle.

France–Australie, attention à la discipline

Samedi 22 novembre 2025, le XV de France bouclera son automne face à l’Australie au Stade de France, dans le cadre de la tournée de novembre. Coup d’envoi à 21h10 avec Luke Pearce au sifflet, accompagné d’arbitres assistants et d’un TMO aguerris, afin de s'assurer que la rencontre se déroulera dans les règles. Le tout, dans un contexte marqué par de nombreux cartons, dont des rouges pour l'Afrique du Sud

Côté français, la discipline n'a pas vraiment été le point fort tricolore durant ces tests. Les Bleus n'ont écopé que de deux biscottes (Bielle-Biarrey et Ramos), mais ils ont été beaucoup pénalisés. En particulier face aux Fidji avec des défenseurs souvent pris par la patrouille pour hors-jeu (6). Ils seront clairement attendus et surveillés face aux Wallabies sur ce point, mais aussi au niveau des rucks.

Samedi dernier, et malgré leur bonne volonté, les hommes de Galthié n'ont pas été en mesure de ralentir les sorties de balles adverses. Laissant les Fidjiens disposer de ballons très rapides. On peut s'attendre à une bataille tout aussi féroce, voire plus, face aux Australiens. Le tout, sous l'oeil attentif du corps arbitral. Il faut rappeler à ce titre que les lois World Rugby entrées en vigueur depuis un an ont modifié la vie des mauls, des rucks… et des défenseurs.

Des règles qui redéfinissent le jeu

Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, World Rugby a validé plusieurs évolutions de loi applicables aux compétitions démarrant après cette date : conversions ramenées à 60 secondes, obligation de former la touche en 30 secondes (comme la mêlée) ou encore protection renforcée du 9 autour des mêlées/rucks/mauls.

Concrètement, pour France–Australie, cela signifie d’abord que le demi de mêlée sera mieux protégé en sortie de maul. La nouvelle rédaction de la loi précise qu’un joueur qui est, ou a été, partie du maul n’a plus le droit d’aller jouer l’adversaire (le plus souvent le demi de mêlée) qui essaie de sortir le ballon à moins d’un mètre. Sanction : pénalité. 

Ruck
Nouvelle clause 15.18
Un joueur qui fait ou qui a fait partie du ruck ne peut pas intervenir sur un adversaire qui se trouve près de ce ruck (à moins de 1 m) et qui tente d’en faire sortir le ballon 
Sanction: Pénalité

Maul
Nouvelle clause 16.18 Un joueur qui fait ou qui faisait partie du maul ne peut pas intervenir sur un adversaire près de ce maul (à moins de 1 m) et qui tente d’en faire sortir le ballon. 
Sanction: Pénalité

Pour les Wallabies, ça veut dire : soit défendre sur le 9 avec un joueur qui n’était pas dans le maul, soit accepter que la balle sorte plus proprement. On espère que Maxime Lucu, qui reprenait la compétition internationale le week-end dernier, saura exploiter ce temps supplémentaire pour servir au mieux ses coéquipiers. Ou bien en distillant des coups de pied bien sentis pour mettre les Wallabies sous pression ou occuper le camp.

En arrière-plan, les lois validées depuis un an continuent de jouer sur l’écosystème autour du maul : interdiction définitive du crocodile roll (on ne peut plus faire rouler un joueur sur ses appuis au contact) et impossibilité de choisir la mêlée sur un coup franc, deux évolutions pensées pour la sécurité et pour augmenter le temps de jeu effectif. 

Mauls et stratégies

Revenons à la base : un maul naît quand le porteur de balle est lié à au moins un coéquipier, avec au moins un adversaire également lié, le tout sur les appuis. Une fois le maul formé, l’attaque doit avancer vers une ligne d’en-but ; la défense peut reculer, résister, tenter de le faire tourner, mais plus question de s’écrouler volontairement dessous.

En attaque, le plan de jeu est connu : former très vite le maul en sortie de touche, transformer le sauteur en “coffre-fort” avec la balle qui recule à l’abri, puis avancer en bloc. On peut pivoter, changer de point de poussée, envoyer un troisième ligne glisser à l’arrière pour finir le travail. Tant que la balle reste jouable, que les joueurs restent liés et debout, l’arbitre laisse vivre.

En défense, l'idée est de tout faire pour tenter de freiner ou de désorganiser la structure. Et s’ils parviennent à tenir debout en bloquant la progression, l’arbitre peut décider mêlée pour eux si le ballon devient injouable. Là encore, tout se joue sur la ligne fine entre défense intelligente et écroulement du maul.

Les Bleus vont-ils trouver la faille ?

Si on met tout bout à bout, ces ajustements de loi renforcent encore un secteur où la France a tout intérêt à appuyer pour faire la différence : touche → maul → sanction → pénaltouche suivante. Avec une conquête qui a servi de rampe de lancement à leurs meilleures prestations récentes et une capacité à multiplier les essais après de longues séquences de pression dans les 22 adverses, les Bleus doivent tester la résistance australienne devant. D'autant que Mefaou et Flament sont de retour dans le groupe.

Sur maul offensif, rien n’empêche les Français de continuer à faire ce qu’ils savent faire : former rapidement le ballon porté en sortie de touche, garder tout le monde sur ses appuis, changer le point d’ancrage pour faire bouger la défense, et jouer la pénalité si le maul est écroulé sans raison valable. Attention cependant à ne pas passer derrière sauteur ou bien à traverser l'alignement. Deux points sur lesquels les officiels sont particulièrement attentifs. Surtout dans la zone de marque.

Face à un XV australien qui a fait le tour de la planète ovale depuis des mois, les Bleus ont tout intérêt à enchaîner les séquences et capitaliser sur la fatigue adverse. On a vu contre l'Irlande que les Wallabies avaient eu du mal à terminer la rencontre. Encaissant 3 essais dans les dernières minutes. Dans leurs derniers gros tests face à des packs de référence, les Wallabies ont déjà eu du mal à contenir les mauls adverses sans concéder pénalités ou essais. Avec des délais désormais plus stricts, chaque faute dans ce secteur risque d’être payée cash au tableau d’affichage. 

Pour regarder le match autrement : trois choses à guetter

Samedi, il y aura les regards rivés sur les essais, les duels d’ouvreurs et les chandelles dans le ciel de Saint-Denis.

  1. Les montées ultra-agressives des centres
    Sur chaque lancement, observe si le 12/13 ne part pas trop tôt. Si le ballon n’a pas encore quitté les mains du 9 et que la ligne a déjà parcouru un mètre… tu peux t’attendre à un “offside, number…”.

  2. Les ailiers côté fermé
    Sur les mêlées côté fermé, surveille l’ailier qui “triche” un peu pour couper une longue passe. S’il se retrouve devant le dernier pied de la mêlée avant la sortie du ballon, c’est hors-jeu plein pot.

  3. Les hors-jeu au pied
    Quand la France tape au pied de pression, repère les chasseurs. S’ils partent avant le coup de pied ou ne se remettent pas en jeu (pas de remise en jeu par le botteur ou un coéquipier derrière), Pearce sera intraitable sur la pénalité.

Mais il y aura aussi un autre match, plus discret : celui de la discipline, des mauls propres, des hors-jeu gérés et des rucks maîtrisés. Si le XV de France veut clôturer sa tournée sur une note positive, il devra gagner les deux à la fois. Et quelque chose nous dit que, cette fois, les supporters regarderont un peu plus souvent le geste de l’arbitre que le tableau des ralentis.

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