Coupe du monde. Rugby. Face aux All Blacks de McKenzie, Toulouse chavire pour la Namibie
Pour la première fois en 16 ans, les All Blacks posent leurs valises dans le Sud-Ouest. Terre de rugby, le territoire a profité de l'occasion pour encourager les Namibiens contre Goliath. (Crédit image : TF1)
Durant la soirée du vendredi 15 septembre, la Ville Rose était en fête pour accueillir un match aussi déséquilibré qu’alléchant : Nouvelle-Zélande - Namibie.

Ce vendredi 15 septembre au soir, les All Blacks ont facilement disposé de la Namibie à Toulouse. Peu surprenant, le score démentiel (71-3) ne fait que dresser le portrait du gouffre entre l’un des favoris et l’une des nations les plus faibles de la compétition.

Pour éviter un résumé de match aussi laborieux et redondant face à un tel score, quoi de mieux que de le vivre ? Dans l’antre la plus petite du mondial, rares sont les chanceux à avoir eu des places. Ceux ayant survécu à la file d’attente pour dégoter un billet permettant de vivre l’expérience au Stadium de Toulouse le sont encore plus. Qui plus est, les supporters, qu’ils soient namibiens, néo-zélandais ou occitans, ont rendu le spectacle des plus attrayants avant, pendant et après la rencontre.

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Ô Toulouse, ville de rugby

Dès le métro toulousain, les étrangers de passage se sont retrouvés face au même dilemme que les habitués “Vaut-il mieux sortir à Empalot ou à Saint-Michel ?” Dans une prononciation bredouillante, ils ont tenté de se décider avant de finalement suivre le flux de locaux. Car oui, les All Blacks attirent petits et grands. Dans le Sud-Ouest, région du rugby par excellence, la meilleure équipe de l’histoire n’y dépose pas ses bagages tous les quatre matins. Cette venue a le don de faire bondir les minots et de mettre les aînés en jambes, une aubaine dans la ville où même les mémés aiment la castagne. Certains supporters Rouge et Noir ont laissé l’écarlate au placard le temps d’un soir. Ils gardent seulement la teinte sombre qui accompagne le coucher du soleil et le vêtement de l’Aotearoa.

Toulouse et son Stadium retrouvent les All Blacks après 16 ans. (TF1)

Au Stadium, les tribunes se gonflent de monde. Bière à la main, les plus impatients viennent regarder les échauffements des deux équipes. La présentation des joueurs sur les écrans géants provoquent une ferveur particulière. Si aucun patronyme namibien n’a fait lever les foules, quelques mentions de All Blacks ont stimulé les spectateurs. Ainsi, le public toulousain a réservé une ovation à Beauden Barrett et Aaron Smith. De plus, une attention spéciale est observée envers Nepo Laulala. Un accueil logique pour le pilier qui évoluera au Stade Toulousain dès l’hiver.

À l’arrivée des joueurs, des hymnes classiques sont entendus, pas de chorale en canon pour l’occasion. Mais pas de crainte pour les pitchouns qui devaient normalement s’égosiller, ils profitent du match en tribune (presque) à l’abri de la pluie. Vêtus d’un haut blanc, ils auront même l’occasion de profiter d’un spectacle inoubliable : le Haka. Pour l’occasion, les Néo-Zélandais réalisent le Kapa o Pango, habituellement réservé aux cadors. Face à d’autres têtes vêtues d’un haut nacré, mais un peu plus âgées, Aaron Smith et ses coéquipiers lancent les hostilités. Pour ce rituel, les “shhh !” font taire les derniers sifflets du Stadium, afin de profiter au mieux.

Avec la même idée, la passion locale s’est fait sentir dès l’entame. Au premier coup de sifflet, une vague de “Toulousains ! Toulousains !” est venu marquer le territoire local. De plus, les aficionados du coin ont rapidement choisi quel camp supporter parmi les deux proposés. Le Stadium encourage la Namibie à la 5ᵉ minute pour le premier temps fort des outsiders. Dès le début, l’Ile du Ramier se prend d’affection pour le (très) Petit Poucet du jour. Les chants “Namibia ! Namibia !” vont prendre vie et ne jamais quitter l’ambiance du Stadium jusqu’au coup de sifflet final.

En début de match, les supporters namibiens font vibrer le virage Christophe Revault. En général, Brice Taton a plus de voix dans l’antre des Violets, mais qui sait, l’issue du match est-elle aussi prévisible que stimulante ? Preuve de l’engouement inattendu pour une rencontre dont le score paraît déjà connu d’avance, l’autre versant de l’étendue verte entonne aussi le nom de la nation africaine.

À la 18ᵉ minute, l’horreur survient. Une grave blessure touche l’un des centres namibiens avec un plaquage pourtant anodin sur Beauden Barrett. À ce moment, la vision de la jambe déformée du joueur provoque des frissons dans le stade. Les tribunes se taisent avant de spontanément se lever et applaudir pour venir en soutien. La civière arrive et l’évacuation a lieu. Face à un rêve de mondial brisé, les 31 996 soutiens toulousains pèsent tout de même un certain poids. En sortant, Malan Le Roux fait un signe au public. En conférence de presse, le sélectionneur évoque une “grosse entorse de la cheville”, mais Allister Coetzee nuance son diagnostic en précisant : “je dis ça seulement d’après ce que j’ai vu sur le terrain”.

La météo néo-zélandaise s'est invitée au Stadium. (TF1)

Fine, mais au débit important, la pluie s’invite dès les premières minutes du match. Des conditions qui n’empêchent pas les All Blacks de vouloir dérouler. Dès le quatrième essai de ces derniers, la drache s’intensifie encore un peu plus. Elle oblige quelques spectateurs à revêtir leurs imperméables, quand d’autres montent les escaliers des virages pour trouver refuge plus haut dans les tribunes. Pour se réchauffer et faire valoir l’identité du département, une Marseillaise retentit à la 31ᵉ minute. Le territoire des Haut-Garonnais est connu. Pour le retour des All Blacks dans le Sud-Ouest, l’occasion était immanquable. Comme pour marquer son territoire, le public du Stadium chante l’hymne à la 31ᵉ minute.

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Et le Stadium s’anima pour la Namibia…

À la mi-temps, les amateurs d’ovalie filent aux buvettes ou, en réponse, aux toilettes. Sur le pré, les jardiniers s’activent pour essayer de gommer les quelques imperfections végétales qui se font voir. En parallèle, les premiers avis s’échangent sur le match. Les spectateurs restés en tribunes discutent avec leurs voisins, entre deux bouchées d’un sandwich mouillé par la pluie, pendant que les animations du Stadium prennent place.

En deuxième période, le suspens s’est envolé au même titre que la pluie. Les quelques gestes de All Blacks et les Hola réveillent le Stadium qui s’endort. Étonnamment, le public s’habitue aux pirouettes acrobatiques des anciens champions du monde. Les sorties de Rettalick et Barrett provoquent une petite vague d'applaudissement. Les deux anciens meilleurs joueurs du monde font face à un public de connaisseurs.

À l’heure de jeu, le Stadium a explosé quand les Africains ont trouvé une touche à 10 mètres de l’en-but all black. À chaque impact des joueurs en blanc, les travées explosaient. Plutôt reconnus pour leur jeu d’avants, les Namibiens essayent tout de même d’envoyer au large. Face à cette ferveur populaire, ils n'en revenaient pas. Après la rencontre, le sélectionneur et le capitaine des hommes en blanc ne démordaient pas : "Ce soutien était incroyable et inattendu. Entendre tout le stade chanter le nom de notre pays derrière nous quand on jouait les touches... Toulouse est une ville de rugby, on sent qu'on a affaire à un public qui aime ce jeu."

L’issue du match étant déjà scellé, ils veulent s’offrir un moment de gloire d’une envergure à leur mesure. Malheureusement, le cuir leur échappe à quelques mètres de la ligne et les Néo-Zélandais les renvoient dans leur camp. Ainsi, l’euphorie aura été de courte durée. Bis repetita quelques minutes plus tard avec une perte de balles des coéquipiers de Samuel Withelock et un gros caramel namibien.

Dans l’ultime quart d’heure, le public se prend d’une affection folle pour les Namibiens. Fiers et volontaires, ils créent une passion inattendue à chaque mètre gagné. Malheureusement pour eux, les All Blacks ne ralentissent pas. Clarke et Ioane s’enfuient dans l’en-but et prolongent la performance de leurs coéquipiers. Face au média, Ian Foster s’est immédiatement targué d’un : “Le job a été fait.” Simple. Efficace.

L’expulsion “frustrante” d’Ethan de Groot change peu de choses à la dynamique générale. Les triples champions du monde s’harmonisent et jonglent avec le cuir d’une facilité qui leur est propre. En face, personne n’a réussi à entrer en Terre promise, mais malgré quelques ballons croqués et surnombres oubliés, le Stadium n’a jamais lâché ses poulains du jour. Après le match, le capitaine n’a pu s’empêcher de mentionner “l’incroyable soutien qu’ils ont reçu”. Le tout, alors qu’ils affrontaient l’une des formations les plus populaires de la planète.

Cependant, les Welwitschias, eux, ne risquent pas de connaître le même soutien du côté du Vélodrome. Face aux Bleus du rugby, ils s’envolent vers un autre stade de foot, mais bien plus hostile. Après avoir fait face au Haka, place à la furia.

Il y a les amourettes d'été et les amourettes d'un match... (TF1)

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