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COUPE DU MONDE. ANALYSE. Quelle menace représente l'Afrique du Sud pour le XV de France ?
Le XV de France décroisera le fer avec les Springboks, dimanche soir à Paris. Crédit photo (TF1)
Champion du monde en titre, l'équipe de Jacques Nienaber va défier le XV de France pour le quart de finale. Penchons sur cette rencontre qui risque d'être explosive.

Comment prendre ces Springboks ?

La Coupe du monde de rugby a quelque chose de merveilleux et décuple les émotions de tous les fans. Comme aimait le répéter Bernard Laporte « pour être champion du monde, il faut gagner 3 matchs ». La formule paraît simpliste mais elle prend tout son sens à partir de ce jour. En effet, il reste aux français à remporter trois rencontres avant de soulever la coupe. 

Les Sud-Africains avec leur jeu archi-physique ont impressionné depuis le début de la Coupe du monde, et l’on se demande bien si ceux ci sont vraiment prenables ? Éléments de réponse. 

Qui sont-ils ? 

L’Afrique du Sud, c’est déjà 3 Coupes du monde glanées. C’est une nation qui sait gagner et notamment en France (victoire en 2007 face aux anglais en Finale). Coté statistiques : cette équipe est la plus âgée de la compétition avec notamment dix-neuf trentenaires dans le squad. À noter qu’en plus d’être âgée, celle-ci est ultra expérimentée et se connaît sur le bout des doigts. Pour preuve, ce chiffre éloquant qui montre que dix titulaires en Finale en 2019 étaient présents contre l’Irlande cette année. Vous avez dit pérennité ? 

Au delà de ces données statistiques, l’Afrique du Sud a également su faire évoluer son jeu. 

Une palette enrichie : un jeu de destruction mais pas que… 

Nul match de rugby se gagne dans ces galaxies sans mettre les deux ingrédients que sont l’intensité et le combat. Et les coéquipiers de Kolisi le savent mieux que quiconque. Cet ADN de défi physique colle à la nation arc-en-ciel depuis toujours. Les Français en ont conscience : inutile de se présenter dimanche soir si le curseur de combativité n’est pas à 150%, minimum. Cependant, il faudra savoir contenir son énergie et ne pas déborder afin d’éviter un carton rouge qui plomberait grandement les chances de victoire. Les Bleus, accompagnés de Jerome Garcès dans le staff, ont abordé ce point cette semaine. Dans le rugby moderne, le carton jaune modifie la rencontre, le rouge quant à lui réduit quasiment à néant les chances de victoire. Messieurs les acteurs, pour le bien du spectacle et que la fête soit belle : allez-y gaiement mais sans franchir la ligne rouge. 

Ayant passé ce point législatif, on constate que les Sud-Africains ont enrichi leur palette. Ainsi, on s’aperçoit qu’ils réalisent plus de passes qu’en 2019, et qu’ils utilisent moins de jeu au pied également. La seule ombre au tableau, porte sur leur réussite aux tirs aux buts qui est bien en deçà des standards internationaux (seulement 20% de réussite face aux Irlandais). Ce point doit néanmoins être réglé par le retour de l’artificier Pollard qui devrait débuter selon toute vraisemblance avec le numéro 10 dans le dos. 

Une chose est sûre, dans le jeu courant, c'est assez simpliste, certes, mais diablement efficace. En effet, Damian De Allende est utilisé au centre du terrain comme plate-forme de lancement et perforateur de la défense adverse. Un des grands enjeux de la rencontre consistera à bloquer cette avancée. Jonathan Danty aura la lourde tâche de canaliser son vis-à-vis, tandis que notre troisième ligne devra protéger du mieux possible Matthieu Jalibert, qui sera à n’en pas douter dans le viseur sud-africain. 

Une fois le centre du terrain gagné, deux options sont généralement utilisées par le chef d’orchestre Faf De Klerk: 

  • La première : jouer dans le sens avec une deuxième lame de destruction avec une cellule d’avants.
  • La seconde : si l’avancée n’est pas significative, ce dernier n’hésite pas à arroser de jeu au pied de pression, l’arrière-garde adverse (que ce soit plein axe sur l’arrière ou dans les couloirs sur les ailiers). Kolbe et Arendse étant redoutables dans le jeu aérien, cela permet aux Boks de gagner des mètres et d’exercer une pression constante sur l’adversaire. 

Tout l’enjeu pour nos Bleus sera donc de contenir ce centre du terrain (chose que peut bien évidement réussir à faire notre paire de centre Danty-Fickou) et de bloquer ce jeu aérien. Néanmoins, cette mission semble être à la portée de notre triangle arrière Penaud, Ramos, Bielle-Biarrey qui disposent déjà d’un avantage en taille sur leurs adversaires. 

Une fois ces éléments étudiés, l’autre point fort sud-èafricain tient à leur système de défense et de conquête. 

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Une défense dense particulièrement efficace

Leur défense d’abord possède la particularité d’être diablement efficace car celle-ci est d'une densité rare. Les Sud-Africains sont massifs, certes, mais ils sont aussi nombreux au mètre carré. Ainsi les attaques viennent se fracasser contre ce mur vert inlassablement. Les Sud-Africains plaquent, se relèvent très vite et ne se consomment pas dans les rucks. Seuls quelques joueurs ont tendance à mettre les mains, à savoir Mbonambi, De Klerk et Wiese.

Il est à noter que cette densité au milieu du terrain entraîne la création d'espaces libres dans le couloir des 15m. Ceci étant conjugué à leur « rush » défense en inversée qui cherche à plaquer l’adversaire loin dans son camp. Cela permet aux Springboks de gagner une nouvelle fois du terrain et jouer dans l’avancée. Tout le défi des Français consistera à réussir à reculer suffisamment pour faire la passe supplémentaire afin de contourner cette défense. La prise de la profondeur sera déterminante pour nos Bleus.

Flament, Woki ou Ollivon sont parmi les avants, ceux qui peuvent permettre de faire la différence même face à des trois-quarts grâce à cette fameuse passe de « plus ». La passe au pied (très utilisée face aux Italiens) sera également un outil redoutable tout comme le jeu au pied par dessus afin de ralentir les montées adverses. 

Enfin concernant leur défense, celle-ci étant exclusivement dans l’avancée, la tendance est plutôt à ce que les défenseurs alimentent dans le sens du jeu. Deux armes sont à disposition des Tricolores, à savoir l’utilisation d’une longue passe à plat pour l’ailier en renversement dont Antoine Dupont a le secret. Et le renversement sur un deuxième ou troisième temps de jeu en utilisant les qualités intrinsèques de Matthieu Jalibert capable de mystifier 2-3 adversaires sur un cadrage débordement. Les Bleus possèdent les qualités techniques et physiques pour réaliser tous ces gestes. 

Enfin, il convient de présenter leur arme redoutable qu’est leur conquête. 

COUPE DU MONDE. Anthony Jelonch, le ''SUD-AF'' dont le XV de France aura bien besoin face aux SpringboksCOUPE DU MONDE. Anthony Jelonch, le ''SUD-AF'' dont le XV de France aura bien besoin face aux Springboks

Une conquête dominatrice et notamment la touche 

L’Afrique du Sud, en plus de mettre un combat de tous les instants et d’avoir quelque peu élargi son jeu, s’appuie bien évidemment sur ses des basiques. Une conquête de grande qualité et notamment un alignement ultra efficace et hyper perturbateur sont ses principales forces. Leur mêlée est dominatrice sur ses introductions. Et cela ne s'arrange pas lorsqu'ils font entrer 5-6 joueurs à l’aube d’une mêlée face à des adversaires déjà usés grâce à leur banc en 7-1. Cependant, on a vu cette mêlée verte encaisser des pénalités par moment contre les Écossais et les Irlandais. 

Leur point fort se trouve surtout au niveau de la touche. Avec des éléments comme Du Toit, Etzebeth ou Mostert qui culminent à plus de 2m chacun, il est vrai qu’ils disposent de quelques arguments à faire valoir. Snyman est aussi une solution de taille. 

Encore une fois, leur touche est redoutable grâce à une strategie assez simple mais très efficace qui tient en deux points : la plupart de leurs alignements sont disposés en 1-3-3 avec deux blocs de sauts en milieu et fond de touche. Ils laissent alors un joueur devant en face du premier bloc. De cette manière, ils obligent le lanceur à faire un choix. Soit un lancer en première intention, plutôt simple techniquement mais qui ne permet pas de lancer le jeu derrière directement et qui s’expose à être propulsé en touche en cas de maul. Soit un lancer fond de touche, plus compliqué techniquement, qui oblige le talonneur à lancer à 17m en lobant les deux autres sauteurs.

Cette strategie qui contraint à faire un choix leur a permis de récupérer pas moins de cinq ballons face aux Irlandais. La clé sera donc de varier les alignements en n’hésitant pas à réduire le nombre, à utiliser des lancements novateurs avec des faux-mauls et également des lancers premier bloc en utilisant le ballon porté pour aller défier ces Boks et que l’on puisse lancer notre cavalerie derrière. L’idée sera donc de varier les plaisirs et de limiter la mise en difficulté nos talonneurs avec des lancers a plus de 15m. Encore une fois, les Bleus avec leurs sauteurs préférentiels que sont Ollivon, Woki ou Flament en sont tout à fait capables. Ajoutons à cela que le talonneur remplaçant Deon Fourie de Mbonambi n’a pas la même qualité de lancer que ce dernier car il est troisième ligne de formation. Sur une fin de match tendue, cela pourrait avoir son importance au moment d’utiliser une dernière munition. 

D’autre part, l’axe droit bleu avec notamment Atonio, Flament et Jelonch, vraisemblablement, peut faire souffrir la mêlée sud-africaine et obtenir quelques pénalités.

Là encore, les Boks semblent très bien organisés sur les fondamentaux, néanmoins les Français ont les armes et les clés pour faire déjouer cette équipe. Et ce d’autant plus en axant sur nos points forts. 

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Ne pas renier nos principes de jeu 

En effet, il ne faut pas oublier que les Tricolores sont favoris dimanche. Et comme l’a toujours répété Fabien Galthié, il faut appuyer sur nos points forts que sont le jeu de passes et de vitesse. Ainsi, nous devrons respecter les principes fondamentaux et notamment utiliser la longueur de jeu au pied dont disposent Thomas Ramos, Antoine Dupont et Matthieu Jalibert. 

Ensuite, il sera indispensable de jouer nos duels et d’attaquer les épaules extérieures. Là encore, le XV de France pourra s'appuyer de Danty, Alldritt, Jelonch ou Atonio peuvent rivaliser dans la collision tandis que Dupont, Jalibert ou Penaud peuvent traverser la défense dans l’évitement. 

Il faudra alors occuper, batailler mais surtout jouer, déplacer le ballon en osant prendre des risques, qui s’avéreront payant. Le 16ème homme saura jouer son rôle dans un stade de France plein à craquer. 

Les enfants jouent au rugby, ils ne détruisent pas au jeu de rugby. Il serait bon de rappeler ces principes au Springboks. Nos Bleus ont les moyens de le faire. Alors jouons et nous vaincrons !

COUPE DU MONDE. Que pensent les Sud-Africains du quart de finale face au XV de France ?COUPE DU MONDE. Que pensent les Sud-Africains du quart de finale face au XV de France ?

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Pendant le match de l'automne 2022, on sentait, et les joueurs français l'ont confirmé après le match, que les contacts étaient beaucoup plus appuyés que dans n'importe quel autre match.
Les Sudafs par contre dans les commentaires après match avaient parlé d'un match normal.

Il faut relever d'abord ce défi.
En défense, ne pas subir, juguler leurs mauls, ne pas se faire pénaliser dans les rucks. C'est la base pour pouvoir développer notre jeu.

Et en attaque, la qualité techniques de nos joueurs doit faire la différence

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