Ballon ovale, partage, solidarité : Rugbyna Faso continue son beau combat
Le combat continue pour Rugbyna Faso.
L'association Rugbyna Faso continue son beau combat. Pendant dix jours, deux rugbymen français se sont notamment rendus sur place.

Souvenez-vous. Il y a deux ans, on vous parlait de Rugbyna Faso, "une belle aventure rugbystique mais avant tout, humaine" lancée par Adrien et Kevin, deux sportifs passionnés par les échanges interculturels. Le but de l'association ? Prôner l'échange à travers le rugby, et faire évoluer certaines mentalités à travers les valeurs qu’il peut véhiculer, comme le partage, la solidarité, le respect... 

Rugbyna Faso : le superbe projet d'Adrien et Kevin, entre ballon ovale et échange interculturelLe combat continue. Pendant dix jours, deux rugbymen tricolores se sont rendus sur place auprès des enfants : Vincent Mallet, demi d'ouverture de Massy (six matchs de Pro D2 cette saison) et Antoine Yameogo, ailier de Clamart (Fédérale 2) et international burkinabé, qui avait notamment accueilli les caméras de Canal+ l'an passé.

VIDEO. Au cœur des étalons du Burkina Faso : la très bonne mini-série sur le rugby burkinabé

En compagnie du premier nommé, retour sur une belle expérience… qui en appelle d’autres.

Raconte-nous un peu le début de cette aventure, et la naissance de ce projet d’aller au Burkina Faso.

Antoine est un ami. Il a joué avec mon frère, on s’est connus au Stade Français et au pôle Lakanal. L’année dernière, il m’avait raconté son parcours après être parti jouer avec son équipe nationale, mais aussi avoir aidé au développement du rugby. Ça m’avait donné envie, parce qu’on a tous la volonté, dans notre vie, de faire quelque chose pour les autres. Et le faire avec le rugby, je trouve ça encore plus intéressant : ça a plus de sens pour moi.

Cette année, les dates tombaient bien : dès qu’on a su qu’on pouvait partir ensemble, on a pris les billets ! Maintenant, j’ai été assez spectateur. En soit, à part prendre mes billets, accompagner Antoine et essayer de partager un maximum, je n’ai pas eu grand chose à faire, si ce n’est demander à des amis de Massy de ramener un peu de vêtements. Le fait d’aller là-bas, et de se rendre compte sur place que tu peux vraiment faire changer les choses avec très peu d’efforts, ça donne envie d’être plus acteur par la suite.

Avant d’évoquer la suite, explique-nous les actions que vous avez pu entreprendre sur place.

On est arrivés à Ouagadougou le soir à 23h30, il faisait déjà 38 degrés ! Là, tu comprends que ça va être difficile (Rires). Le lendemain, on est allés dans un orphelinat pour donner du matériel, des ballons, jouer avec les enfants, leur faire faire un peu de travail spécifique comme des exercices de passes. C’était le premier contact avec des jeunes, et j’ai trouvé ça vachement beau : ce qui m’a marqué, c’était à quel point il prenait du plaisir à jouer, et à quel point ils apprécient des choses simples. On pourrait s’apitoyer sur leur sort, parce qu’ils n’ont peut-être pas les mêmes conditions de vie qu’en France, mais ils sont tous super heureux, très souriants, respectueux, à l’écoute… On s’est sentis privilégiés de leur transmettre un petit peu de ce qu’on sait.

Sur quelles tranches d’âge êtes-vous intervenus ?

Les petits à l’orphelinat avaient entre sept et onze ans, garçons comme filles. D’ailleurs, les filles adorent le rugby : au premier entraînement, elles n’avaient pas joué, mais au deuxième, elles se sont toutes réunies pour pouvoir faire une équipe ! On est aussi allés au club de la Patte d’Oie, avec des internationaux locaux, mais aussi des petits du club.

On est aussi allés à Bobo-Dioulasso, une ville plus au sud, où on a joué dans une école avec des enfants de dix à dix-huit ans. Là, il y avait vraiment un très bon niveau. On a axé le travail sur le 7, parce qu’ils vont avoir une compétition en septembre : les JO de la jeunesse africaine, à Alger, où Antoine se rendra. C'est énorme d'être convié à ce type d'événements, jouer contre des équipes comme l'Afrique du Sud, la Namibie, le Kenya... Ce sera une grande source de progression. La discipline est aussi un bon moyen de développer le rugby. Il y a plus d’espace, c’est plus agréable à jouer, les règles sont moins compliquées… En plus, ils ont un vrai potentiel : à 7, la technique est importante, mais certaines nations sont performantes sans avoir les joueurs les plus techniques au monde. On a fait une vraie opposition avec les joueurs, et vraiment, le niveau était assez impressionnant. On ne se rend pas compte, mais les joueurs ne s’enlèvent pas, ils sont tous très motivés.

On a joué sur la terre. Heureusement, il a plu et elle était un peu plus meuble, mais la veille, ça ne leur avait pas posé de problème ! Quand on voit qu’on se plaint quand on joue sur synthétique parce que ça frotte un peu… Eux, ils tombent sur des pierres, ils se relèvent sans rien. On se rend compte qu’on est un peu fragile.

Le rugby, ça représente quoi pour eux ?

Ils le connaissent, même si le foot reste le sport roi. Ils le connaissent, parce que le Burkina a gagné le championnat l’année précédente, ça parle un peu plus. Le rugby est pratiqué dans les écoles sur place, et il plaît car il est associé à des valeurs qui leur parlent : le combat, le partage, l’effort. Ils sont tellement intègres, que c’est un sport qui leur convient.

Qu’est-ce qui freine le développement de ce sport ?

Les éducateurs, il y en a beaucoup. Pour qu’il y ait une progression, il faut aussi leur transmettre ce qu’on a appris en France à notre niveau. Mais ce qu’il manque surtout, c’est le matériel. Il faudrait que chaque club puisse avoir dix, quinze ballons. On ne demande pas à ce que chaque club ait cinq jeux de maillots différents, mais si on pouvait avoir de quoi courir et des ballons, ce serait déjà bien. Pour donner un exemple, quand ils n’en ont pas, les enfants continuent de jouer, mais avec des canettes.

On peut imaginer que la France s’intéresse à ce potentiel burkinabé, pour servir l’intérêt des clubs, mais surtout aider au développement du rugby local ?

Carrément ! Il y a des joueurs qui sont capables d’évoluer en France, avec une formation et un encadrement. Eux, ils n’ont qu’une seule envie : réussir dans le rugby, pour aller en France. Un peu comme certaines générations qui voulaient “s’en sortir” par le foot. “S’en sortir” entre guillemets, parce qu’ils ne sont pas malheureux là-bas. Mais avant chaque entraînement, ils ont cette volonté d’être meilleur, pour réussir - peut-être, un jour - à aller en France, et jouer à un bon niveau. Ils sont intéressés. Comme aux Fidji, il y a beaucoup de joueurs au profil ailier/centre, mais ils peuvent aussi avoir de très bons 2èmes ou 3ème-lignes, qui plaquent, se relèvent vite… Ils sont tous très athlétiques, capables de tenir des courses impressionnantes alors qu’il fait 40 degrés dehors !

La suite, c’est quoi pour l’association ?

Pour l’association, Adrien y retourne deux mois pour ramener du matériel, et encadrer les éducateurs. Nous, on ne peut pas être tout le temps sur place, mais il faut que les personnes sur place soient capables de leur apprendre et travailler des points. Il faut que ça fasse l’effet boule de neige : que les écoles continuent de faire du rugby, que ça donne envie à celles qui n’en font pas de s’y mettre… Plus le sport gagnera en popularité, plus le gouvernement voudra donner des terrains en ville pour créer des terrains.

Rugbyna Faso et ses éducateurs vont continuer à s'investir, comme pour le festival d'intégration sociale des enfants par le rugby, qui a été une magnifique réussite et permettant à des centaines d'enfants venant de zones différentes de se retrouver.

Ça part de là, mais ça part aussi de nous, parce qu’on peut amener le matériel qu’ils n’ont pas, ou même donner de l’argent - les dons sont défiscalisés - pour faciliter leur quotidien et aider les personnes sur place.

Et à titre perso ?

Moi, j’ai envie d’y retourner, pourquoi pas un peu plus longtemps, et pourquoi pas aux mêmes dates, parce qu’il y a moins de moustiques ! (Rires) J’ai rencontré des personnes géniales et j’ai envie de voir comment les gens ont progressé, voir les hommes évoluer et grandir. C’est quelque chose qui marque. En attendant, si, à mon échelle, je peux faire des actions en France…

Il y a beaucoup de joueurs qui donnent des maillots, signés par leurs coéquipiers. Ces maillots, on peut les vendre aux enchères, parfois jusqu’à 400€. Ça permet de récolter des fonds pour l’association pour - notamment - payer des éducateurs sur place. C’est une énorme aide. Je pense aussi aux clubs, qui changent régulièrement de dotations, lorsqu’ils changent de sponsors ou de collections d’une année à l’autre : ce serait bien de réussir à récupérer des lots neufs pour les envoyer. Et il n’y a pas que les clubs pros : beaucoup d’équipes de rugby amateur donnent et aident… C’est la différence entre eux et nous : ici, on a tout à disposition. Eux, ils n’ont rien, ne serait-ce qu’une paire de crampons correct. Ce sont des petits gestes, qui font des grosses différences.

Si des sportifs sont intéressés pour aller là-bas, qu’ils n’hésitent pas ! On vit quelque chose de vraiment sympa.

L'adresse de l'asso' pour envoyer du matériel : 32, rue Paul Riquet - 31000 Toulouse // Contactez Vincent Mallet ou Antoine Yameogo pour les maillots dédicacés

Retrouvez Rugbyna Faso : 

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  • epa
    39003 points
  • il y a 6 ans

Merci aux bénévoles et à vous pour cet article.

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