Attaque de requin, drame familial : le parcours hors du commun de Sitaleki Timani
Le colosse Sitaleki Timani a dû lutter pour survivre durant son enfance.
Sitaleki Timani, deuxième-ligne de Clermont, a vécu un parcours de vie chaotique dans son enfance avant de trouver refuge dans le rugby.

Il y a des histoires qui sortent parfois du cadre du réel, qui paraissent totalement folles, et qui pourtant, malheureusement ont bien eu lieu. C'est le cas de Sitaleki Timani, 34 ans, deuxième-ligne de Clermont, au passé tourmenté. Débarqué en 2016 en Auvergne après un passage à Montpellier, du haut de son double mètre 03 et ses 118 kilos hors taxe sur la balance, Sitaleki Timani est aujourd'hui l'un des joueurs incontournables de l'effectif de Franck Azéma. Le deuxième-ligne, né au Tonga mais international australien aux 18 sélections entre 2011 et 2013, n'a cependant pas connu un parcours de vie facile avant de s'épanouir sur les près. Comme il l'a confié en fin d'année dernière sur le site de son club, il a dû lutter pour survivre. Petit retour en arrière. Sita n'a alors que sept ans et vit au Tonga, dans le village de Navutoka. Il est issu d'une famille nombreuse, quatre soeurs et deux frères, tandis que sa mère tient une épicerie et que son père plongeur professionnel, s'entretenait à la plongée sous-marine, et à la pêche en haut-fond pour une grande compagnie comme le rapporte le site de l'ASM. Malheureusement un funeste jour, alors que ce dernier pêchait dans les eaux du Pacifique, un problème mécanique toucha la bouteille d'oxygène qui le reliait au bateau. Sita appris la mort de son illustre paternel à l'hôpital quelques heures plus tard : ''Mon père est mort à l'hôpital, j'avais sept ans. Nous nous sommes retrouvés seuls avec ma mère, mes deux frères et mes quatre soeurs. Sans l'aide financière de mon père, le magasin de ma mère n'a pas tenu longtemps avant de faire faillite.'' Le début des ennuis. 

Outre l'immense tristesse de la perte de son père, Sita a ensuite connu la pauvreté, et ce malgré l'aide financière des différents membres de la famille : ''Pour nous, il était normal de ne pas avoir de petit-déjeuner. Nous nous levions, nous avions faim mais il n'y avait rien à manger. Alors on partait à l'école. Parfois nous n'avions même pas assez d'argent pour payer un ticket de bus, on essayait de faire du stop, et quand ça ne fonctionnait pas, nous marchions vers l'école avant de revenir par les mêmes moyens'', déclare-t-il à asm-rugby. 

Attaque de requin puis départ en Australie

Les enfants Timani ont donc dû trouver le moyen de se débrouiller, et ce malgré le marasme financier dans lequel ils étaient plongés. Outre la mort de son père, et cette trace indélébile à jamais gravée en lui, Sita a connu d'autres expériences malencontreuses, notamment quatre ans plus tard, lorsqu'il fut victime d'une attaque de requin. Ce jour-là, accompagné de son frère Sione, ancien international tongien, il avoue avoir frôlé la mort. Alors qu'il part se baigner au large, il ressent dans un premier temps une terrible douleur dans la jambe, avant d'essayer tant bien que mal de regagner le rivage : ''Après la première morsure je n'avais qu'une idée en tête : nager le plus vite possible jusqu'à la plage. Nous étions au large mais nous nagions vite et la plage n'était plus très loin.'' Sita l'a alors bien compris. Il venait de se faire mordre par un requin et ce dernier ne tarderait pas à repasser à l'attaque. Ce qui se passa. Une nouvelle morsure vers l'estomac peu de temps après. Sita ensanglanté parvint cependant à se défaire du requin. Dans les bras de Sione, et sous les yeux de Lopeti son petit frère aujourd'hui à La Rochelle et également international australien, Sita regagne cahin-caha la plage. Il précise pour son club : ''Je saignais beaucoup et j'ai dû être conduit à l'hôpital le plus proche où les médecins m'ont recousu la jambe, suturé mon estomac, une partie de mon ventre en interne et ont refermé mes plaies''. Un témoignage édifiant. 

Une fois cette enfance au scénario à peine croyable passée, Timani rejoint l'Australie à seulement 15 ans, en s'engageant pour une équipe de foot. Oui vous avez bien compris, ce colosse a dans un premier temps goûté au ballon rond, avant de revenir aux Tonga et cette fois-ci dévier vers la balle ovale et ses rebonds capricieux et incompris. À partir de ce moment-là, Sitaleki Timani ne quittera plus jamais le microcosme rugbystique. Mieux encore, il s'envole de nouveau pour l'Australie peu de temps après et s'engage avec les moins de 20 ans de la Western Force. Il est tout juste majeur, alors aux prémices de sa carrière rugbystique, et souhaite avant tout pouvoir aider sa famille à travers son sport. Ce n'est que plus tard, que Timani se rendra compte qu'il pourra vivre de sa passion : ''On peut gagner cet argent seulement en faisant un sport que l'on aime ! J'étais jeune, mais avec l'argent qu'on me promettait, je pouvais manger autant que je voulais au Tonga, m'acheter ce dont j'ai besoin et penser à ma famille en étant sûr que personne n'ait faim''. Une première pour lui, mais aussi pour ses frères. Eux aussi devenus professionnels, la famille Timani pouvait enfin entrevoir une once de lumière, après d'innombrables années passées dans le brouillard et la pauvreté. Tout jeune, il assure donc la pérennité des siens et arrive à subvenir à leurs besoins. Aujourd'hui, il se sent redevable envers le rugby, qui l'a sorti d'une situation des plus précaires : ''Quand on est passé par les années que j'ai vécues, il n'est pas très difficile de se convaincre de faire les efforts nécessaires et tout donner sur le terrain afin de jouer le plus longtemps possible. Le Rugby a changé ma vie de la meilleure des manières.'' Il précise avoir pu faire voyager sa mère et ses soeurs à travers les différentes villes d'Europe. Il connaîtra également les joies de porter les couleurs de la sélection nationale australienne. Une histoire inspirante, pour un colosse qui mérite respect et admiration. 

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J'avais deja énormément de respect pour ce garçon mais quand on voit la volonté avec laquelle il s'en est sorti ( comme pas mal d'iliens du pacifique ), ça force l'admiration. Beaucoup auraient des leçons a prendre ( dont moi parfois )...

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