Marius Chapel, de Rumilly à la Sharks Academy
Marius Chapel, de Rumilly à la Sharks Academy.
En juillet dernier, Marius Chapel, jeune pilier du FCG a rejoint la Sharks Academy. Une expérience enrichissante d'un point de vue sportif et humain.
En juillet dernier, Marius Chapel, jeune pilier du FCG a rejoint pendant plusieurs mois la Sharks Academy, l'école de rugby d'une des franchises sud-africaines de Super Rugby. Une expérience enrichissante d'un point de vue sportif et humain sur laquelle il revient pour le Rugbynistère des affaires étrangères.

Quel est ton parcours rugbystique ?

Je suis arrivé au rugby un peu tout seul. Lorsque j'avais huit ans, mon ostéopathe m'a dit qu'il fallait que je fasse un sport. Moi j'ai répondu que je voulais faire du rugby mais que ma mère ne voulait pas, alors qu'on n'en avait jamais parlé. Elle m'a donc mis au rugby du côté de Rumilly. Quatre ans plus tard, je suis allé à Annecy pour jouer avec les copains et parce qu'il y avait un bon entraîneur. On avait une grosse équipe. On jouait le haut de tableau régional contre Grenoble ou encore Clermont. On a notamment participé à la finale du Super Challenge à Toulouse. Cette année-là, j'ai été détecté pour faire les tests au pôle espoirs à Villefranche, puis retenu avec l'équipe de France U16 après avoir passé les sélections l'année dernière.

Comment as-tu intégré la Sharks Academy ?

Un ami de mon père a des contacts en Afrique du Sud, et notamment avec les Springboks, de par son travail. Il m'a proposé de faire un stage aux Sharks. J'ai accepté et je suis parti pendant deux semaines en juillet 2013. Tout s'est fait rapidement et un peu en même temps car je venais de signer avec le FCG. Grenoble me suivait depuis que j'étais tout petit, et même si mes parents souhaitaient que j'aille au LOU (Lyon) à cause de mes études, etc, j'ai dit que je voulais aller à Grenoble. Le stage s'est parfaitement déroulé et ils m'ont alors dit qu'ils m'accueillaient volontiers à la Sharks Academy. La saison débutant en janvier, j'ai commencé au pôle espoirs de septembre à janvier puis je suis reparti à Durban fin janvier 2014. Il a fallu régler quelques détails avec la FFR, mais il n'y a eu aucun problème avec Grenoble.

Au début je suis parti tout seul, mais après avoir en avoir discuté avec mes parents, on s'est dit que ça pouvait faire une belle expérience familiale alors mon frère et ma sœur sont également venus étudier en Afrique du Sud. J'ai dû m'adapter à beaucoup de choses sur place. La vie quotidienne n'était pas facile car je devrais travailler à côté avec le CNED pour le bac. Je suis en Terminale S maintenant. Ce sont des années difficiles à gérer entre le sport et les études. Après, ce sera plus simple.

Marius Chapel, de Rumilly à la Sharks Academy

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Quelles sont les différences entre la formation en France et en Afrique du Sud ?

Chez nous, jouer au rugby n'est pas quelque chose de naturel. Alors que là-bas, il n'y a rien de plus naturel que de jouer avec un ballon ovale. Dès neuf ans, les petits font des compétitions à l'école. Tous les après-midi, ils jouent au rugby. C'est un jeu pour eux. Ils font ça toute la journée et acquièrent dès le plus jeune âge une technique individuelle qui fera la différence plus tard. En Afrique du Sud, 80 % des 13-14 ans pratiquent le rugby, ce qui est loin d'être le cas ici. Même ceux qui n'ont rien jouent au rugby. C'est aussi un moyen pour eux de sortir de la pauvreté.

Il y a aussi une grande différence dans la préparation. Le rythme est vraiment différent car c'est le rugby qui passe avant tout alors qu'en France, il faut s'adapter aux études. Le matin après les cours, on faisait une heure de rugby, puis une heure de musculation et on enchaînait après manger avec des exercices d'agilité, de vitesse, etc. Après on pouvait retourner à la salle de sport ou faire des entraînements individuels comme des lancers. Après, ce sera plus simple. Je n'ai pas tout vu en France, mais en Afrique du Sud, ce sont des acharnés du travail. Je me souviens que lorsque je suis arrivé, on passait des heures à se faire des passes à 5 mètres de distance. Ils sont capables de se battre pour avoir des barres de musculation. Ici quand on n'a pas de barres, tant pis. Dès 14 ans, ils font de la musculation. Et bien au-delà du physique, ça leur apprend la valeur du travail. J'ai été surpris par les gabarits de certains joueurs. J'ai joué avec les moins de 19 ans. Certains faisaient 135 kilos avec 10 % de masse grasse.

Est-ce que tu leur as appris des trucs à la française ?

Ils ne savent pas forcément faire des mêlées, et au niveau de la défense, ce n'est pas ça non plus. Ça va très vite, ils jouent beaucoup mais ils ont des carences. Je leur ai notamment parlé de points techniques en mêlée que j'avais vus l'année dernière, comme les appuis et l'équilibre du corps, et ils ont trouvé ça intéressant. Ils se lient comme on pouvait le faire en 1960. Ils ne se posent pas trop de questions. Même avec deux ans de moins qu'eux, je m'en sortais plutôt bien alors que physiquement ils étaient plus forts que moi. Techniquement, je pense qu'on est en avance en France à ce niveau-là.

De mon point de vue, ces deux manières de faire sont complémentaires. C'est très enrichissant de connaître les deux. On était dans un système d'échange permanent. Je voyais ce que je pouvais leur apporter, et je prenais tout ce que je pouvais, comme la technique de course, comme savoir à quelle hauteur lever les genoux, la position du buste, un peu comme en athlétisme. Ils y accordent une grande importance, que ce soit chez les arrières et les gros.

Que retiendras-tu de ce séjour ?

Moi j'étais dans une grosse ville, Durban, qui a 3 millions d'habitants, mais pas loin, il y a des villages où la vie est totalement différente. Face à ces inégalités, on peut comprendre que certaines personnes soient en colère et qu'il y ait de la violence. Ce n'était pas facile à vivre car si ici (en France) on a accès à beaucoup de choses, là-bas certains n'ont rien, pas d'électricité, pas d'eau. En voyant tout cela, j'ai beaucoup appris sur moi. Cela reste un pays extraordinaire, que ce soit du point de vue humain que géographique. Si tout se passe bien, je vais y retourner en juillet l'année prochaine pour jouer la Currie Cup U19 durant quatre ou cinq mois.
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  • il y a 9 ans

Très belle aventure humaine

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