[RUGBY AMATEUR] - 14 matchs, 14 victoires : la folle saison du RC Versailles en Honneur
Le Rugby Club Versaillais survole le championnat IDF Honneur.
Le RC Versailles évolue en poule 1 du championnat Honneur d'Île-de-France. À 4 journées de la fin, ils n'ont toujours pas perdu un seul match. Portrait de cette équipe.

C'est en 1893 que l'histoire d'amour entre le RC Versailles et le ballon ovale débute. Trente internes du lycée Hoche se retrouvent pour participer à des parties de "football-rugby" avant de se confronter à d'autres étudiants parisiens l'année d'après. Mais il faut attendre 1899 pour voir apparaître l'Union Sportive Versaillaise, premier club civil à avoir pratiqué le football-rugby. Plus d'un siècle plus tard, le RC Versailles continue son évolution entre la Fédérale 3 et l'Honneur. Aujourd'hui, le club des Yvelines est le 7e club de France en nombre de licenciés ! Nous sommes allés à la rencontre des acteurs de cette saison invaincue : Tiphaine l'entraîneur, Éric le président, et Lucas le joueur.

Racontez-nous votre histoire d'amour avec Versailles ?

Tiphaine Charrol : "Pour ma part, j'ai commencé il y a 5 ans dans le club de Chilly-Mazarin, qui était en 1e série. Après 4 années passées au club en tant qu'entraîneur et manager du club, nous sommes montés en Honneur en enchaînant deux montées consécutives. J'ai ensuite rejoint le club de Versailles cette saison, où on est en passe de réaliser notre objectif de monter en Fédérale 3."

Éric Tournier : "J'ai repris le club il y a maintenant 3 ans avec mon équipe afin de modifier sa structure et lui donner les moyens de ses ambitions. J'ai souhaité en arrivant, recréer une ambiance du sud-ouest d'où je suis originaire en redonnant la liberté de réaliser des vraies 3e mi-temps au club et en soutenant la création d'un club de supporter. On a également obligé les seniors à aller vers toutes les catégories de jeunes, aux entraîneurs à se former continuellement sur plusieurs années, et nous avons engagé une approche régulière avec les parents de joueurs. Côté direction, nous avons convaincu la municipalité d'accompagner le club grâce à une structure et un fonctionnement. Tout ça grâce aux hommes qui encadrent et aux joueurs, choisis sur des valeurs humaines avant tout."

Lucas : "Je joue au club de Versailles depuis les minimes 2e année, soit un peu plus de 12 ans au club. Je sortais de 10 ans de football avant, à Versailles, et je suis arrivé dans le club de rugby directement. J'ai toujours aimé suivre le rugby que ce soit à la télé ou les scores. Du coup, pourquoi ne pas tenter ? En plus, Versailles avait un club. On a eu une très bonne génération 91-92-93 sur les années minimes, cadets et balandradre. J'ai failli tenter les Reichel, mais on avait tous une carte à jouer en senior à Versailles. On est tous arrivé en senior en Fédérale 3, et on est descendu il y a 3 ans maintenant."

Versailles est invaincu en Honneur, racontez-nous !

Tiphaine : "La saison est plutôt très belle pour l'instant. Il y a eu un changement de staff complet sur l’équipe senior dont j'ai la gestion cette année avec Jean Oulouma. Il a fallu tout reprendre : une nouvelle façon de travailler et un nouveau projet de jeu que l'on a élaboré avec l'ensemble du staff. Le groupe a très bien assimilé tous ces nouveaux éléments, le groupe s'est soudé rapidement et la mayonnaise a vite pris."

Lucas : "On a eu l'arrivée de deux nouveaux entraîneurs cette saison, qui sont Jean Oulouma et Tiphaine. Ajouté à cela un recrutement de qualité, même si on a eu des départs. Je pense à notre 10 de l'année dernière, le petit frère de Raphaël Lagarde du Racing qui est reparti à Bordeaux. Pour être tout à fait honnête, je pense qu'on a une poule un peu plus négociable sur le papier. Même si on ne s'attendait pas à avoir autant de victoires en 1re et en B, nous étions assez sûrs de nos forces suite à notre parcours l'année dernière en championnat de France, où on a compris qu'on pouvait rivaliser avec les meilleurs clubs."

Le jeu versaillais est un jeu de mouvement ? (8 bonus offensifs glanés)

Tiphaine : "Le jeu à la Versaillaise est effectivement un jeu de mouvements et d'évitements au vu des profils de joueurs que nous avons. Mais je crois surtout que c'est le rugby de demain et que tout le monde doit s'inspirer de cette forme de jeu."

Lucas : "On a une concurrence interne qui est saine et qui nous pousse à se donner et à jouer. On a une grosse bande de copains et une génération qui a été bercée au jeu versaillais. À Versailles, on a toujours été un peu plus réputé pour notre jeu de derrière. Depuis l'école de rugby, on a jamais été les plus gros, mais des entraîneurs qui aimaient le jeu de mouvement et du déplacement nous l'ont inculqué. Le but, c'est de clairement fatiguer l'adversaire."

Guillaume Verlet

Guillaume Verlet, l'une des recrues phares du RC Versailles cette saison. Crédit @RugbyClubVersaillais

Quels sont les objectifs, à 4 journées de la fin du championnat et 12 points d'avance sur le second ?

Tiphaine : "L’objectif est clair : monter en Fédérale 3, et rester invaincu dans la poule. Pour la suite, ce ne sera que du plus, ça reste du sport et je sais combien c'est difficile d'aller chercher des titres, que se soit en Île-de-France ou en championnat de France. Tous les ans, il y a un ou deux clubs plus équipés qui ont un projet plus ambitieux que les autres. Maintenant, pour le reste, il y a de belles oppositions chaque dimanche dans les poules !"

Éric Tournier : "L'objectif pour cette saison est la montée en Fédérale 3 en terminant 1er de poule. Le deuxième objectif est d'être champion honneur Île-de-France et enfin aller chercher au minimum un 1/4 de finale du championnat de France."

Lucas : "On est attendu un peu partout maintenant, mais la premiere place pour la montée est notre objectif principal. Ensuite, pour la première et pour la B, c'est de faire un joli parcours en championnat de France. Mais il faut tout de même faire attention avec cet enchaînement de victoires qui peut nous jouer des tours en se voyant trop beau."

Le bouclier Île-de-France n'est pas un objectif ?

Lucas : "Il y a le championnat Île-de-France, et ce serait la cerise sur le gâteau bien sûr. Mais il faut savoir qu'en Île-de-France, il n'y a que 2 poules en Honneur et le bouclier n'a pas de valeur quant à la montée en Fédérale 3... Par exemple, la B, il y a 2 ans, gagne le bouclier Île-de-France et perd ensuite en demi-finale championnat de France contre Gujan-Mestras. Les copains de la B étaient heureux, mais tout le monde a dans un coin de sa tête plutôt l'idée d'un beau parcours en France."

"On échangerait volontiers le bouclier Île-de-France contre un beau parcours en championnat de France." - Lucas Monteil. 

Ces résultats sont dus au bon recrutement, ou est-ce un travail en amont de formation ?

Tiphaine : "Il n'y a pas de recette magique. Chacun de nous, que se soit les entraîneurs ou les joueurs, donne au quotidien le meilleur de lui-même. On rajoute à ça un peu de réussite et une cohésion de groupe irréprochable et ça fait le mélange parfait entre nos deux équipes première de poule. Je crois que c'est un tout. Nous avons la chance de faire monter des jeunes joueurs issus de la formation versaillaise en équipe première, des joueurs de très bonnes qualités. Puis le recrutement, il est ciblé, mais jamais au détriment de notre formation."

Éric Tournier : "Depuis 2 ans, nous avons réalisé un recrutement très ciblé pour combler notre formation interne de joueurs. Notre objectif principal reste la formation de joueurs mais cela ne suffit pas pour atteindre nos objectifs. D'où une stratégie réfléchie de recrutement externe."

Lucas : "On a clairement bien accroché avec les entraîneurs de la première et ceux de la B qui sont deux anciens joueurs du groupe senior. On se sent globalement serein cette année. Mais c'est surtout l'effectif qui fait beaucoup. Je pense à plusieurs joueurs qui restent sur le carreau et qui ne joue même pas le dimanche, mais qui viennent s'entraîner la semaine. On en a encore, même en période hivernale, une quinzaine de mecs qui ne jouent pas le dimanche. Et à notre niveau, c'est rare. Les entraîneurs ont plus que le choix avec un niveau assez homogène entre les deux équipes. Niveau recrutement, on a récupéré quelques très bons joueurs. Je pense à Guillaume Verlet qui est arrivé cette année de Balma, notre talon, et qui fait partie des grosses recrues qui nous met dans l'avancée chaque week-end. Il a fait une arrivée importante et pour moi, c'est peut-être le meilleur devant. C'est un joueur qui amène vraiment tout le monde, qui ne se blesse quasiment pas, avec un lancer parfait. Il y aussi quelques mecs d'Antony et un joueur de Saint-Médard qui sont arrivés. Mais la base reste les joueurs de l'an dernier, et les montées de deux jeunes de Balandradre qui jouent en première."

Versailles équipe Une équipe soudée, ingrédient de la réussite. Crédit photo @RugbyClubVersaillais

L'école de rugby se porte bien ?

Éric Tournier : "Nous avons 252 joueurs à l'école de rugby de Versailles, et c'est en croissance. Au total, ce sont 560 joueurs licenciés sur toutes les catégories au RC Versailles, ajouté à cela les dirigeants et entraîneurs et nous arrivons à 600 licenciés au total sur le club. Ces chiffres font de Versailles le 7e club de France en nombre de licenciés. Ils s'expliquent à la fois par une stratégie forte d'intégration de notre club au niveau scolaire, mais aussi par la qualité de notre formation et de nos formateurs. Cependant, notre principale difficulté est la gestion de notre forte croissance et sa capacité à pouvoir organiser le club à cause d'un manque de bénévoles et d'encadrants."

L'ambiance est à son beau fixe ?

Lucas : "Notre président nous a clairement donné l'objectif de monter mais n'oublie pas le côté festif. On a une association de joueurs qui organise des soirées. Mais également le CUV (Collectif Ultra Versaillais), notre club d'une trentaine de supporters qui mettent l'ambiance à chaque match en chansons. Ils sont vraiment présents à domicile et à l'extérieur alors que ce sont simplement des copains qui ne jouent même pas au rugby. Les résultats sont bons, donc c'est plus facile aussi. Par exemple, on s'est souvent fait virer des bars de Versailles... Le problème est même remonté aux oreilles de la mairie... L'année dernière, aucune compagnie de bus ne nous prenait, sauf en phase finale où les dirigeants ont réussi à en trouver une (rires). La meilleure anecdote est un match à l'extérieur au RCP XV, un concurrent, où on a fait la fête dans un PMU qui s'appelle L'Étincelle, dans le 15e. Il n'était pas vraiment prêt à nous accueuillir et on lui a fait voir du pays, on va dire. Mais on le remercie."

On s'excuse auprès des bars pour nos précédentes et futures actions ! - Lucas.

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Article intéressant. Est-ce que cela tendrait à montrer la disparité de niveau entre les équipes en Honneur ? Déjà le recrutement ? Déjà (encore) les ressources budgétaires ?
Bien entendu ce que je dis n'enlève rien aux mérites de ce club et à l'ambiance et l'esprit qu'il su créer. Mais dans tous les clubs on observe cette tendance. C'est plutôt positif en terme de motivation.

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