Le piège était connu… et Toulouse est tombé dedans : autopsie d’un revers européen mémorable
21–0 à la pause, 28–21 au final. À Glasgow, le Stade Toulousain a vécu 40 minutes de maîtrise puis un naufrage total. Crédit image : Screenshot Youtube BeIN
Le Stade Toulousain menait 21–0 à la pause. Une heure plus tard, il quittait l’Écosse battu. Que s’est-il passé ? Les statistiques racontent la chute.

40 minutes de maîtrise, 40 minutes de naufrage

Le Stade Toulousain pensait avoir fait le plus dur. À Scotstoun, samedi soir, les hommes d’Ugo Mola menaient 21 à 0 à la pause face aux Glasgow Warriors lors de la 2e journée de Champions Cup. Trois essais, une domination territoriale nette, le vent dans le dos et une impression de contrôle total. Mais en seconde période, le scénario a basculé. Glasgow a inscrit 28 points sans que Toulouse ne puisse répondre, s’imposant finalement 28 à 21. Le piège, pourtant connu des visiteurs, s'est refermé sur le Stade.

Une défaite lourde de conséquences dans une poule relevée, où figurent également les Saracens. Chez qui les Toulousains iront en janvier. Un retournement brutal, que Mola a analysé sans détour après la rencontre, pointant un manque d’efficacité, des ballons perdus dans les zones clés et un banc qui n’a pas eu l’impact espéré. Les statistiques officielles, elles, dressent un constat implacable : Toulouse a passé la deuxième mi-temps à subir.

« La stratégie n’est pas payante » : l’analyse lucide d’Ugo Mola

Ugo Mola n’a pas cherché d’excuses. Dans des propos relayés par L’Équipe, le manager toulousain a livré une lecture très franche de la rencontre : « Il y a beaucoup d’occasions qu’on manque en première période, alors que Glasgow fait carton plein ou pas loin sur la seconde mi-temps. L’essai refusé à la dernière minute de la première période nous coûte cher, au regard du score final. » Pour rappel, Toulouse a eu l'occasion de basculer avec potentiellement 28 points d'avance à la pause. Mais Capuozzo a vu son essai logiquement refusé pour un passage en touche.

Crédit image : X/@AymericMilan

Le technicien rouge et noir insiste aussi sur ce moment charnière au retour des vestiaires : « Jusqu’à la 50e, on est vraiment dans le match, on sent qu’ils doutent. On a même cette occasion à 21-7 avec Antoine (Dupont) et Blair (Kinghorn) qui hésitent et au final on perd le ballon sur le ruck qui suit. » Puis vient le cœur du problème : le rapport de force et l’impact du banc. « On perd aussi pas mal de ballons sur les zones d’affrontement et notre banc n’a pas amené ce qu’on souhaitait qu’il amène, notamment sur la puissance et les déplacements à la fin. […] La stratégie n’est pas payante. »

Crédit image : X/@AymericMilan

Des statistiques "apocalyptiques" pour Toulouse en 2e période

Les chiffres de la seconde période donnent le vertige. Toulouse n’a eu que 27 % de possession après la pause, pour 36 % d’occupation seulement. Autrement dit : le Stade a passé son temps à défendre, souvent dans ses propres 22 mètres. Encore plus frappant, le volume de jeu : 123 mètres ballon en main pour Toulouse. Les Rouge et Noir n’ont effectué qu’une seule course dans les 22 mètres adverses, pendant que les Warriors en réalisaient 28, selon des chiffres relayés sur les réseaux sociaux par Sud Radio.

En défense, la surcharge est immense : 150 plaquages tentés, dont 55 dans leurs 22, contre seulement 16 pour Glasgow sur la même période. Paradoxalement, le Stade a une meilleure réussite au plaquage que son adversaire sur l'ensemble du match. Une donnée symbolique résume tout : les Écossais n'auraient concédé aucun en-avant, pendant que Toulouse en aurait commis 6, souvent sous pression. Autre chiffre qui fait "peur" : 23 ballons perdus pour Toulouse dans la partie, contre seulement 9 pour Glasgow, selon les données officielles de l'EPCR.

Le banc, facteur X… devenu point faible ?

C’était l’un des paris du staff : user Glasgow en première période, faire la différence puis contenir les assauts adverses dans le scond acte. Sur le papier, l’idée avait du sens. Sur le terrain, l’effet a été inverse. Après l’heure de jeu, Toulouse a perdu en densité, en vitesse de replacement et en agressivité défensive. Glasgow, au contraire, a accéléré, porté par un public debout et un Adam Hastings impérial à l’animation. « On pense que le coaching va nous amener une plus-value, et c’est à ce moment-là qu’on sombre », reconnaît Mola. Les statistiques confirment cette bascule : Glasgow a gagné la bataille des collisions et surtout multiplié les temps de jeu là où Toulouse subissait sans pouvoir ralentir le rythme.

Inefficacité maximale avant la pause : le mal était déjà là

Paradoxalement, tout ne s’explique pas uniquement par la seconde période. En première mi-temps, Toulouse est entré huit fois dans les 22 mètres adverses pour seulement trois essais. « C’est trop peu au regard de notre domination », martèle Mola. L’essai refusé juste avant la pause, puis l’occasion manquée à 21-7 au début du second acte, ont laissé Glasgow en vie. Et à ce niveau, laisser respirer une équipe aussi joueuse est souvent synonyme de sanction. Avec 12 franchissements, Toulouse aurait dû marquer plus. Surtout quand on voit que Glasgow a inscrit quatre essais avec seulement 5 franchissements au compteur.

Cette défaite n’élimine bien évidemment pas Toulouse. Mais elle complique sérieusement la campagne européenne. « On a laissé pas mal de points ici », admet Mola. Les Toulousains visaient en effet un carton plein pour s'éviter une phase finale à l'extérieur comme l'an passé. Désormais, le Stade devra gagner ses deux prochains matchs avec le bonus pour espérer exister dans la course à la qualification, pendant que la concurrence a engrangé des points précieux. Au-delà du classement, ce match pose aussi la question de la gestion des temps faibles, de l’adaptation au contexte — vent, pression, arbitrage — et de l’impact réel du banc dans les grands rendez-vous européens.

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  • Desman
    1860 points
  • il y a 8 secondes

Toute équipe finit par chuter un jour ou l'autre. Cela ne remet pas en question la suite de la saison mais du pain béni pour les journalistes qui s'excitent en voyant la fin d'une époque !

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