DEPUIS SON EXCLUSION DE TOUTES COMPÉTITIONS INTERNATIONALES, OÙ EN EST LE RUGBY RUSSE ?

24 février 2022. Le régime de Vladimir Poutine lance une attaque militaire contre l’Ukraine. L’agression est aussitôt condamnée par la communauté internationale. Dans la foulée, le 1er mars 2022, la Russie se voit interdite de toutes compétitions sportives internationales par World Rugby et Rugby Europe. Engagée dans le Championnat international d'Europe 2021-2022 (le Tournoi B), la sélection nationale russe est immédiatement suspendue. Toujours en course pour une qualification pour la Coupe du Monde 2023 en France, les Ours voient leur chance s’envoler (ils ont participé aux éditons 2011 et 2019). En Rugby Europe Super Cup (la troisième coupe d’Europe), les clubs russes sont écartés et ne peuvent pas retrouver les équipes géorgiennes, espagnoles, portugaises, néerlandaises, belges et israéliennes qu’elles avaient affrontées la saison précédente. Plongé dans un isolement qui rappelle celui de l’Afrique du Sud pendant les années Apartheid, le rugby russe entre dans un long hiver…''Sans équipe nationale, les vacances sont longues'', que devient le rugby en Russie ?Malgré cette situation compliquée, les championnats locaux continuent. La division d’élite professionnelle russe (PARI Чемпионат России) regroupe 9 équipes : Ienisseï-STM et Krasny Yar (les deux clubs de Krasnoïarsk en Sibérie centrale), Lokomotiv Penza, Strela Kazan, VVA Podmoskovie (banlieue de Moscou), Metallurg Novokouznetsk, Slava Moscou, RC Dynamo Moscou et RK Khimik Dzerjinsk (promu). Depuis le début de la compétition, chaque équipe a joué une quinzaine de rencontres. La saison régulière compte 18 journées et se termine le 4 juin prochain. Ensuite, les phases finales débuteront pour attribuer le titre de champion de Russie. Précisons que Ienisseï-STM est le tenant du titre et occupe actuellement la première place du classement. Si on jette un coup d’œil aux effectifs, on remarque que la grande majorité des joueurs sont russes, même si quelques étrangers viennent renforcer les formations.RUGBY. La Russie et la Biélorussie suspendues de toutes compétitions internationales par World RugbyUne seconde division (Высшая лига) existe avec trois groupes régionaux : centre (St Pétersbourg, Fili Moscou, Spartak Moscou), sud (Grad Petrov Taganrog, Bogatyri Krasnodar, Rotor Volgograd) et Volga (Energia Kazan, Vitiaz Perm, région de Samara, Krasnyy Gorod et RC Kazan). Les ½ finales et finales se dérouleront à partir du 9 juin au stade Petrovski de Saint-Pétersbourg. Enfin, des championnats de rugby à sept se déroulent chez les hommes (deux divisions) et chez les femmes tandis que des compétitions sont aussi organisées chez les jeunes. Quant à l’équipe nationale, elle s’est rassemblée à Sotchi dans le sud du pays du 13 au 20 février dernier. Trente-cinq joueurs — tous issus des clubs russes — étaient convoqués par le coach national Alexandre Pervoukhine. Ceux évoluant à l’étranger, comme Andreï Ostrikov (Stade Montois) ou Kirill Gotovtsev (Gloucester), n’étaient pas présents.RUGBY. Des joueurs de Bath partent aider des réfugiés ukrainiens en PologneLe rugby russe continue donc de mener sa vie malgré son statut de paria. À terme, cette situation semble très dommageable pour son niveau d’ensemble. Faute d’adversaires, les Ours risquent de stagner et de voir les équipes de même niveau (Espagne, Portugal, Roumanie) les distancer. Quant aux clubs russes, condamnés à la consanguinité, ils peuvent regretter cette situation. Rappelons qu’en Challenge Européen, les clubs russes signèrent quelques exploits. En 2015-16, Ienisseï-STM battait Brive et Newcastle. L’année suivante, la même équipe triomphait de Worcester et Newport. En 2017, Krasny Yar l’emportait sur le Stade français. Ce temps apparaît aujourd’hui très lointain…RUGBY. VIDEO. Un joueur d'Orthez bloqué en Ukraine, sa conjointe se retrouve seule en France