Il y a des déclics qui changent une saison. Celui d’Antoine Hastoy semble être de ceux-là. Transparent une partie de l’hiver, bousculé dans la hiérarchie à son poste, l’ouvreur rochelais a repris les commandes du jeu maritime au moment où son équipe avait le plus besoin de lui.
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Et contre Montpellier dimanche soir, il a sorti le grand jeu : 20 points inscrits, une passe décisive, un drop, 100 % de réussite au pied et une autorité retrouvée dans l’animation. De quoi rappeler à tout le monde, et peut-être à lui-même, qu’il n’a rien perdu de son talent.
Ce n’est pas tant la performance brute qui marque que la manière. Loin du joueur emprunté de décembre, que Ronan O’Gara avait choisi de laisser de côté pour la première journée de Champions Cup. Loin aussi de celui qui ruminait, en retrait, lors du traditionnel “media day”, bien conscient qu’il vivait sa période la plus compliquée depuis son arrivée en Charente-Maritime. Cette version 2025, elle est en cannes, avec un leadership retrouvé.
55 points en quatre matchs
Et ce n’est pas un hasard si ce retour au premier plan coïncide avec le réveil rochelais. Depuis le drop libérateur à Vannes il y a dix jours, le club a enchaîné un quatrième succès consécutif contre Montpellier et Antoine Hastoy a marqué 55 points sur cette série.
De quoi rappeler à ses partenaires et aux adversaires qu’un grand numéro 10 change souvent la donne au printemps. « On sait ce qu’il vaut, nous on n’a jamais douté », assure Paul Boudehent pour Rugbyrama. « Il a vécu des moments difficiles, mais là, on retrouve le joueur qui a brillé à Dublin ou à Mayol l’an dernier. »
Car oui, Hastoy a connu les honneurs. Troisième ouvreur en équipe de France lors de la dernière Coupe du monde, champion d’Europe avec La Rochelle, il a aussi vécu le déclassement, la perte de repères, la concurrence avec Ihaia West ou Hugo Reus. Sa saison actuelle est un condensé des hauts et des bas qui jalonnent la carrière d’un numéro 10. Mais en ce moment il coche toutes les cases d’un grand ouvreur.
« Quand il joue comme ça, on a juste à le suivre »
Sa prestation face au MHR a été saluée bien au-delà des chiffres. Dans le jeu courant, il a parfaitement distribué et orienté le jeu. Il a même récupéré un ballon en contre pour offrir un essai à Leyds. « Quand il joue comme ça, on a juste à le suivre », glissait Jack Nowell, tout sourire.
Pourtant, rien n’était écrit. Au cœur de l’hiver, Hastoy doutait, le staff hésitait, les supporters s’interrogeaient. Aujourd’hui, à deux journées de la fin de la phase régulière, il redevient l’un des hommes forts de cette équipe. La Rochelle, cinquième du classement, a encore tout à jouer. Et dans cette course folle au top 6, elle sait qu’elle pourra compter sur un meneur de jeu affûté, en pleine confiance et désormais bien installé à la tête du navire. Un luxe que beaucoup de clubs ne peuvent pas s’offrir.
Ronan O’Gara ne s’y est pas trompé. Si la dynamique rochelaise actuelle a été enclenchée lors du stage au Cap Ferret, c’est bien le réveil de Hastoy qui l’a portée sur le terrain. « Il faut entretenir cette confiance, continuer à travailler », résume le principal intéressé pour le Midi Olympique. Avec ce niveau-là, La Rochelle a retrouvé une colonne vertébrale. Et peut-être aussi ses ambitions.