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RUGBY. Tournoi des 6 Nations. France/Irlande, un choc au sommet qui a tenu toutes ses promesses
Tournoi des 6 Nations. Grosse concentration chez les joueurs avant France vs Irlande.
La France et l’Irlande font figure de favoris pour ce Tournoi. Leur opposition a naturellement suscité un grand intérêt dans le monde nombrilo-centré du rugby européen. En voici les éléments saillants.

Déception

Avant le match, à la vue du XV de départ irlandais, une chose me saute aux yeux, c’est qu’il n’y pas un joueur en O’. Peut-être est-ce là le nouveau secret de l’Irlande pour être au top ? Car cette équipe a eu des O et des bas, mais la voilà plus conquérante que jamais. Ce quoi être prise très O’Sérieuse.

Coup d'envoi

Entrée des joueurs sur la pelouse. Cyril Baille a déjà son protège-dent, au cas où il faudrait plaquer pendant les
hymnes. Les Français chantent la Marseillaise avec quelques fausses notes. Les joueurs irlandais, eux, récitent
parfaitement leur partition. Ils chantent même en polyphonie avec des ténors, des basses, et Ringrose en
soprano. 

Ntamack tape le coup d’envoi, alors que les joueurs irlandais déplient les plans de jeu.

  • Alors, donc nous disions, fascicule B12, alinéa 8. Deuxième paragraphe. Voilà, donc tous en rang, on lit.
    Allez, on révise
  • Mais chef, les Bleus ont joué vite la touche
  • Comment ça jouer vite la touche ? Mais c’est pas dans le manuel !

En effet, Dupont joue la première touche rapidement. Moefana va jouer les extérieurs puis le jeu rebondit sur Woki qui crée un point de fixation. Ntamack prépare grand champ le déboulée d’Atonio, plus gros qu’un semi-remorque du convoi de la liberté. 45 irlandais et deux CRS sont mobilisés pour l’arrêter. Dupont ressort le ballon du bourrelet d’Atonio et sert Ntamack. Celui-ci crochète et passe la ligne d’avantage. Là, il balance la balle n’importe où à l’intérieur. Oui, n’importe où, car on sait que Dupont va traîner par là. Notre numéro 9 traine effectivement dans cette zone et s’en va marquer le premier essai bleu.

  • Chef, les Bleus ont marqué en 1 minute. On fait quoi chef ?
  • Heu… je sais pas. On est mal, on est mal.

Tous Hansen

La France enchaine immédiatement en marquant une nouvelle pénalité de Jaminet. Elle mène 10-0 face à une Irlande refroidie. À 10-0, le numéro 10 irlandais Carbery se dit qu’il serait temps de sortir du cadre. Il tape son renvoi à gauche, dans un trou entre Mélenchon et Hidalgo. Les Tricolores sont surpris et Jaminet et Penaud se font des politesses. L’ailier irlandais, très impoli, attrape le ballon de volée, marque en coin et remet l’Irlande Hansen. 10 à 7.

Drôle de récompense

Quand un Français parvient à contester le ballon dans un ruck et qu’il en sort victorieux, ses copains l’acclament et le lui font savoir d’un drôle de façon : chacun passe lui mettre une grosse claque sur la tête. À la 15e minute, Willemse regrette presque son arrachage, puisque tout le pack français lui met une mornifle de joie. Or nous savons qu’une claquounette de Atonio pourrait déraciner un arbre.

Deuxième ligne moderne

On théorise beaucoup actuellement le poste de numéro 4. On dit numéro 4 « moderne », ce qui sous-entend que David Auradou était un numéro 4 archaïque (ce n’est pas totalement faux). Le numéro 4 moderne est censé courir partout, sauter partout, laissant son gros copain de numéro 5 endosser le rôle de moissonneuse-batteuse. Ce nouveau mouvement de modernité a été baptisé le Wokisme, justement en l’honneur de notre Cameron national. Cameron est souvent engagé dans les batailles contre les légions étrangères en tant que numéro 4 moderne. Tout ça malheureusement lui est monté à la tête (certes lentement parce qu’il faut le temps de parcourir la distance terre-tête de Cameron) et voilà qu’il exagère la modernité : il tape un coup de pied par-dessus. Heureusement ce coup de pied est dégueulasse et permet à tous les numéros 10 de justifier leur salaire.Le Wokick, Villière le déménageur, la remontada irlandaise, France/Irlande vu par TwitterLe Wokick, Villière le déménageur, la remontada irlandaise, France/Irlande vu par TwitterPlus tard dans le match, Tadhg (Ou Tahdg ou Taghd – je ne comprends pas cet enchaînement de lettres) Beirne se veut tout aussi moderne et décide lui aussi de taper au pied. Il fait bien mieux que Woki car il réussit le seul 50-22 de l’après-midi. Mon père, ex-talonneur archaïque, en profite pour entrer dans la modernité en apprenant la règle du 50-22. Il trouve ça nul toutes ces nouvelles règles et me reparle de Dintrans.

Pénalisés

On nous a rabâché les oreilles de cette statistique de la semaine dernière : les Irlandais n’ont pris leur première pénalité dans le match contre les Gallois qu’à la 60 ème minute. Gnin gnin gnin. Et bien là, les Irlandais ont pris la marée de nouveau et Jaminet a enquillé des points dans tous les sens. Dupont d’une passe lumineuse, ou bien Marchand et Aldritt par des charges monstrueuses, les Tricolores arrivent à débloquer les situations et mènent 19 à 7 à la mi-temps.VIDEO. Equipe de France. A ce moment-là, les Bleus sont passés en mode All Black et le stade a rugi de plaisirVIDEO. Equipe de France. A ce moment-là, les Bleus sont passés en mode All Black et le stade a rugi de plaisir

Mi-temps

À la mi-temps, Sexton engueule quand même Carbery d’être sorti du cadre du plan de jeu. Il exige de rentrer en deuxième mi-temps, mais se cogne contre la porte du vestiaire et se réveillera à la fin du match.

Le fourre-tout

J’ai toujours entendu les avants dire : « Vous croyez que les mauls, c’est un peu n’importe quoi. Alors que non ! C’est beaucoup travaillé, et rien n’est laissé au hasard ! » Pour ma part, je persiste et signe : les gros essaient de nous vendre des combinaisons subtiles et des mouvements secrets. Or, lors d’un maul, ils poussent tous le plus fort possible et des fois, y a des trous qui s’ouvrent. À l’entraînement, ils poussent et gueulent fort dans leur coin de terrain en faisant semblant de bosser, en attendant discrètement que nous, nous ayons terminé les séries de 30-30.

Sur une touche à 5m, les Irlandais poussent et Van Der Flier passe la ligne d’en-but sans faire exprès. Pour le retrouver dans ce maul, ils lui avaient mis une balise rouge sur le casque. Le pilier vert Porter n’est pas content que l’on cantonne son rôle à la touche. Il décide de se renommer Porter et Pousser.

La valise de Gibson-Park

Quand le numéro 9 prend un petit trou auprès des rucks, on dit qu’il se fait la valise. Expression incongrue dont on peine à comprendre le sens. Se faire une valise ? Ou faire sa valise pour partir en vacances ? Oui, mais du coup, on court moins vite avec une valise à la main. VIDEO. 6 NATIONS. Dupont, Hansen, Gibson-Park, tous les (superbes) essais de France/IrlandeVIDEO. 6 NATIONS. Dupont, Hansen, Gibson-Park, tous les (superbes) essais de France/IrlandeDans tous les cas cette expression ne décrit pas la mesquinerie du geste. Car oui, c’est mesquin, même goujat ce qui fit Gibson-Park ! On les voit, là, ces petits demis de mêlée hyènes, cachés derrière les arbres, et qui profitent que les gros éléphants soient distraits et fatigués pour se faufiler. Sur un regroupement à 10m de la ligne, Willemse, qui vient d’abattre 5 phacochères avec ses poings et qui voit déjà la relève arriver, laisse un trou de souris à ce diable de Gibson-Park qui se fait la valise pour marquer entre les poteaux. L’Irlande revient dans le match et Matthieu Lartot commence à nous fatiguer.

Villière n’est pas grand mais il est vaillant

« La race de chien dite « Villière » est petite mais hargneuse. Originaire de Normandie, doté d’un pelage blanc et court, le Villière pèse entre 5 et 8 kilos. Ses oreilles tombantes, mais parfois dressées en pointe, sont recouvertes d’un casque rouge. Sa particularité, ce sont ses longs pieds avec des crampons qui lui permettent de courir vite sur tous les terrains. Très agressif mais fidèle à son maitre, le Villière ne va jamais lâcher un os quand il a décidé de l’avoir. »VIDÉO. Équipe de France. Damian Penaud a LITTÉRALEMENT assis Keenan dans une cabine téléphoniqueVIDÉO. Équipe de France. Damian Penaud a LITTÉRALEMENT assis Keenan dans une cabine téléphoniqueQuel match de Villière ! Quel combat ! En voilà un qui ne lâche jamais rien, on aurait dit Nadal avec un casque et un protège-dent. Il plaque tout ce qui bouge, et gagne tous ses duels. Il a jeté Keenan en touche et mis Conway sur les fesses. Personne n’a encore compris comment il faisait pour être si percutant. Quel régal ! De l’autre côté du terrain, Penaud nous fait du Penaud : il court comme un dératé, nous fait des gestes bizarres dont on ne l’aurait pas cru capable : cad-deb, chistéra. Voilà les Français de nouveau dotés d’ailiers à fort potentiel.

Comme une Baille de flipper

Cyril Baille a des facultés hors-norme. Son physique lui permet de rebondir sur les joueurs comme une balle de flipper. Il est donc très utile de l’envoyer péter dans les petits espaces. Dès que la porte baille un peu, Paf ! On envoie notre pilier préféré et Ping ! Pong ! Boum ! Dring ! Le voilà qui fait gagner du terrain en dégageant les quilles adverses. Sur un regroupement irlandais dans les 10m irlandais, Taoffifais-nous-rêver commence à pénétrer dans l’axe en mode bulldozer et donne un coup de chausson charentaise taille 54 dans le ballon. Marchand découvre le ballon errant et écarte pour Atonio qui fait un poids d’appui. Dupont sort immédiatement pour Baille qui roule et boule et tend le bras pour marquer le deuxième essai bleu.

Sur cette percussion, Baille assomme O’Mahony, fait tomber l’arbitre, et déplace légèrement l’orbite de la lune qui amplifie le phénomène de marée bleue sur pelouse verte. O’Mahony, qui était mon seul O’ du match, sort K-O’. La France mène 27 à 21.

Injustice

Les arbitres sont parfois de fieffés coquins. Alors qu’on sautait tous comme des cabris pour l’essai de la victoire par Jaminet, Môssieur l’arbitre a estimé que la deuxième phalange de l’index droit d’un Irlandais avait trainé sous le ballon au moment de l’aplatissement. Il refuse l’essai. Pour l’expliquer, certains évoquent une sombre histoire de caravane non payée par le clan Jaminet à l’arbitre qui lui en voudrait en peu.

Mais peste ! Quelle action ! Alors qu’il restait dix minutes de match et trois maigres points d’avance, que mes mains tremblaient pour mener mon verre à la bouche, voilà que les Tricolores ont remis du combat dans le jeu ! Un enchaînement violent de Français lancés comme des frelons asiatiques qu’on ressortirait d’un conteneur, puis Ntamack a allongé la passe pour Jaminet qui échappe à son défenseur pour marquer un bel essai valable refusé ignoblement par un arbitre à la solde de la dictature sanitaire.

Leçon du jour : maintenant pour marquer il faut mesurer les cm² de ballon pressurisés sur le sol. Sous la barre des 3cm², point d’essai, sauf si on s’appelle Itoje à la dernière minute contre la France.

Dernier duel

Rien ne sert de sauter 15 fois, il faut sauter à temps. Les Bleus ont suivi cette maxime à la lettre. En difficulté tout le match sur les ballons hauts, ils ont gagné le ballon en l’air le plus important : le dernier. Dylan Cretin a volleyé cette ultime patate chaude dans le camp français pour sécuriser la victoire. La France s’impose 30-24 et continue sa route vers le Grand Chelem (ou au moins la victoire finale, n’allons pas trop vite). En tout cas, nous pouvons rêver d’être en haut !

Merci à Brieg Ker'Driscoll pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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Bravo et merci ! Ça a été un vrai plaisir divertissant de vous lire.

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