''On se retrouve avec quelqu'un d'autre dans son corps'' : le témoignage glaçant d'Antoine Burban sur les commotions cérébrales
Antoine Burban se livre sur la répercussion des commotions cérébrales dans sa vie. © Crédit photo : Screenshot L'Équipe
Retraité des terrains depuis 2022, Antoine Burban se livre aujourd'hui sur l'impact des commotions cérébrales dans sa vie quotidienne, trop souvent minimisées.

On pensait cela réservé aux joueurs d'un autre temps, ceux où les commotions cérébrales n'étaient qu'un bruit de couloir à peine pris en considération. Cependant, ce fléau touche véritablement l'ensemble des joueurs de rugby, de toutes époques confondues, à l'image du récit de Sébastien Chabal à ce propos.

Le témoignage d'Antoine Burban, dans le documentaire À corps perdus de L'Équipe, raconte cette fois-ci les soucis que rencontre le rugby actuel vis-à-vis des commotions cérébrales.

"Je tombe et je ne sais même pas pourquoi" : le match de la bascule

À 34 ans, un soir de mars 2022 contre l'UBB, Antoine Burban s'écroule à la réception d'un coup d'envoi, mais il "ne sai[t] même pas pourquoi", raconte-t-il. En réalité il vient d'être plaqué, légalement, et relâche le ballon juste ensuite. Plus tard dans le match, sur un plaquage, il reçoit "des frissons dans tout le corps", une première dans sa carrière.

Sur cette rencontre-là, il se sent "évasif et [n'a] plus aucune notion du temps". Il décide d'être honnête avec ses soigneurs et de dire qu'il ne va pas bien. Il ne foulera plus jamais un terrain de rugby. 

S'ensuit alors une période très compliquée. Pendant longtemps, il ne se souvenait que partiellement de ce qu'il avait fait la veille, ne se rappelant "plus dans quel ordre", exprime l'ancien joueur. Et cela a commencé avant même 2022. Dès 2015-2016, il avait des petites pertes de mémoire sur "des trucs tout bêtes" comme "des numéros de téléphone ou des codes d'immeubles".

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Un changement de comportement radical

Même s'il a bénéficié des règles protégeant les chocs à la tête, Antoine Burban subit tout de même des séquelles dans sa vie quotidienne. Pendant quelque temps, il remarquait "un changement radical du comportement et de l'individu", à tel point qu'il avait l'impression de se retrouver "avec quelqu'un d'autre dans son corps". Cela se manifeste par une faculté à rapidement "exploser pour rien" telle "une cocotte-minute", déclare Antoine Burban. De quoi affecter sa vie de famille, une situation qui n'a d'ailleurs pas été facile à gérer.

Sa femme, Lucie, a subi les "réactions disproportionnées" de son mari "par rapport à des situations banales". "On se demande alors quelle personne on a en face de soi", ajoute-t-elle. Une situation d'autant plus difficile à gérer que des sentiments doubles s'instaurent. D'abord l'incompréhension, qui se mêle à une constatation : Antoine Burban en souffrait aussi. Des réactions qui "ne dépendai[ent] pas de lui, c'était incontrôlable". Il a donc fallu expliquer aux enfants que si "papa réagit comme ça, c'est à cause de ses coups sur la tête", conclut Lucie, qui affirme aujourd'hui que la situation s'est largement améliorée.

Trois ans après sa retraite professionnelle, les répercussions des commotions cérébrales sont tout de même encore présentes. Un domaine est affecté : le sommeil. Il est toujours difficile pour lui "de s'endormir, même en cas d'extrêmes fatigues", et il continue à faire des insomnies. "C'est compliqué", résume simplement Antoine Burban. Une prise de parole importante qui, on l'espère, contribuera à faire évoluer la prise en charge des chocs à la tête dans le rugby moderne.

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  • alan75
    10040 points
  • il y a 1 jour

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