Développement du niveau scolaire, nouvelles règles pour l'école de rugby : la politique innovante de l'Île-de-France
L'Île-de-France innove pour l'école de rugby.
L'évolution du rugby inquiète, mais la ligue Île-de-France n'a pas l'intention de se résigner.

"J'ai peur qu'on n'apprenne plus les subtilités de ce jeu aux enfants de 8 à 12 ans. Que l'école, le collège, ne se désolidarisent d'un sport devenu trop dur, trop engagé. Et c'est pourtant à cet âge là que s'apprennent les choses !" Dans les colonnes du Midi Olympique, André Boniface est revenu sur l'évolution du rugby et son développement dans le monde scolaire. L'ancien international, aujourd'hui âgé de 83 ans, est inquiet. Et son discours est entendu. Membre du comité directeur de la FFR, Florian Grill remportait en décembre l'élection pour la présidence de la Ligue régionale Île-de-France. 

Le rugby scolaire et l'évolution des règles en école de rugby sont deux de ses combats. Entretien.


De manière générale, en quoi êtes-vous inquiet comme André Boniface ?  

Il souligne qu’il a peur qu’on n’apprenne plus les subtilités de notre jeu aux enfants, craint aussi que l’école et le collège ne se désolidarisent d’un sport devenu trop dur. Je pense que nous avons les outils pour réagir aux justes remarques d’André Boniface, mais il est urgent de réagir. Pas seulement en mettant plus de cadres sportifs autour de nos écoles de rugby - ce qui est positif bien sûr - mais aussi en travaillant le contenu. Ce qu’on voit sur les terrains à tous les niveaux est clair : les joueurs sont physiquement forts, mais faibles sur la capacité à déplacer le ballon, à jouer au contact, à assurer la continuité ou pour choisir les zones à attaquer. Dès que le jeu s’accélère, tout devient problématique. 
 
Boniface parle d'un côté presque abrutissant : pourquoi le rugby a-t-il pris ce tournant ? 
 
Parce qu’on a trop longtemps privilégié le physique. Mais une fois que tout le monde est au top physiquement, on en revient pour faire la différence aux fondements de notre jeu, qui correspondent d’ailleurs à notre ADN et à notre histoire : à savoir la passe et l’évitement ! Il faut repartir à la base à la fois dans le monde scolaire en suivant l’exemple néo-zélandais, et dans nos écoles de rugby. 
 
Venons-en aux réformes mises en place en Île-de-France pour le monde scolaire, et ceux dès la maternelle ?
 
Sophie Andreu est élue bénévole de la Ligue Île-de-France. Après avoir été professeur en maternelle, elle est maintenant conseillère pédagogique. Elle a inventé une méthodologie pédagogique innovante pour les élèves de maternelle primée par l’Education Nationale qui s’appuie sur le rugby pour les aider dans leurs apprentissages (compter, reconnaitre les couleurs etc..). Aujourd’hui, elle assure la formation d’enseignants pour aider des enfants de 3 à 6 ans à réussir au travers de la découverte du rugby. 
 
Il y aussi le développement du Rugby à 5 dans les classes primaire. 
Le rugby à 5 est une formidable solution pour les classes primaires. Quand vous discutez avec des professeurs du primaire, ils préfèrent les pratiques sans choc et facilement mixtes. Ils sont aussi confrontés au problème des installations, car tous n’ont pas un terrain en herbe à proximité. Le Rugby à 5 apporte une solution qui change tout. Sans choc et sans plaquage, il lève les freins des parents et des professeurs ; il permet de jouer sur toutes les surfaces (dans un préau ou dans une cour d’école) et les professeurs des écoles peuvent facilement se l’approprier pour faire eux mêmes des cycles rugby.
Ce dernier point est absolument fondamental car les clubs n’ont pas assez d’éducateurs formés ou de moyens pour organiser eux-mêmes ces cycles rugby. En Île-de-France, nous avons diffusé un livret avec une quinzaine d’exercices clés en main de Rugby à 5 rédigés avec des professeurs d’école et nous multiplions les conventions !

Que pouvez-vous nous dire sur la démarche Planet Ovale pour les collèges et lycées ? 
Il faut bien se rendre compte que dans le monde scolaire, au niveau collège et lycée, nous sommes en concurrence avec 57 activités sportives. Un programme comme Planète Ovale - qui aide par exemple au financement de quelques AS sportives - est un énorme plus. Maintenant, il faut trouver les leviers pour le dynamiser encore plus : il faut par exemple motiver les professeurs, travailler à une meilleure articulation avec les clubs, monter des opérations avec les clubs professionnels ou à l’occasion des matchs de l’équipe de France. C’est un très gros chantier. 
 
Quid du niveau universitaire ? 
 
Là aussi, le chantier est considérable. Les liens entre le rugby universitaire et nos clubs ne sont pas assez forts. On l’a vu par exemple quand on a lancé notre plan d’actions francilien en 15 points sur le rugby féminin. L’idée, c'est que toutes les féminines qui pratiquent dans le monde universitaire puissent continuer en club. Cela ne marche que si on renforce les liens entre les clubs et les universités, ou les grandes écoles. 
 
L'Île-de-France met en place de nouvelles formes de jeu sur les plateaux des écoles de rugby, spécifiques à cette ligue. De nouvelles formes de jeu, c'est-à-dire ? 
 
Il y a trois ans, nous avons fait un constat très simple en le mesurant sur des plateaux de nos écoles de rugby des - de 6 ans au - de 14 ans. Entre 70 et 80% des actions sont des rucks, des mauls ou des pertes de balle… Autant dire qu’il n’y a aucune continuité au contact, et on en revient aux justes remarques d’André Boniface. Le gamin plus fort physiquement avec un casque enfoncé sur le crâne qui traverse le terrain pour un essai à 0 passe cela ne présente aucun intérêt !
Nous avons donc mis en place de nouvelles règles pour les - de 14 ans et depuis cette année, nous l’avons étendu au - de 8, - de 10 et - de 12 ans. En - de 14 ans, la règle est de jouer au contact : lorsque le porteur de balle entre en contact avec l’adversaire, le ballon ne peut plus toucher le sol. In fine, nous avons trois fois plus de passes et un temps de jeu augmenté de 20 à 40% ! Toujours en - de 14, avant de faire des rencontres à 15, nous faisons des rencontres à effectif réduit 7 contre 7 en organisant des oppositions qui tiennent compte du gabarit des joueurs. Tout le monde touche plus de ballons et le plaisir est au rendez-vous ! On est bien sûr ravis si ces démarches sont reprises au niveau national : on transmettra tous les éléments. 
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Pour ma part, je trouve ces initiatives intéressantes, mais connaissant la question de près, je reste dubitatif sur un jeu de balle ovale d'où sont exclus le plaquage, et même l'arrachage de ballon des mains de l'adversaire. A la base, je trouvais, et ne devais pas être le seul, le rugby à XV, le sport collectif le plus riche pour l'école, car il permettait de travailler de larges pans du programme d'EPS, comme le jeu collectif avec une balle, mais aussi le combat au corps à corps et l'opposition physique (du coup, pas besoin d'explorer les autres sports de combat-> temps d'apprentissage optimisé).

Il est clair qu'avec ces initiatives, on évacue la question de l'opposition physique et de l'affrontement physique au corps à corps, ce qui rassure les familles ET l'Institution, qui veut le moins d'accidents corporels possible, mais on ne fait que l'évacuer, c'est à dire qu'on en prive les élèves, qu'on ne la travaille ni ne la contrôle.

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