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6 NATIONS. FRANCE RUGBY. ''Les Bleus ont voulu imposer le 49-3 aux Gallois''
On promettait l'enfer aux Gallois, qui se seront tout de même bien battus.
Le Tournoi, c'est déjà fini. Alors avant de se quitter, ultime débrief du France vs Pays de Galles, non sans humour.

J’appréhende toujours ces dernières journées du tournoi, car elles sont l’épilogue de la compétition, synonyme de fin de chantier. Dès samedi prochain, ce sera le dur retour aux affaires, avec la perspective d’un Brive-Pau qui me fait froid dans le dos. Quel temps béni que ce tournoi des 6 nations ! Excuse imparable des longs après-midi pluvieux d’hiver, à serrer les pintes les unes contre les autres sur la table comme des petits manchots sur la banquise. Cette dernière journée est exquise : on aligne trois matches d’un coup, on est gavés jusqu’à plus soif (avec modération) et on rêve toute la nuit de cadrage-débordement. Délicieux. Bon, je dois quand même avouer n’avoir pas regardé le Ecosse-Italie qui est traditionnellement le match le plus dégueulasse du tournoi. Pour appuyer cette règle, les Ecossais avaient même inauguré un maillot tout aussi dégueulasse. L’intendant bourré au whisky avait fait tourner une machine avec les maillots blancs et les maillots bleus ensemble, et les joueurs se sont retrouvés avec des maillots déteints violets comme les cheveux d’une babos espagnole avec un piercing dans le nez. Les temps sont durs à la fédé écossaise. Non, je n’ai pas voulu abîmer mon capital concentration sur ce match Ecosse-Italie pour me focaliser sur nos bleus. D’après mes calculs, les Bleus allaient infliger un 89 à 3 aux gallois, donc j’avais hâte de voir les français rouler sur une équipe potagère avec son emblème de poireau.

Grève intersyndicale

Le XV de France aborde ce match avec la clope au bec, et ne s’échauffe même pas. Pour déconner à l’entraînement, ils font un gagne terrain et c’est Jaminet, qui lui fume plutôt des gitanes, qui gagne avec une ogive détruite au vol par les américains quand elle a survolé leur territoire. Bernard Laporte est libéré sous caution pour distribuer les maillots, faire le discours d’avant match, taper le coup d’envoi fictif, prendre des photos avec les joueurs dans le vestiaire, répondre en conférence de presse et se gaver de petits fours. Car si la terre tourne et que c’est aujourd’hui le printemps, c’est grâce à Bernard. Merci Bernard.

Quant aux Gallois, ils sont en grève en ce moment. Guidés par Alun Wyn Jones et ses 42 annuités déjà cumulées, et par Biggar qui maintenant « ne craint degun », les Gallois se plaignent de leur sort et en ont ras le bol de jouer tous les dimanches pour se prendre une fessée. Ils comprennent que la France reste l’Eldorado de la grève et le meilleur endroit pour manifester leur colère. Ils rayent « Cymru » de leur maillot pour le remplacer par « CGT » et foncent tête baissée dès les premières minutes du match sur les Français, comme une charge de syndicalistes de fin de manif sur la préfecture de Police. Les rouges font une percée dans la défense des bleus et prennent le score avec un premier essai de North au milieu de deux cars de CRS. Devant BFMTV, on trouve ça sympa cette petite équipe méritante qui arrive à se faire des passes. On applaudit.

Le XV de France a commencé le match comme tu commences un match de ping-pong avec ton petit neveu de 8 ans qui te bassine depuis trois heures pour jouer avec toi. Pour être sympa tu engages avec un service bien haut pour être sûr qu’il puisse le rattraper. Et là, bam ! Il te claque un smash. Donc le deuxième coup tu lui fous un service lifté dans le coin et il ferme bien sa gueule, le marmot.  De même, dès le renvoi les français prennent le jeu à leur compte, Ntamack traverse la défense et montre qu’il sait bien courir comme papa, mais aussi qu’il sait bien faire des chistéras pas comme papa et donne à Dupont dans le trafic. On sent immédiatement que Dupont a un peu la flemme de jouer le coup. Au lieu de mettre deux crochets et trois raffuts, Dupont adresse plutôt une petite passe vrillée de 30 mètres dans la course de Penaud. Celui-ci n’a même pas le temps de rigoler qu’il est dans l’en-but pour marquer son essai.

On sent déjà les français libérés. Pour clore les débats, ils souhaitent maintenant imposer le fameux 49-3 et percent les pauvres gallois de partout, en rejetant tous leurs amendements. On pourrait passer des lignes à raconter toutes les misères faites par les français aux pauvres gallois, avec cette terrible inflation au score qui n’a pas cessé. Ramos, Ntamack et Dupont donnent le tournis à la défense rouge et Danty se voit offrir à l’aile un essai tout fait par Penaud en position de centre. Oui pour la déconne les bleus se font quelques inversions de postes.

Flament va jouer 10 et Dumortier 3 ème ligne. Seul Dupont ne peut s’essayer à ça puisqu’il est déjà tous les postes à la fois. A la mi-temps les français mènent 20 à 7 et font des stories insta dans les vestiaires pour s’occuper, ou une belote pour les plus rétrogrades, pendant que Galthié discute avec Bernard.  Homo Atoniocus Atonio est un étrange cas d’étude anthropologique. Comment un être de 150 kilos peut-il se mouvoir autant ? Deux études conjointes franco-allemandes sont sur l’affaire et se risquent presque à déclarer une nouvelle espèce d’homme, le Homo Atoniocus, dont quelques gènes seraient issus d’un lointain couplage entre un Homo Sapiens Sapiens et un bovidé. Les sites rugbystiques ne se sont d’ailleurs jamais mis d’accord sur son poids qui "oscille" entre 135 et 155 kilos.

C’est une belle oscillation comme l’aiguille de la balance qui s’affole. Or, cela dépend seulement du moment de la journée : il ne faut pas le peser après qu’il a mangé ses trois sangliers. Atonio a été suspendu pendant trois semaines et revient pour ce match. Pour le suspendre, il a fallu investir à la fédé et trouver une grue de 2 tonnes avec un gros crochet.  En deuxième mi-temps, Atonio a donc bien compris que c’était la fête du slip et que tout le monde pouvait changer de poste. Il décide donc de se déguiser en Danty en 12 à l’extérieur du 10. A 5m de l’en-but, la supercherie n’est pas découverte car Ramos écarte innocemment au large pour Atonio qui ricane de sa petite malice. Il écrase Zammit qui tente quand même un placage sac à dos, et marque son premier essai bleu en 50 sélections. Tous ses coéquipiers se réjouissent pour Uini l’ourson et le félicitent chacun d’une tarte sur le crane.

La variation

Une belle combinaison de trois-quarts, c’est une question de variations. On prépare le même mouvement mais avec des sorties différentes. Même au niveau amateur on tente de jouer ces variations mais le QI rugby des joueurs n’étant pas la même, on peine à retenir plus de trois combinaisons. Le numéro 10 honneur annonce la combi : Le 10 (qui oublie d’enlever son protège-dent) : « Les gars, on fa faire une fautée 2 »

Le 10 (qui oublie d’enlever son protège-dent) : « Les gars, on fa faire une fautée 2 »
Le 12 : c’est laquelle déjà ?
Le 13 : C’est sautée sur 13 et redoublée pour 14
Le 10 : mais non, f’est sautée douve-quinve, et remize inférieur pour treiffe ou eftérieur pour 14
Le 14 : j’ai pas entendu !
Le 13 : bah rapproche toi !
Le 15 : on fait laquelle alors ?
Le 10 : Fautée 2
Le 15 : Ok : donc 14 à mon exté, 13 inté
Le 14 : Et tu me la donnes ou pas ?
Le 15 : bah je sais pas on verra
Le 14 : bah moi je préfère que tu me dises tout de suite au moins je suis prêt
Le 13 : non donne la moi elle est meilleure inté
Le 15 : bah t’en sais rien on a pas vu la défense comment elle va réagir
Le 11 : et moi, j’ai pas compris je fais quoi ? Je fais rien encore ?
Le 15 : toi tu restes de ton côté et tu cries très forts comme si tu allais l’avoir
Le 11 : Mais tout le monde sait que je l’aurai pas, on me la donne jamais !

Le 7 : et moi je vais où ? Le 15 : mais qu’est-ce que tu fous là toi ? Tu devrais être en touche ! Le 14 : MERDE GROUILLEZ-VOUS C’EST PARTI  Le 15, 14 et 13 accélèrent comme des tabanards (ce mot n’existe qu’à l’oral) pour arriver à l’heure pour la passe du 12… qui feinte la passe et va péter tout droit comme d’habitude. Ça c’est du rugby amateur. Au niveau pro et avec ces bleus-là, rien n’est laissé au hasard.

Alors qu’on pensait voir deux cellules successives en « dos » pour écarter vers les ailes comme ils ont pu le faire contre les anglais, les français varient le mouvement : après une première cellule autour de Danty en position 12, Fickou redresse sa course plein champ et profite de la passe flottante au cordeau de Ntamack pour s’engouffrer dans l’intervalle 12-13. On sait que Fickou sait tout faire, même retourner cette vieille râleuse d’Alun Wyn Jones sans se prendre de carton jaune malgré cinq ralentis en plein écran. Et bien, en plus de savoir tout faire, Monsieur Propre sait courir vite et dépose l’arrière-garde galloise pour marquer un nouvel essai avec un roulé-boulé digne d’une danse antillaise.

Panne de carburant

Les gallois subissent et ont les fesses aussi rouges que leur maillot. Il faut dire que le blocage des stations essence avait surpris les gallois qui n’ont pas pu faire le plein avant de venir. Ils sont déjà sur la réserve à l’heure de jeu et Alu Wyn Jones nous parait encore plus vieux. Il perd ses cheveux en plein match et essaie de les rabattre sur le côté pour cacher sa calvitie, la fameuse technique des mecs qui n’assument pas encore d’être chauves. Côté tricolore, les records et les statistiques commencent à tomber et le XV de France 2023 est en train d’écraser la mémoire du XV de France 2002, celui de mon enfance.

Ramos dépasse Gérald Merceron au nombre de points marqués dans un tournoi (en 2002 on pouvait jouer 10, être chauve et s’appeler Gérald, ce n’était pas antinomique), Penaud dépasse Rougerie et Dominici au nombre de points marqués. Il manquerait plus que Dupont devienne meilleur que Yachvili et je peux prendre ma retraite de supporter.  Chez les gallois en revanche rien ne change, heureusement. Que ce soit en 2002 ou en 2022, Williams fait la passe à Roberts qui marque. Jones et Jones félicitent Roberts. Puis Williams marque. Jenkins est content et Thomas rigole sur la touche. Les gallois savent respecter les traditions, il suffit juste d’actualiser de temps en temps avec les prénoms.  Suffisance Les gallois reviennent donc à 34-21. C’est bien gentil ce retour des gallois mais on attend maintenant que les français marquent de nouveau.

Evidemment tout le monde se dit « oh la la, c’est dommage que les français n’insistent pas et ne soient pas capables de garder de la constance pendant tout le match ». Et bien souvenez-vous de vos années rugby : qui est resté sérieux alors qu’il y avait 34 à 7 au tableau d’affichage ? C’est humain et tout à fait rugby que de commencer en attaque à faire son malin, tenter les chistéra et les relances de l’en-but, et de prendre les défenseurs pour des pompes. Et en défense, c’est parfois compréhensible d’être un peu plus lâche, ne pas avoir envie de se blesser contre une équipe en bois à six mois de la coupe du monde. Nos Bleus savent quand même répondre à l’élan gallois en inscrivant un dernier essai par Penaud, ce qui aura eu le mérite de revoir Halfpenny à l’œuvre au moment où il se fait amuser par Ramos en bout de ligne.

Le Air placage est une technique très difficile mise à l’honneur par Xavier Garbajosa face à Lomu en 1999. Il existe plusieurs écoles de air-placage : le « je m’efface » comme garba – aussi appelé le « mais allez-y je vous en prie » ; le « j’ai glissé, chef » pour justifier qu’on se soit pris un cad-deb (celui-ci était ma préférée) et enfin le « il glisse» ou « ouais mais aussi il a un maillot près du corps avec la pluie il glisse comme une savonnette ». Les gallois ont marqué à la 78 ème minute cet essai venu de Dyer qui a d’ailleurs permis à Ramos et Penaud de successivement réussir le « J’ai glissé » et « il  glisse ». Shaun Edwards inscrit « Damian » et « Thomas » à la suite de la phrase « Séance placage supplémentaire Mercredi » de son petit cahier.

Le Air placage est une technique très difficile mise à l’honneur par Xavier Garbajosa face à Lomu en 1999. Il existe plusieurs écoles de air-placage : le « je m’efface » comme garba – aussi appelé le « mais allez-y je vous en prie » ; le « j’ai glissé, chef » pour justifier qu’on se soit pris un cad-deb (celui-ci était ma préférée) et enfin le « il glisse» ou « ouais mais aussi il a un maillot près du corps avec la pluie il glisse comme une savonnette ». Les gallois ont marqué à la 78 ème minute cet essai venu de Dyer qui a d’ailleurs permis à Ramos et Penaud de successivement réussir le « J’ai glissé » et « il  glisse ». Shaun Edwards inscrit « Damian » et « Thomas » à la suite de la phrase « Séance plaquage supplémentaire Mercredi » de son petit cahier.

Les Gallois sauvent l’honneur en inscrivant ce bonus offensif qui va peut-être les consoler. Voilà, c’était encore un match facile où les français plantent 40 points à leurs adversaires sans faire exprès. La force de frappe française est impressionnante et augure de belles choses pour les mois à venir. Quant aux gallois, ils peuvent peut-être espérer un retour au premier plan et un renouvellement de génération avec leur équipe des moins de 20 ans qui va arriver ? HAHAHAHAHA. Pardon.

RUGBY. 6 NATIONS. Du spectacle et de la fougue, l'équipe de France u20 nous a régalé !RUGBY. 6 NATIONS. Du spectacle et de la fougue, l'équipe de France u20 nous a régalé !

PS : Merci à Bernard pour son aide à la rédaction

Merci à Brieg Ker'Driscoll pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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