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Parents de rugbyman heureux - Chapitre 2 : les parents
Lucien Harinordoquy est un papa protecteur.
Dans le rugby, il existe plusieurs catégories de joueurs et voire autant de catégories de parents.

Dans les catégories de tout-petits, un certain nombre de parents considère que les entraînements ou les matchs sont une forme de garderie et on ne les voit jamais, sauf lorsqu’il faut récupérer l’enfant à la fin (et encore ! Ils sont souvent en retard, obligeant les éducateurs à attendre que monsieur ou madame finisse ses courses au Leclerc du coin). Bien peu des petits joueurs ayant de tels géniteurs continueront le rugby : pourquoi faire un sport qui n’intéresse pas papa ou maman ?

Il existe ensuite les parents de futurs champions. Le père n’a en général jamais joué au rugby (ou bien a cru y jouer, appelé en renfort pour un match de son école de commerce), mais a pratiqué à petit niveau un autre sport, souvent individuel comme le tennis ou le foot (le foot n’est pas un sport collectif, mais un sport individuel qui se joue à 11). Il est persuadé que son enfant est exceptionnel (comme les gosses ne grandissent pas tous à la même vitesse, que ce soit sur le plan psychologique ou physique, certains font illusion une ou deux années) et que l’équipe de France l’attend. Il a regardé toutes les vidéos de Wilkinson et tente d’apprendre à son drôle la gestuelle pour marquer entre les perches. D’ailleurs, depuis qu’il a vu à la télé le dernier Tournoi des 6 Nations, il est un expert rugbystique : c’est pourquoi il crie après l’arbitre, critique les éducateurs qui ne font pas jouer son Léo au poste qui lui convient, etc.

On rencontre aussi la maman hystérique, qui hurle tout le temps du bord de touche pour encourager son cher trésor. Expansive, elle veut faire partager les exploits de son enfant à tout le monde et elle emmène souvent sa sœur, ses parents, sa cousine et tata. Son mari, qui est un peu gêné d’autant de démonstrations de puissance vocale et de manifestations de joie se tient souvent en retrait, fusillé par le regard compatissant des autres pères.

Dans ces autres pères se tient le fayot. Lui n’a qu’un but : que son fils soit toujours titulaire en équipe une, même s’il n’en a manifestement pas les moyens (dans les écoles de rugby qui ont suffisamment d’effectif, il y a dans une même catégorie deux, voire trois équipes, constituées par niveau de jeu). C’est pour cela que le fayot est toujours à côté des éducateurs, rit à leurs blagues, leur offre un demi à l’inter-match, approuve leurs commentaires sur le dernier Toulon-UBB, etc.

Il y a aussi les parents qui ne comprennent rien mais le disent avec sincérité : ce sont peut-être eux les plus authentiquement piqués par le virus du rugby, car ils reçoivent de plein fouet la magie de l’ambiance à la fois amicale et rugueuse de l’aventure humaine qu’est un match joué par un groupe de gamins solidaires les uns des autres.

Les plus admirables sont les papas de celui qui n’est pas leur fils mais celui du premier mariage de leur compagne : ils créent en suivant le gamin des liens extraordinairement forts. Plus discrets, un peu en retrait, les papas qui ont vraiment joué au rugby commentent entre eux mais sans véhémence ni enthousiasme excessif le déroulement du match tout en suivant la progression de la balle du bord de touche. De temps à autre, ils élèvent la voix pour conseiller leur garçon : « Regarde le talonneur, Léo, il est démarqué. Attention ! ».

Tout ce joli monde, attentif aux entraînements, tendu pendant les tournois, pousse un soupir de délivrance à la fin des matchs : aucun enfant ne s’est blessé. Ce soupir s’accompagne d’une vraie joie lorsque l’équipe a gagné, d’une vraie tristesse dans le cas contraire. Mais cette joie ou cette tristesse n’est pas personnelle : les parents sont heureux ou malheureux pour leurs enfants.

Car le rugby est un don d’amour : les petits jouent pour les copains, les parents encouragent l’équipe et les éducateurs donnent du bonheur en bougonnant.


Retrouvez également le premier chapitre :Parent de rugbyman heureux - Chapitre 1 : Initiation

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Les parents sont souvent plus difficiles à gérer que les gamins.
Nombre de fois, j'ai du parler, expliquer, argumenter avec des parents sur les progrès ou non de leur progéniture, la raison du pourquoi, le fait que l'arbitre a raison, etc.
Alors qu'avec les gamins, ça se passait souvent très bien et plus facilement

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