RUGBY : le joli projet de COMBAT SPORT, association qui aide les sportifs homosexuels et bisexuels à s'assumer
Le beau projet de Combat Sport.
Kamel nous parle de son association qui intervient auprès des sportifs pour les aider à s'assumer. Un joli combat.

Âgé de 26 ans, Kamel est un étudiant en comptabilité originaire de la région lyonnaise. Ancien sportif de bon niveau, ce fan de sport (football, rugby, tennis, athlétisme...) a fondé Combat Sport, une association visant à aider les sportifs homosexuels et bisexuels à s'assumer dans un monde encore très macho. Il nous raconte son beau projet.

D'où t'es venu l'idée de fonder cette association, pourquoi as-tu décidé de t'investir pour cette cause ?

En lisant les réseaux sociaux, j'ai été choqué par les propos des supporters sur les homosexuels en particulier. Le sport est un lieu de rassemblement social. La société est constituée de blancs, noirs, beurs, Français, étrangers, hétérosexuels, bisexuels et homosexuels. Forcément, l'histoire a été écrite par toutes les origines ou les orientations. Je déteste l'hypocrisie. Par exemple, c'est scandaleux d'entendre des cris de singe à Bastia (contre Nice, en Ligue 1 de football, ndlr) quand le buteur de son équipe est Prince Oniangué, international congolais. Lorsqu'on porte l’écusson de son club de cœur, on aime tous les joueurs qui ont construit l'histoire de son équipe, quel que soit ses performances. Le respect, c'est la base.

Le sport est malheureusement le reflet de la société : tu as du racisme, de l'homophobie, un manque de respect envers les anciens... La finalité de l'association, c'est de faire de la prévention sur le sujet de l'homosexualité auprès des coachs et des formateurs, en faisant des mises en situation et en élaborant des problématiques. Ensuite, c'est aider les jeunes sportifs homosexuels/bisexuels ou qui ont une première expérience homosexuelle - cas le plus fréquent - à s'assumer.

Concrètement, comment agis-tu et interviens-tu auprès des joueurs et des clubs ?

D'un côté, je discute avec des joueurs à travers des témoignages que je reçois sur mon mail ou sur mon probable. Selon les cas, les échanges se font par courriel, par téléphone et parfois en face à face. Pour le rugby, la très grande majorité des joueurs évoluent en Fédérale. De l'autre côté, je contacte des clubs de rugby de tous les niveaux. En général, j'ai eu des réponses positives. Le club me répond et m'envoie un contact pour répondre à mes questions.

Nigel Owens parle de l'homosexualité dans le rugby et pousse la chansonnette comme personne à la radio

Selon moi, il faudrait d'abord former les formateurs sur la prévention des discriminations. L'éducateur éduque sur le plan sportif : être le meilleur, le plus fort ; et sur le plan humain : avoir une bonne conduite, une bonne image auprès du public, être autonome. Lorsque le coachs seront formés, ils pourront résoudre les problèmes sur le sujet de l'homosexualité, sujet tabou qu'il faut dissocier de l'homophobie. Par exemple, un joueur homo a un problème avec son vestiaire ou du mal à s'assumer. Il va en parler avec son coach. Comment l’entraîneur doit réagir ? Quelles sont les solutions à apporter par rapport au joueur et au vestiaire ? Le but de l'éducateur sera de redonner confiance à l'athlète pour être performant à l’entraînement et en match.

Quid de l'environnement : le public, les supporters, les médias ?

A t-on besoin de dénoncer comme le font certaines associations ? A travers mes études, je ne juge pas cela nécessaire. Mon constat est triste mais réel : le supporter qui fait des cris de singe sera toujours raciste, comme tu auras toujours des homophobes, comme tu auras toujours ''des cons''... Combat Sport n'est pas une association ''LGBT''. Est-ce que tous les homosexuels sont des victimes ? Non. Est-ce que tous les homosexuels sont magnifiques ? Non plus. J'ai créé mon association pour aider les acteurs (coachs, joueurs) à résoudre la problématique sur le sujet sensible qu'est l'homosexualité. Rien de plus.

Tu reçois l'aide de Provale, de la LNR, de la Fédération ?

J'ai contacté Provale en 2016 sur les conseils d'un club de Pro D2. Ils m'ont répondu rapidement, le sujet les a intéressé. J'ai échangé avec le syndicat à plusieurs reprises pour faire le point et voir les actions à mener. Je voulais les féliciter pour leurs initiations, en particulier son président Robin Tchale-Watchou. J'ai rencontré un acteur du syndicat sur Paris, ça s'est bien passé. Provale me donnera directement des contacts de formateurs, éducateurs. Il m'a fait de la publicité dans son magazine du mois d'avril avec un bon retour : des joueurs m'ont contacté pour discuter du sujet, et j'ai eu quelques témoignages.

Ce n'est pas évident pour eux de venir vers moi. On me pose parfois des questions sur mon passé de sportif, sur mes contacts... Il faut que je sois à la fois crédible et discret pour que l'athlète me fasse confiance. Pour l'instant, je n'ai pas eu de contact avec la LNR. Je serais ravi de collaborer avec eux, présenter mon association sans braquer personne. Je suis ouvert à toutes les propositions.

Sans trop nous en dévoiler, que peux-tu nous dire sur les témoignages des joueurs ?

Dans le rugby, les témoignages ont été positifs, hormis un joueur qui n'arrivait pas à s'assumer : il voulait changer, aller voir un psy pour ''aimer de nouveau les femmes''. Chaque joueur a fait un point sur sa situation personnelle (coming-out auprès des amis, familles..), sur sa place et position dans le vestiaire. J'ai également posé des questions sur le sujet de l'homosexualité pour faire avancer la cause. Pour une majorité, la Ligue et Fédération doivent prendre des mesures pour faire de la prévention sur les discriminations dans les centres de formation. Un coming-out serait un peu risqué, un sacrifice ''trop grand''. On a parlé du courage de Gareth Thomas ou encore de Nigel Owens.

VIDEO. L'ancien capitaine du Pays de Galles Gareth Thomas se confie sur son coming out

Un joueur m'a contacté, juste pour me féliciter de mon action. Dans le foot, un joueur a contacté la Fédération car il avait eu des problèmes avec son vestiaire. Aucune réponse. Les acteurs du foot sont ''moins intéressés'' ou ont aucune envie de discuter du sujet en général.

En règle générale, tu sens que la vision du monde du rugby sur l'homosexualité est en train d'évoluer ?

Selon les acteurs du rugby et mon impression, on sent une évolution positive dans les mentalités. Dans l'environnement du football, tu as plus d'homophobie parce que tu as une concurrence très forte. Plus on a de concurrence, plus tu as de rivalités, plus tu as de la tension et plus tu as de la discrimination. Aucun joueur professionnel ne fait l'unanimité et les supporters dans les stades de foot sont rarement ensemble. On a eu des événements dramatiques ces derniers temps d'ailleurs. Tu as des joueurs qui viennent de tous les horizons, notamment les pays dans lesquels l'homosexualité est pénalisée...

Dans le rugby, tu as de la rivalité sportive à l'intérieur d'un groupe. Chaque joueur essaye de gagner sa place à l’entraînement pour le match du week-end, avec un titulaire pour deux places sur un poste en général. Il doit être plus fort, ne montrer aucune faiblesse, être le meilleur. Chaque joueur va essayer ''d'impressionner'' son adversaire avant et pendant le match.

Pour certaines personnes, l'image d'un rugbyman, "l'homme fort'', n'est pas compatible avec l'image d'un homosexuel, ''un faible, une femmelette''. Les maillots roses au Stade Français, les Dieux du Stade... Le milieu du rugby est plus ouvert que celui du foot. Le sujet de l'homosexualité reste tabou parce que des acteurs ne se sont pas penchés sur la question. C'est compliqué de donner son avis dessus quand tu es joueur en activité. Un coming-out d'un rugbyman français un jour ? Si le joueur veut se libérer d'un poids, faire avancer la cause ou aider les jeunes homosexuels fan du rugby qui ont du mal à s'assumer... Ce serait cool, mais avoir un joueur homosexuel qui fait sa carrière, qui se sent bien dans sa tête et dans son corps et qui fasse sa petite vie tranquille, c'est déjà un bon début. Je ne pousserai jamais un joueur à faire son coming-out. Il faut que son club (coéquipiers, dirigeants), la Ligue, son conseiller ou ses proches soient en phase avec son action pour ne pas avoir de mauvaise surprise au finale. Le public puis l'environnement devront retenir et souligner les performances sportives et son comportement. Au fil du temps, il faut montrer que son orientation sexuel est banale.

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C'est l'esprit d'ouverture, en général, et la culture de la différence qui feront grandir l'humanité !

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