Dans un entretien àL’Équipe, Matthieu Jalibert est revenu sur les critiques autour de son jeu, et plus particulièrement de sa défense. A quelques semaines des tests de novembre, le Bordelais, qui sera très certainement dans le groupe aux côtés de Romain Ntamack, sait qu'il sera encore attendu dans ce domaine face aux nations du sud.Top 14. UBB. Matthieu Jalibert, le 'millénaire' qui veut régner sur la décennie
Ciblé après la défaite frustrante face à l’Angleterre (26-25) dans le 6 Nations 2025, l’ouvreur de l’UBB n’a pas oublié : “J’ai trouvé les remarques excessives. [...] J’ai parfois l’impression d’avoir été pointé du doigt injustement.” Un discours lucide, mais piqué, d’un joueur qui sait qu’on attend beaucoup — peut-être trop — de lui.
Un statut à double tranchant
Être un 10 français en 2025, c’est comme jouer au chef d’orchestre avec un gilet pare-balles. Chaque raté défensif devient une affaire d’État. Et Jalibert en a conscience : “Parfois, j’ai l’impression d’être un peu plus visé, que j’ai moins le droit à l’erreur. Mais c’est comme ça depuis le début de ma carrière. Je m'y suis habitué !”
Un statut de joueur “spectaculaire mais fragile” qu’il traîne depuis ses débuts, et qui commence sérieusement à l’agacer : “On m’a trop catégorisé comme un joueur qui s’enlevait dans les zones de contact. C’est un peu vexant.” La séquence anglaise en est l’exemple parfait.TOP 14. ''La saison idéale c’est le doublé'', Jalibert (UBB) et l’ogre girondin ont (TRÈS) faimIl sort à la 60e, la France mène 18-12, et pourtant, c’est lui qu’on accuse : “J’ai l’impression que c’est moi qui ai fait perdre l’équipe !” Une analyse simpliste ? Un bouc émissaire commode ? Certains observateurs — comme le coach de la défense de l'UBB Aurélien Cologni — n’hésitent plus à dire que Jalibert est “un très bon défenseur qui n’en avait pas conscience”.
“Je ne serai jamais un sécateur, mais…”
Pas question de se cacher derrière des excuses. Jalibert reconnaît ses lacunes, mais insiste sur le travail effectué : “Je donne mon max pour augmenter mes stats et ma qualité de défense.” À l’UBB, ce boulot est concret, régulier, et surtout, il porte ses fruits. Cologni l’a aidé à retrouver confiance avec des consignes claires. “Aujourd’hui, j’y prends plus de plaisir. [...] On bosse sur des situations réelles.”
J'essaie d'être un peu plus agressif et plus dominant, même si je sais que je ne serai jamais un sécateur. L'important est que je sois un peu plus dense dans ma zone et que j'apporte plus de confiance à mes coéquipiers dans ce secteur.
Changer les perceptions, un plaquage à la fois
Le numéro 10 n’est pas resté silencieux. Il a abordé frontalement le sujet avec le sélectionneur dès la tournée de novembre. Une discussion franche, nécessaire, car les Bleus auront besoin d’un Jalibert au sommet de sa forme — et de sa confiance — pour les prochaines échéances.
Je n'ai pas de problème avec l'équipe de France. C'est vrai qu'il y a eu une période plus compliquée. Comme ça a été dit, j'ai eu ces discussions avec Fabien sur un mal-être, des sentiments que j'avais besoin d'exprimer. Il a compris et accepté ce que je lui ai dit.
Ceux qui le connaissent le savent : Jalibert n’est pas du genre à esquiver. Il avance. Et il sait que la meilleure réponse passera par les actes, pas par les mots. “Je veux être plus dense dans ma zone, et apporter plus de confiance à mes coéquipiers.” Le message est passé.
Pianto
le plus "drôle" c'est quand on pointe ce défaut chez Jalibert pour justifier qu'il vaudrait mieux mettre Ramos. Autant Ntamack a des qualités hors norme de défenseur autant Ramos ou Jalibert, c'est à peu près pareil... D'ailleurs à l'automne, les stats de ramos en 10 avec l'EDf étaient cata mais comme on avait gagné, c'était passé crème.
Quand on perd, c'est différent, on cherche des coupables, et Jalibert n'est jamais loin du coup de hache.
Il a progressé et je crois que le point le plus important c'est ce qu'il dit à la fin, donner confiance aux coéquipiers. Il faut du temps pour gagner le respect des autres quand on a été autant épinglé pour des manquements...
jujudethil
Dans le sécateur, il y a les lames et le manche, à quelle partie s’apparente-t-il ? 🤭
lebonbernieCGunther
Ca m'agace toujours quand les qualités défensives sont résumées à la seule action du plaquage! La panoplie du "bon défenseur", surtout en 10, doit être beaucoup plus large: en premier lieu, le placement est primordial, l'anticipation, la réactivité et la lecture du jeu adverse aussi. Et l'ouvreur doit aussi, avant le prétendu capitaine de la défense (le + souvent le 12), organiser et placer sa ligne de défense. Sans parler dans sa couverture dans le 3ème rideau... Avouez que ça fait beaucoup de facteurs à prendre en compte avant de juger un mec sur les seuls bouchons qu'il met ou pas...
Par ailleurs, perso, tous ces éléments que doit maîtriser un ouvreur font que j'aime pas trop quand il se consomme dans les situations de plaquage, car il doit avant tout rester dispo pour organiser une nouvelle offensive en cas de turn-over ou s'occuper de la ligne défensive ou du fond du terrain si le ballon reste chez l'adversaire. Aussi, ça me gêne pas du tout de le voir plaquer au buffet pour empêcher la transmission et en attendant du renfort, afin d'être libre le plus rapidement possible. Et près de notre ligne d'en-but, c'est le plus souvent le 12 qui vient en premier défenseur (et pas qu'avec Jalibert).
Pour son cas perso, c'est vrai que pendant longtemps il était réticent à l'idée de mettre le nez là où ça pique, mais depuis au moins deux saisons, il fait le taf et comme il coche toutes les autres cases du registre défensif dans son ensemble, je vois pas trop ce qu'on peut lui reprocher en la matière.
pascalbulroland
Moi qui a souvent critiqué sa défense, je dois dire qu'il a énormément progressé dans ce secteur.
Son travail en défense avec l'entraineur spécialiste dans ce secteur à Bordeaux paye, et il est de plus en plus à l'aise dans sa façon de faire....ce ne peut être que positif pour lui et pour son équipe.
NMa
Je trouve l'entretien assez lucide.
Et totalement d'accord sur le déferlements de critiques suite à la défaire en Angleterre au dernier 6N, alors qu'il avait mis les joueurs dans l'avancée et dans des situations de marques qui ne doivent pas rater (en avant de Penaud, Dupont pour exemple).
Après c'est normal de travailler sur ses points faibles, mais il faut un sacré recule pour l'admettre.