Deux ans après son départ du MHR, Philippe Saint-André va retrouver le terrain. Cette fois, c’est à Provence Rugby qu’il pose ses valises, dans un costume de manager élargi. Moins médiatique, mais plus engageant. À Aix-en-Provence, l’ancien sélectionneur des Bleus n’a pas signé pour faire joli : il vient pour faire monter le club.
RUGBY. Savea, McKenzie, Ioane... Les Blacks changent (presque) tout pour finir fort face aux Bleus
🎬 Retour sur le terrain
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Pas que de la sueur… Le ballon a lui aussi quitté le local à matos.
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Du vécu, des idées claires, et de l’humilité
Devant plus de 2000 supporters réunis à la mi-juillet, Saint-André n’a pas fait de promesse en l’air. Il connaît les attentes, il sent l’engouement, mais reste mesuré : la Pro D2, il ne l’a jamais pratiquée. Il va donc la découvrir, avec beaucoup d’envie et un vrai respect pour ce championnat souvent sous-estimé. Cela ne l’a pas empêché de poser, dès son arrivée, les bases d’un projet de haut niveau.
Pour ça, PSA a construit un staff à son image : dense, expérimenté et rompu à la gagne. Il a embarqué avec lui Sébastien Fouassier pour piloter les avants, Julien Dupuy pour les trois-quarts, Rémi Ladauge pour la défense, et surtout Alexandre Marco, préparateur physique qui a roulé sa bosse au Stade Français, à Toulon, ou encore avec la Squadra Azzurra. Une vraie cellule performance, avec des mecs qui savent ce que c’est que de soulever des trophées. C’est d’ailleurs le leitmotiv de Saint-André : entourer le club de gens qui ont gagné. Parce que l’expérience, dit-il, "tu ne peux pas l’acheter".
Un audit express, un mercato solide
Avant même d’enfiler le survêt’, PSA a bossé. En coulisses, il a mené un audit express de tout le club et géré, à distance, un mercato ambitieux. Le recrutement a été pensé pour muscler le groupe en accord avec l’identité de jeu. Des profils de Top 14 sont arrivés : Sébastien Taofifenua, Laterrade, Deghmache, Bituniyata, ou encore Pierre Lucas. Le mot d’ordre : densifier devant, et injecter de la puissance. Car pour Saint-André, le rugby reste simple : "les avants gagnent l’argent, les trois-quarts le dépensent."
✍️ #NotreHistoire2526 s’écrira avec créativité.
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Chapitre 11 : Caleb Muntz
À 25 ans, il incarne un rugby d’instinct, de vista, de maîtrise. Un créateur humble, venu faire grandir notre collectif qui arrivera le 1er octobre 2025.
Bienvenue Caleb !
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Depuis le 15 juillet, la prépa a commencé sur un bon rythme. La montée commence dès l'été. Et le staff veut des joueurs affûtés, capables de performer toute la saison. Ce que Provence n’a pas su faire l’an dernier, plombé par les blessures et une forme en dents de scie en fin de saison.
Avec ce nouvel organigramme et cette ambition affichée, Provence Rugby ne se cache plus. L’objectif est double : se qualifier, et se donner toutes les chances de finir dans les deux premiers pour éviter le piège du barrage. Le président Denis Philipon l’a dit sans détour : "On veut monter." Et Saint-André ne dit pas autre chose, même s’il reste prudent sur la temporalité. À moyen terme, Provence doit s’installer en Top 14.
Un club qui attire de plus en plus
"Les joueurs veulent venir", glisse PSA. Entre un cadre de vie plus que séduisant, des installations dignes de l’élite et un staff réputé, Provence Rugby commence à devenir une destination prisée. Le carnet d’adresses du manager fait le reste. Et ce n’est pas un hasard si des anciens du Stade Toulousain, de Montpellier ou de Toulon ont dit oui à Aix.
Notre nouveau 𝙈𝙖𝙞𝙡𝙡𝙤𝙩 𝘿𝙤𝙢𝙞𝙘𝙞𝙡𝙚 pour la saison 2025/2026 est désormais 𝗱𝗶𝘀𝗽𝗼𝗻𝗶𝗯𝗹𝗲 ! 🖤
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Provence Rugby n’est plus là pour faire de la figuration. Avec Saint-André aux commandes, le club veut capitaliser sur les deux dernières saisons et briser le plafond de verre. Le Top 14 est dans le viseur. Il faudra de la régularité, de la maîtrise, et une grosse dose d’exigence. Ça tombe bien, c’est justement ce que PSA est venu apporter.
Yonolan
L'histoire est ironique quand même..
Il va arborer sur ses nouvelles couleurs une fougère qui va surement lui rappeler sa plus grosse déculottée en EDF : 62 à 13 en 1/4 à Cardiff
Allez souhaitons lui d'être du bon coté maintenant
AKA
@potemkine09 Puisque nous parlons de gestion d'un club de ProD2: https://www.mediabask.eus/fr/info_mbsk/20250716/biarritz-olympique-jean-baptiste-aldige-vise-par-une-enquete
Yonolan
Si c'est avéré ça fait faire du bruit....
AKA
Extrait d'un article du Palmipède du 02/07/25, titre: Stérin la joue tout terrain
"Patriote français revendiqué mais coulant un exil fiscal heureux en Belgique, Stérin est aussi entré, le 13 juin, dans la mêlée du BO, en prenant le contrôle du club. "Biarritz a réussi le tour de force de devenir le premier club français propriété d'un magnat de l'extrême droite" cingle un vieux supporter qui ne décolère pas. "Tout le monde est embarrassé avec l'arrivée de Stérin, car on ne sais pas où il veut en venir" balance un ancien élu Biarrot. Dans une interview à Ici Pays Basque C Arrostéguy, le PdT du club donne dans l'humour involontaire: " le BO reste un club de rugby. Un club de rugby c'est apolitique. Quand Mr Stérin vient, il vient par plaisir, par amour du territoire."
Et du piment d'Espellette? " (Fin de l'article.) De plus je ne suis pas sûr que Stérin se soit déjà déplacé à Biarritz pour cette "prise de contrôle"
potemkine09
Et question Finance, comment s'en sort le club ? D'où vient l'argent pour payer cette masse salariale ?
Sans compte équilibré, on parlera d'Aix dans une autre rubrique bientôt.
kelval
Et du coup, après ma longue réponse, ta question a piqué ma curiosité.
Les résultats financiers du club sont accessibles en ligne sur des sites comme société.com ou pappers.fr .
Je ne suis absolument pas expert comptable, mais l'entreprise affiche un résultat net d'année en année qui oscille entre +100 000€ et -100 000€.
Ca semble plutôt équilibré avec des années en bénéfice et d'autres en négatif, ce qui, sans être formidable, semble déjà bien mieux qu'une majorité des clubs français.
kelval
Je n'ai pas de vue précise sur les comptes du club, mais je le suis depuis longtemps (ancien joueur du début des années 2000).
Depuis l'arrivée de Denis Philippon, le club s'est bien stabilisé en haut de F1, puis en ProD2. Beaucoup le découvrent maintenant qu'il est en haut de l'affiche mais cette montée sur le devant de la scène est le fruit d'une politique soutenue depuis plusieurs années (je n'ose pas dire ambitieuse parce qu'il y a eu tellement de présidents ambitieux qui ont coulé leurs clubs que le terme me semble carrément négatif).
Le sponsor principal est Voyages Privé, société de Denis Philippon, mais il y a eu un énorme travail de diversification et d'élargissement de la base de sponsors pour que le club ne soit pas tributaire d'un revers de VP.
Les budgets sont en augmentation année après année, sans bond complètement dingue non plus. Wikipedia donne un passage de 9 à 14,5 millions d'euros en 5 ans, soit +1M par an en moyenne. J'ai connu l'époque en haut de la F1, à 600-700 000 euros par an, où nous étions déjà des "riches" alors tout ça est très relatif.
Le club a beaucoup investi sur les jeunes, a construit un très beau centre de formation et sort quasiment un international -de 20 ans par an depuis plusieurs années. Ce n'est pas comparable à Grenoble ou Brive, mais le club part de loin et progresse en continu. Il y a entre 3 et 7 joueurs issus du centre de formation sur chaque feuille de match.
Le public, pendant longtemps très "spectateur", est de plus en plus supporter. Les matches se jouent de plus en plus à guichets fermés malgré l'augmentation de la capacité du stade à 8500 places.
A ce sujet, le stade grandit tous les ans, et malgré cela il est maintenant constamment plein. Il faut se dire qu'on part d'une tribune d'une avec des banquettes en béton et environ 150-200 places sur le toit du club house au milieu des années 2000.
Le club recrute entre 6 et 8 joueurs par an, ce qui n'est certes pas la stabilité du Stade Toulousain. Mais c'est dans la moyenne. Le recrutement est axé sur des joueurs qui apportent un vrai plus à l'équipe.
Pendant longtemps, c'était beaucoup de vieilles gloires en préretraite, mais le passage de Reggiardo a changé beaucoup les choses. Mauricio a fait un super travail de structuration du sportif. Il a su faire venir des jeunes avec du potentiel en prêt et des joueurs compétents avec encore une belle volonté de gagner. Même si il n'est peut être pas l'entraineur le plus en vue du circuit, il a vraiment apporté du sérieux et un changement d'image. Le club peut vraiment lui être reconnaissant.
Attention, c'est un club qui a des points négatifs comme d'autres, il est loin d'être parfait.
Mais même si le Rugbynistère semble le découvrir tout à coup, il est le fruit d'une construction et d'une stabilisation continue depuis 15 ans environ.
Son président croit dans le club et y investit depuis longtemps. Il a investi dans les structures et dans les hommes.
Ce n'est pas une ascension éclair comme le Stade Français sous l'ère Guazzini.
Beaucoup de supporter adverses traitent l'équipe de "mercenaires" parce qu'elle a un budget en constante augmentation, mais pour moi ce sont des envieux. Si leur club de cœur avait ce budget, ils ne cracheraient pas dessus. Et personne ne crache sur le Stade Toulousain parce que son budget augmente chaque année.
Bon, j'ai écrit un roman, alors que j'ai été plutôt critique de l'équipe sur les 20 dernières années. Je regrette la perte de l'amateurisme comme beaucoup, mais suis admiratif de la progression continue et la structuration depuis le début des années 2000.
jujudethil
Tu ne peux pas te comparer à Guazzini , lui il avait la robe blanche de Dalida alors forcément…
potemkine09
Réponse très complète et intéressante, merci!
Elle mériterait de devenir un article à part entière (coups de coude à la Rédac' 😊)
Le point le plus positif est la diversification des sponsors. Pour avoir connu à Pamiers les conséquences de la perte du sponsor principal (passage de qualifié pour la N2 à descente en Fed3), c'est un point capital pour la stabilité à long terme.
Tant mieux si vous avez un président qui s'inscrit dans une vision à long terme, avec de la formation, et bonne chance dans une division ultra compétitive !
Amis à Laporte
Asseoir un club de manière durable demande des années. Je veux bien, lorsqu'un entraîneur de renom arrive, que l'on fasse des effets de manche pour faire monter la mayonnaise mais ce n'est pas qu'en recrutant à tour de bras que la recette fonctionne sinon, ça se saurait.
pascalbulroland
C'est vrai, il faut que la mayonnaise prenne, et si c'est le cas, c'est un bon pari, si ça prend pas, faut changer de sauce... 😉
Amis à Laporte
Je suis d'accord, mais quel temps faut-il attendre avant de s'apercevoir que ce n'est pas un bon pari ? 😉
pascalbulroland
Le temps de la réflexion sans doute... 😃