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Non, un club amateur ne se gère pas comme une entreprise
Ôde au rugby amateur changeant.
Voici l'histoire d'un club, à peine fictif, certains le reconnaîtront, d'autres reconnaîtront leur propre club. Cette histoire, à quelques variantes près, beaucoup la connaissent.

Voici l'histoire d'un club, à peine fictif, certains le reconnaîtront, d'autres reconnaîtront leur propre club. Cette histoire, à quelques variantes près, beaucoup la connaissent, elle touche beaucoup de clubs.

Ces clubs qui, repris par des entrepreneurs moins intéressés par le rugby que par leurs intérêts personnels, ont vu s'imposer un système managérial à une association dont les mots d'ordre ne sont plus "bénévolat" et "solidarité" mais "communication" et "résultat". A croire que les rugbymen, joueurs et bénévoles, sont tous des utopistes, et puis des naïfs aussi, parce que les exemples de clubs qui se sont brûlés les ailes à se vouloir trop beaux sont légions, et ça n'est malheureusement pas une tendance à la baisse. A tous les bénévoles qui, partout, font vivre le rugby et ses valeurs

1er acte : l'arrivée en grande pompe

D'abord il y a la rumeur qui enfle: "un nouveau président voudrait reprendre le club". Tout de suite c'est l'effervescence, on s'agite, on s'interroge... faut dire aussi ce qui est : le club est depuis trop d'années statique, les résultats sont bons mais pas incroyables, le président sortant est là depuis tellement d'années qu'on se demande si on en a connu un autre, et puis un coup de balai sur la poussière du club house, sur l'armoire à trophées, sur les infrastructures... Bref, le nouveau c'est forcément mieux ! Le président sortant a tenu la barque des années, il a fait bonne figure. Le nombre de licenciés ne change pas, on retrouve les mêmes visages, "les fils et filles de", les mêmes bénévoles : ceux qu'on a toujours connu, ils sont maladroits, font les licences en retard, parfois ils perdent même les papiers.

Pierre, présent 8 jours sur 7, Richard qui connaît toutes les règles, Jocelyne à la plonge avec son mari, Christine qui aide à l'école de rugby, il y a même Denis qui souffre d'une défaillance mentale mais qui est toujours là pour aider à préparer les entraînements... Ils ne sont ni des grands techniciens ni d'anciens grands joueurs mais ils sont chaleureux, volontaires, disponibles. Ils viennent chercher du contact humain, ils sont les premiers arrivés et les derniers partis, ils appellent les joueurs "fils", ils sont le terreau, le lien et la raison d'être de l'association. On peut pouvoir compter sur eux, d'ailleurs on n'imagine pas faire sans.

En somme le club vit à son rythme, bercé par le quotidien de ses joueurs et de ses bénévoles qui font au mieux pour défendre le maillot, toujours avec le cœur, et sans penser au reste. Le futur président, certains le connaissent, c'est un entrepreneur remarqué de la région. A la tête de grosses boites il est le symbole de la réussite: ses entreprises sont florissantes, il est riche et son carnet d'adresse est bien rempli (ne dit-on pas qu'il connaît bien le maire ?). A coup sûr il permettra au club de (re)partir, d'avoir un nouveau club house, une plus grande tribune et même, sait-on jamais, de monter ? Des petites voix expriment leur désaccord "il aurait déjà coulé un club" ? Ce sont des rumeurs, peut-être même des mensonges et puis c'était il y a longtemps.

Faut dire qu'il présente bien : il sert les mains comme un barman les pintes, il est bien sapé et semble déjà connaître tout le monde. Son discours est clair : le club doit (re)trouver la place qui est la sienne, nous devons croire en nos forces, une telle école de rugby doit aboutir à des résultats en seniors... Ce sont des paroles qui flattent, et ça fait du bien, certains se laissent aller et on entend aux bords des terrains: "c'est un mec comme ça dont le club avait besoin", "avec lui les choses vont vraiment changer". L'élection n'en est pas vraiment une, le président sortant qui faisait l'unanimité ne se représente pas. Il va passer président d'honneur, il est même content de passer la main, il s'est épuisé pendant des années à tenir le club. Prendre un peu de recul ne lui fera pas de mal. Il n'y aura donc pas d'autre liste en face du "nouveau président", c'est un plébiscite ! Mais il y a autre chose qui choque, et ça c'est pas évident de s'en rendre compte : le président qui parle si bien des affaires, qui s'exprime si bien devant les partenaires, ce président bien sous tout rapport, il est bien incapable de parler rugby ! C'est simple : il n'y connaît rien. Il est impossible pour lui de faire la différence entre un pilier et un arrière. Bah! L'important c'est le projet.

2e acte : la prise en main

Ne nous y trompons pas, la prise en main du club ne se fait pas du jour au lendemain. Suivant les ressources posées sur la table ça peut prendre quelques mois, voire quelques années. Mais très vite on sent le vent tourner. Il y a un "petit quelque chose" de différent dans le club mais d'abord c'est imperceptible. Au niveau de l'équipe senior rien ne change dans un premier temps. Quelques joueurs font leur apparition en tant que salariés, le club surfe sur la vague des contrats aidés, pourquoi ne pas en profiter ? Ils intègrent les staffs des équipes jeunes et c'est donc dans l'école de rugby qu'il y a les plus gros changements. Des bénévoles sont gentiment mis à la porte, ils protestent ? Personne ne dit trop rien. En plus, c'est vrai qu'ils n'étaient pas si bons, et puis les jeunes se foutaient d'eux, avec les joueurs entraîneurs qui passent leur BEPJEPS ou qui sont en STAPS on est sûr d'avoir de la qualité. Au moins, le président a tranché, c'est ce que l'on reprochait à l'ancien ? Et puis tant pis si on se passe d'un bénévole alors qu'on est un club amateur. Pour avancer il ne faut pas rester dans le passé.

Et puis... et puis on découvre que plusieurs bénévoles claquent la porte du club. Pourtant, eux, ils étaient bons, tout le monde en est sûr ! Ils étaient même excellents et on les aimait bien, ils étaient toujours présents et puis avaient plein de bonnes idées ! Il y a même un des bénévoles qui connaissait aussi le maire. Ça doit être une histoire de divergence... Et puis faut dire aussi que le vice président c'est un DRH, et question diplomatie il n'est vraiment pas bon. C'est vrai que le combo président-entrepreneur/vice président-DRH a de quoi inquiéter, le club ce n'est pas comme un entreprise, non ? Bon, tout le monde s'en remettra, après tout c'est le lot de chaque club de perdre chaque année des membres et puis faut bien avancer. C'est quand même con parce qu'ils étaient bénévoles... C'est dommage on ne les a même pas fêtés, faut dire qu'avec le nouveau règlement du club house c'est dur de faire une soirée improvisée. Il faut réserver et s'inscrire et puis il doit y avoir un membre du bureau... au final le règlement est plus grand que la carte du bar ! Faut pas se mentir, on a perdu en spontanéité, même les soirées sont un peu moins marrantes.

Non ce qui change vraiment, mais ça on le voit quelques mois plus tard, c'est la pression exercée sur les joueurs et le staff. Le président a dit : on veut monter ! D'accord mais l'équipe elle, que veut-elle ? Parce que les joueurs et le staff sont quasiment les mêmes et l'année dernière on était 6e, et ça nous allait ! Maintenant on vise la montée. OK, mais pourquoi ? Maintenant quand on perd, surtout à domicile (puisque de toute façon le président ne met pas les pieds à l'extérieur) le discours est culpabilisant, c'est forcément de la faute des joueurs : qui est sorti la veille? Qui n'est pas venu à l’entraînement ? Qui était en retard au bus ? Qui n'a pas suivi le plan de jeu ? Les entraîneurs aussi ont le droit aux sermons, c'est juste que eux ce n'est pas sur la place publique, mais la dictature des résultats est bien là. Du coup, l'ambiance est un peu moins bonne, y a des mecs qui jouent le jeu et puis d'autres... Mais attend, on va quand même pas s'engueuler ? On joue au rugby pour le plaisir et depuis trop longtemps ensemble pour s'engueuler. C'est un loisir, non ? Surtout que nous, sur le terrain, on le savait qu'on a pas les armes pour monter. Ni hier, ni aujourd'hui. Pour viser haut, il faut se donner les moyens.

3e acte : Les grandes manœuvres.

La première année se termine, et on est dans le ventre mou et on en est plutôt fier ! Oui sauf qu'on avait dit : la montée. Donc les résultats sont négatifs, c'est mathématique. Premières victimes : les coachs. Il faut renforcer le staff'. Et puis avec le réseau du président l'argent rentre ! Maintenant, le club est riche. On peut donc faire venir une grosse pointure, un mec de Fédérale 1 par exemple, et pourquoi pas un mec qui a entraîné en Pro D2 ? Oui pourquoi pas tiens ? Faut le dire, quand on annonce ça aux joueurs ils sont chauds les mecs ! La prépa physique n'a jamais été aussi bonne. Tout l'été, on s'est préparé pour être au top pour le nouveau coach ! Et l'ancien ? "Bah il trouvera bien à se recycler dans les catégories en dessous, et puis il avait envie de souffler, il parait". En tout cas il a arrêté sans faire de vagues. L’entraîneur de la B lui, a été remercié en milieu de saison, il a eu le malheur d'avoir eu un coup de sang à la fin d'un match. Et ça, pour l'image du club, ce n'est pas bon. On a même pas essayé de le défendre, on lui a dit que ce n'était pas tolérable, pas défendable. Il était là depuis toujours ? Et alors ? Merci, au revoir. Côté vestiaire on voit l'arrivée de quelques joueurs, des mecs qui ont joué plus haut (toujours difficile à déterminer ça, "plus haut" ça veut dire quoi ? Espoir de ProD2 ? Réserve de Fédérale 1 ? Fédérale 2 ? Il est passé en vacances à Toulouse ?). Bon, ils n'ont pas tous l'air mauvais. Mais ils viennent pour quoi ? Qu'est-ce qui peut bien expliquer la venue d'un joueur de niveau supérieur ? En terme de communication le président le dit et le répète (il le dit même dans les journaux) : on ne paye pas les joueurs ! D'ailleurs, même "défrayé" il ne faut pas trop le dire à l'extérieur parce qu'on veut garder cette image de "petit club". Le président aime bien le rugby de clocher. Il a même regardé le documentaire sur Youtube. Alors quoi, la douceur du pays ? D'ailleurs comment fait un club pour recruter ? Un club sans passé glorieux, qui n'est pas une place-forte du rugby, qui n'est pas dans une région rugbystique, qui n'est pas dans la banlieue d'un très grand club, qui n'est même pas dans une région touristique ? C'est simple, il va à la pêche... Il regarde plein de CV sur Provale, appelle les mecs et espère que certains viendront. C'est comme ça que se créée un marché de rugbymen amateurs, ou certains joueurs se retrouvent surpayés (défrayés on a dit) alors qu'ils n'ont aucun bagage technique, physique ou parfois même rugbystique. Ça devient un marché comme un autre, sauf que les produits sont les joueurs de Fédérale... On ne paye pas les joueurs, mais va quand même être mis en place un système de prime de match. On n'attire pas les mouches avec du vinaigre. Pour les joueurs  de l'équipe fanion c'est simple : on gagne, on récupère de l'argent, c'est pas plus compliqué. Et le combo parfait c'est la victoire bonifiée à l'extérieur en équipe 1, ça tout le monde l'a bien compris. En équipe B on touche de l'argent aussi, mais pas autant et puis pas régulièrement, pas toujours, enfin personne ne sait vraiment. Du coup la première règle mise en place par le nouvel entraîneur c'est : "ne jouent que ceux qui s’entraînent"!  Mais ça, c'est la théorie, parce que Benoît est le meilleur joueur, tout le monde le sait, mais avec son boulot et ses gamins il ne peut faire qu'un mercredi sur deux et puis il ne peut pas faire les déplacements non plus. "'Benoît, c'est pas pareil". Ah ? Bon… Si on résume : les entraîneurs ont changé, les joueurs ont changé, ceux qui arrivent sont payés (défrayés putain : le club ne paye pas les joueurs), et les primes de match viennent bousculer l'harmonie de l'équipe. Un joueur formé au club ne sera pas payé, il doit jouer pour l'amour du maillot. Ainsi les paradigmes changent : les joueurs ne sont plus récompensés pour leur apport à l'équipe et au groupe mais sur la simple base sportive. Ainsi des joueurs qui sont là depuis 20 ans (ou plus), membres de l'équipe A vont se retrouver progressivement poussés vers la sortie et remplacés par des joueurs qui viennent de l'extérieur et qui vont toucher bien plus ! D'ailleurs comment évalue-t-on le salaire d'un joueur en Fédérale ? Qu'est-ce qui justifie des différences de 0 à 500 euros (ou plus) de primes? Et même plus largement, comment évalue-t-on la qualité d'un joueur amateur ? On en a tous connus des mecs qui ne mettaient jamais les pieds en A mais qui faisaient tous les déplacements, qui n'étaient jamais blessés, qui amenaient de quoi faire la fête dans le bus, qui dépannaient à tous les postes et puis avec eux on était bien accompagné pour la guerre. Parce que c'est ça qui se joue : la notion même de jeu, ce sentiment que rien ne peut nous arriver parce qu'on se serre les coudes. On est pas les plus beaux, on est pas les plus forts mais on lâche rien et on s'accroche, ensemble. Et puis, surtout, après on restait boire des coups !

4e acte : La destruction

La machine est lancée, on a dit la montée ! On l'a bien vu, y a pas que l'ambiance qui a changé. Tout le club est différent. Le discours est moralisateur, les joueurs qui viennent de l'extérieur, qu'ils apportent quelque chose ou non, sont mieux rémunérés que les autres. Oui, mais tout ne s'achète pas. On a perdu les camarades, on ne croise plus que des partenaires. D'ailleurs, Benoît a quitté le navire. Il a simplement arrêté de venir et personne ne s'en est formalisé. Le mec qui ne mettait pas les pieds en A ne vient plus non plus, il est resté jusqu'à la fin de saison mais n'a pas re-signé. "Il parait qu'il arrête". On ne fera pas de fête pour eux non plus. On a plus le temps, on est devenu sérieux. On voit passer des joueurs au niveau incroyable, mais ils ne restent pas, le club leur sert de tremplin. Ils ne passent que le temps de se faire remarquer, autrement dit : ils n'apportent rien. Ce qui est dommage c'est qu'on est sérieux mais on ne gagne pas beaucoup plus qu'avant...Y a même des équipes qui se foutent de nous, on nous appelle les mercenaires. Mais nous, ceux qui sommes là depuis le début, depuis avant... On n'est pas payé ! On tient la baraque gratuitement mon bon Monsieur ! Les joueurs qui sont payés restent rarement plus d'une année de toute manière (ça doit être eux les fameux mercenaires), ils sont interchangeables, ils sont tous pareils. D'ailleurs, pour la plupart on les voit beaucoup à la salle de musculation mais pas tellement sur le terrain et encore moins auprès de l'école de rugby. Le discours du coach ne passe plus très bien, il a voulu imposer des méthodes de Pro D2? mais 5 entraînements par semaine personne n'est capable de les tenir, d'ailleurs les 72 combinaisons en touche personne n'est capable de les retenir non plus. C'est dommage parce que c'est déjà le 3e entraîneur en 3 ans depuis l'arrivée du président. Alors souvent, on se fait engueuler à la fin des entraînements, et puis à la fin des matchs aussi. On le sent bien que l’entraîneur il a la paille au cul, et que le président aussi parce que les sponsors on leur a promis la montée. C'est con parce que le club s'est mis tout seul dans cette situation. C'est aussi le moment ou l'on découvre que "faire de l'argent" pour un club de Fédérale c'est quasiment impossible, ce n'est pas la recette des entrées, ni de la buvette et encore moins des maillots qui fait rentrer l'argent. Avec la vision de ce genre de président on touche aux limites du système mis en place : comme il est hors de question de faire confiance aux joueurs issus de la formation (comment un joueur formé par un club de Fédérale pourrait être meilleur qu'un joueur qui indique Top 14 ou Pro D2 sur son CV ?). Le seul moyen pour avancer c'est le salaire que l'on va verser à ceux que l'on recrute. C'est le fameux serpent qui se mord la queue : il nous faut de l'argent pour gagner, mais pour gagner il nous faut de l'argent. N'oublions pas que ce qu'on appelle argent en rugby amateur c'est seulement le mécénat des entreprises, on est donc suspendu à leurs bons vouloirs. Demandez à tous ces clubs qui ont vu arriver un énorme trou dans le budget simplement parce qu'une entreprise leur a fait défaut. Tous ces clubs que l'on retrouve à des niveaux amateurs et qui écrasent la concurrence avec leurs joueurs payés (un regard vers la poule 15 du championnat de Fédérale 3 2020-2021 pour s'en convaincre).

5e acte : L'agonie

Tout a changé, c'est un fait. Le club tel qu'on le connaît meurt à petit feu. Pierre est parti, Richard, Christian et les autres aussi... On ne reconnaît plus personne. Les salariés de la première heure sont partis eux aussi, fatigués d'être traités comme des larbins, épuisés de devoir faire plus de com' que d’entraînements, lassés d'être sans cesse surveillés, muselé, infantilisé… Les membres du bureau se déchirent entre eux sur la manière de gérer le club, certains ont bien vu que tout se cassait la gueule. Ils ont essayé de tirer la sonnette d'alarme, on leur a reproché de ne pas être dans l'esprit, de ne pas être club, la contestation n'est d'ailleurs plus tellement autorisée, demandez au capitaine qui a voulu défendre le dernier entraîneur viré… Dans ces conditions, impossible de monter une équipe pour faire concurrence aux prochaines élections. Pour le bien du club on doit tous avoir le même discours. Un exemple ? Les joueurs ne sont pas payés... Un autre exemple ? L'objectif c'est la montée, quiconque ne tient pas ce discours est contre le club. Et peu importe si on n'a pas d'équipe B, obligatoire pour se maintenir. Tout a été détruit, le club house est neuf, c'est un fait, mais il ne contient plus les histoires d'antan, les photos aux murs ont été remplacées par des écrans de télévisions, les trophées par un stand de vente de goodies, les bénévoles par des salariés, même l'ambiance semble vouloir quitter les lieux: on n'y chante plus, on n'y passe plus la nuit, on ne fait pas de soirée qui "dérape", on rentre docilement, on a presque l'impression de déranger.  Le top 14 est sur toutes les télés, on ne se parle plus, on ne refait plus les matchs, on mange mieux mais on ne prend même plus le temps de s'asseoir. Personne ne traîne plus, le bar, comme le club, n'est plus un lieu de vie, c'est devenu un lieu de passage. On n'est plus chez nous. Loulou, Pika, Dada, Wawa sont partis. Cris, Fab, Djé ont essayé mais on finit par abandonner. Lulu et Jo sont encore là mais ils ne reconnaissent plus personne. Alors que reste-t-il de notre club? Rien, ou pas grand chose. En quelques années il a implosé sur l'autel de la concurrence (pas la concurrence sportive, qui serait normale, mais la concurrence entrepreneuriale). Il y a maintenant pleins de responsables, de managers, de consultants, de chargé de... L'organigramme ressemble à une start-up, chacun surveille le travail de l'autre, les valeurs comme la confiance, le partage, l'entraide, la débrouille, le bénévolat etc. ont disparu. Et lorsqu'ils sont mis en place ce n'est que pour communiquer, pour générer du clique, de la visite, des ventes. Même la mascotte est défrayée ! Il faut créer une ambiance d'équipe La réalité c'est que les joueurs, comme les bénévoles, de la première heure, n'ont pas adhéré au projet, pour plusieurs raisons : d'abord parce qu'on ne leur en a jamais parlé (cette fameuse montée tant fantasmée n'est l'idée que d'une personne), ensuite parce qu'on leur a bien fait comprendre qu'ils n'étaient pas prioritaires, pire on leur a dit : il est hors de question qu'on paye des joueurs issus de la formation. Même lorsqu'on demande directement au président (pour ceux qui ont la chance de le voir) pourquoi tout le monde n'a pas le droit aux fameux "défraiements", la réponse fuse : Vous êtes quand même très exigeants ! On est exigeants avec la direction parce qu'elle l'est avec les joueurs (victoires, investissement, musculation, sérieux, respect des consignes, du plan de jeu et des règles de vie...) et puis on nous parle de moyens, de mécénats, de sponsors mais matériellement rien n'a changé: il n'y a pas plus de matériel d'entraînement, la dote est la même et on paye toujours notre licence à un prix exorbitant ! Et on ne parle même pas de l'école de rugby ou des Féminines… C'est ainsi qu'à l'aube d'une énième année le club vit des heures tumultueuses, les joueurs issus des centres de formation ont remplacé les joueurs issus du club, qui ont glissé en B, pour finalement claquer la porte. Les bénévoles ne sont plus que des salariés stressés comme dans n'importe quelle entreprise. Les juniors jouent à un niveau trop élevés pour eux et se font casser la gueule tous les week-ends, l'école de rugby a des entraîneurs géorgiens ou roumains qui ont pris la place des anciens, même la convivialité est artificielle (provoquée par exemple par la location d'une bandas les soirs de matchs, ou les fûts payés par le président, même les soirs de défaites…). La convivialité qui se faisait naturellement est devenue artificielle.

Et après ? Ça ne serait pas si grave si ça ne concernait qu'un seul club. Si cette histoire n'était l’œuvre que d'une personne et d'une seule association. Mais c'est précisément parce qu'il y a beaucoup trop de ce genre de personne qui gravite autour du rugby amateur que des clubs se cassent la gueule. Combien de club faudra-t-il épuiser, abîmer, détruire pour que les choses changent réellement ? Combien de président véreux, qui ne connaissent rien aux valeurs du rugby, de l'associatif, du bénévolat ? De ces présidents capables de faire des leçons de morale en s'inscrivant sur des listes FFR en parlant de valeurs, mais qui ne les appliquent jamais pour leur propre club. Il n'y a certainement pas de solution miracle mais nous essaierons (avec vos avis et commentaires) de proposer des solutions pour éviter ce genre de situation.

Merci à Florian Blondy pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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Superbe article, merci !

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