L'histoire hors du commun de Musa Jaïteh, deuxième ligne de Briançon menacé d'expulsion
Le club de Briançon au cœur d'une belle initiative pour son deuxième ligne Musa Jaïteh
Musa Jaïteh, deuxième ligne gambien du Rugby club du Pays Briançonnais est menacé d'expulsion. Le club des Hautes-Alpes vole à sa rescousse et souhaite lui trouver un emploi avant la fameuse date butoir.

Briançon, ville limitrophe de l'Italie aux 11 000 âmes et son club de rugby le Rugby club du Pays Briançonnais, se retrouvent au cœur d'une histoire qui va à coup sûr bouleverser le monde du rugby, connu pour ses vertus d'entraide et de solidarité. Le club qui évolue en 1ère Série au sein de la Ligue Auvergne Rhône-Alpes, cherche coûte que coûte un emploi à son deuxième ligne gambien Musa Jaïteh, arrivé à l'intersaison et demandeur d'asile. Le jeune homme de 27 ans, est plus que jamais menacé d'expulsion, puisque son titre temporaire de séjour prend fin en mars prochain. Une situation qui devient de plus en plus préoccupante donc, pour le joueur mais également pour le club comme le confiait une source de la formation à Actu.fr : ''Depuis trois mois, le club a tout fait pour lui trouver un CDI. Nous avions beaucoup de pistes de travail et on a même eu quelques entretiens, malgré son niveau de français qui n’est pas parfait, mais qui s’améliore de jour en jour''. Plusieurs opportunités ont donc même été proche de se concrétiser, mais la pandémie de Covid-19 qui frappe actuellement le monde a eu raison de ces dernières comme l'explique Benjamin Boiteau, chargé de communication du club : ''Il devait notamment travailler à Leclerc qui est un de nos partenaires, mais à cause du confinement, le magasin a dû fermer des rayons et n'a pas pu embaucher. Pareil avec un autre partenaire qui est une agence de voyages basée sur le domaine skiable de Serre Chevalier, mais vu que la station de ski n’ouvre pas, tous les contrats sont tombés à l’eau. C’est dommage, car ces personnes-là faisaient preuve de générosité et étaient prêtes à s’embarrasser avec toute la paperasse française, qui est vraiment très complexe, pour embaucher Musa.'' 

Motivé, désireux de perfectionner jour après jour son français, Musa dispose de plusieurs cordes à son arc. Il détient entre autres de diverses formations dont une de soudeur industriel, mais également en charpente et une formation de peintre en bâtiment. Débrouillard, il a collectionné les petits boulots afin d'assurer l'avenir de sa famille : ''C’est un garçon hyper débrouillard. Il a travaillé dans des sociétés de nettoyage, de gardiennage, de sécurité. Il a fait un peu tous les boulots pour subvenir aux besoins de sa famille, mais tout au black, car la société actuelle aime bien exploiter les gens dans le besoin, notamment à Marseille, sur le Vieux-Port. C’est quelqu’un de motivé à qui l'on n'a pas encore donné sa vraie chance alors qu’il la mérite largement.'' ajoute Benjamin Boiteau pour Actu Rugby. Une force de la nature tant sur le plan physique que sur le plan mental. Ce solide gaillard fait d'ailleurs preuve d'une implication exemplaire au sein du club des Hautes-Alpes : ''Il est hyper sérieux et demandeur. Même sous la neige, lui qui n’avait jamais vu de flocons de sa vie, il avait envie de jouer au rugby cette semaine. En août dernier, c’est lui qui est venu se présenter spontanément aux dirigeants du club pour essayer notre sport. Il connaissait le rugby, car il regardait les matchs de l’Afrique du Sud à la télévision. Il a toujours été attiré par les valeurs de combat et de solidarité de ce sport et la beauté de ce jeu. En plus, il a un physique assez imposant, car il fait au moins 1,90m.''

Il vaut mieux être dans le club que dans la rue. (...)Le rugby à 5, le rugby à 7 ou le snow rugby sont des occasions parfaites d’intégrer ces jeunes par l’intermédiaire de notre sport - François Veauleger, ancien joueur de Briançon et consultant en marketing.

Sa femme, et deux joueurs Afghans licenciés au club

Cette épée de Damoclès qui plane sur la tête de Musa Jaïteh, n'est pourtant qu'une mésaventure parmi tant d'autres. Avant de poser ses valises en France, le jeune gambien a connu un parcours chaotique, dans la pénombre du continent africain. En Gambie, il perd ses parents alors qu'il est encore très jeune. Le chargé de communication du club de Briançon ajoute même qu'il aurait eu des conflits ethniques et identitaires en rapport avec sa famille. Avant de connaître une histoire d’accident du travail non protégé puis d'être poursuivi et torturé par la police. Il s'enfuit finalement en Sierra Leone et au Sénégal, pays voisins, après que plusieurs explosions aient frappé son pays. Avant de débarquer en Lampedusa en 2019 et de poser enfin pied sur le Vieux Continent. 

Une nouvelle vie, entachée d'innombrables drames, et un parcours qui force le respect, presque irréel au vu des nombreuses atrocités traversées. Et pour cause, comme si cela ne suffisait pas, Musa et sa femme ont perdu leur fille avant d'arriver sur l'île italienne. Âgée d'un an seulement, elle s'est noyée au cours du naufrage de leur bateau peu avant l'arrivée en ''terre promise''. Une histoire macabre qui aurait pu définitivement faire vaciller le jeune couple. Au lieu de ça, ils ont su rebondir, en intégrant entre autre le club de rugby de Briançon. Car outre Musa, le club pensionnaire de 1ère série peut également compter dans ses rangs Fatou, la femme du deuxième ligne, membre de l'équipe féminine loisir à cinq. Elle aussi demandeur d'asile, à l'instar de deux joueurs afghans membre à part entière du club et plus que jamais intégrés. ''Ils sont présents à tous les entraînements, alors qu’ils ne figurent jamais sur la feuille de match le dimanche, car leur niveau est beaucoup plus faible que Musa, donc on ne préfère pas les envoyer au charbon pour se faire plier. Malgré tout, ils sont tout le temps au bord du terrain pour aider à mettre en place l’échauffement, tenir la buvette ou filer un coup de main. Si je n’avais que des licenciés comme eux, je peux vous dire que nous serions champions des Alpes tous les ans. Au-delà de Musa, ces migrants sont tous des exemples que l’on veut transmettre pour prouver que nous sommes une vraie famille solidaire et que l’on s’occupe de tous nos frères de jeu et de nos amis.'' conclut Benjamin Boiteau. 

Une mobilisation pas au goût du Rassemblement National

Cependant, comme l'on pouvait s'en douter, cette initiative remarquable du club n'est pas franchement appréciée par le Rassemblement National des Hautes-Alpes qui ''dénonce le soutien public apporté par le Rugby Club Briançonnais via son chargé de Communication Monsieur Benjamin Boiteau, à un étranger en situation irrégulière dénommé Moussa''. Le RN souhaite par la voix de Nicolas Faure ''rappeler à la structure associative et au maire de Briançon, Arnaud Murgia, qui accorde une subvention au club, que l’unique objet du club est de promouvoir la pratique sportive du rugby dans le Briançonnais et non d’apporter un soutien public à des personnes en situation irrégulière.'' Benjamin Boiteau a tenu à réagir à ces accusations : ''Ils ont trouvé bon de nous attaquer en expliquant que ce que nous faisions était illégal et que nous n’avions pas à nous préoccuper des gens en situation irrégulière, alors que ce n’est absolument pas le cas de Musa. Ils nous ont sorti leur discours haineux et nauséabond habituel tout en balançant des fake news, puisque c’est leur spécialité. Tout est faux dans le communiqué ! Ils disent aussi que la licence de Musa, délivrée par la FFR, est irrégulière et qu’il faudrait se plaindre au ministère des Sports, alors que nous avons obtenu cette licence de la manière la plus légale possible, auprès du Consulat de Marseille et de la Fédération Française de Rugby. Tout est hyper carré. Musa est un joueur étranger qui évolue dans un club français, comme il y en a dans beaucoup d'équipes et dans plein de sports différents en France. C’est ça qui est totalement hallucinant !''

En attendant l'heure presse. Dans un peu plus de deux mois, Musa Jaïteh sera contraint de quitter l'Hexagone s'il n'arrive à obtenir un emploi. Le rugby vante souvent ses valeurs qui ont fait de lui sa renommée. La solidarité, l'entraide sont l'essence même de ce sport. Il serait bien qu'une fois de plus, ces fameuses vertus permettent à Musa Jaïteh de se sortir d'une telle situation.  

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Peut être les tweet de Matera qui ont attirés ces ***** à s'interresser au rugby

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