La claque reçue à Glasgow a laissé des traces. Le Stade Toulousain, qui menait pourtant 0-21 en Écosse, a vu le match lui échapper en 15 minutes, encaissant trois essais et 28 points dans une deuxième période totalement hors de contrôle. Une défaite frustrante, symptomatique des difficultés actuelles des Rouge et Noir loin d’Ernest-Wallon. Ce samedi soir, c’est un nouveau déplacement périlleux qui se profile, sur la pelouse synthétique de Lyon, en Top 14. Un terrain où Toulouse n’a plus gagné depuis 2017. Avant ce rendez-vous, joueurs et staff ont pris le temps de décortiquer ce qui n’a pas fonctionné, avec une certitude partagée : ce qui s’est passé à Glasgow ne peut plus se reproduire.
Glasgow, un scénario qui fait mal et qui parle
Dans les rangs toulousains, la frustration est encore palpable ce vendredi en conférence de presse. Joel Merkler ne s’en cache pas et met des mots très clairs sur ce qui a déraillé : « Forcément, quand tu mènes 0-21 en Écosse contre une équipe d'internationale écossais, tu te dis qu'ils sont en train de faire le boulot et en 15 minutes tu prends 3 essais. Forcément, il y a quelque chose qui n'a pas marché. Ce n'est pas notre niveau ni l'image qu'on veut renvoyer. »
Willis alerte sur le ''gros problème'' du Stade Toulousain après la défaite cuisante à GlasgowLe pilier international espagnol souligne aussi un point clé : cette deuxième période est désormais une source d’inspiration pour les futurs adversaires du Stade Toulousain. « Les équipes qui nous battent misent sur cette technique-là […] nous priver de ballon, 'fermer' les matchs. » Un constat lucide, presque inquiétant, tant Toulouse a bâti ses succès récents sur sa capacité à imposer son tempo partout, y compris à l’extérieur.
Quand le ruck lâche, tout s’écroule
C’est ici que l’analyse devient essentielle. À Glasgow, le Stade Toulousain a perdu la bataille du ruck. Laurent Thuéry le martèle sans détour : « Le rugby aujourd'hui, celui qui gagne la bataille du ruck a de grandes chances de gagner le match. […] C'est la phase de jeu qui se répète le plus, qui est un petit peu le poumon et le caractère de l'équipe aussi. » Comme lors d’autres déplacements ratés cette saison, les Rouge et Noir ont aussi connu un trou d'air et été incapables d'inverser la tendance.
- 2 millions : Pourquoi la réforme du Salary Cap pourrait bouleverser l’équilibre du Stade Toulousain en TOP 14 ?Concrètement, Toulouse s’est surconsommé dans les zones de contact et a perdu des hommes dans des rucks inefficaces en Ecosse. Merkler détaille : « Quand on les a faits, on était 4 mecs dans un ruck. […] Les ballons sortaient aussi vite et tu perdais des gens. » Résultat : une défense désorganisée, des replacements tardifs et des adversaires capables d’enchaîner les temps de jeu à pleine vitesse.
Lyon, le synthétique et un défi vieux de 8 ans
Car le contexte n’a rien d’anodin. Le LOU est solide à domicile (4/5) et parfaitement armé pour exploiter la moindre faille sur une pelouse rapide. Laurent Thuéry le sait : « Sur un terrain synthétique […] face à une équipe contre laquelle on n'a pas gagné depuis 8 ans, ça va être dur. » À Lyon si les rucks s’enchaînent et les sorties de balle sont propres, la moindre approximation se paiera cash. Le staff toulousain insiste donc sur un retour aux bases : ralentir les ballons, défendre ensemble, accepter parfois de subir sans exploser. « Il faut vite arrêter les actions et ralentir les rucks. […] Si on n'arrive pas à réinverser la pression, face à des équipes d'une qualité comme ça, on prend des points. »
Caractère, continuité et 80 minutes pleines
Plus que des choix d’hommes, c’est le visage collectif qui est attendu. « Ce n'est pas très important qui sera aligné samedi à Lyon, le plus important c'est quel visage aura le Stade Toulousain pendant 80 minutes », insiste Thuéry. Même son de cloche chez Merkler, qui pointe un manque de maîtrise et de lucidité dans les moments clés. Toulouse a souvent perdu ses matchs à l’extérieur dans ses temps faibles, sur des bascules mal gérées. « Il va falloir qu'on travaille sur ces moments où le match bascule et être plus performants là-dessus. » Le message est clair : le Stade Toulousain doit redevenir cette équipe solide, collective, capable d’encaisser un temps faible sans se désunir. Celle qui a gagné des titres grâce à sa défense et à sa solidarité, pas seulement à son talent ballon en main.
Un test grandeur nature pour réagir
Ce déplacement à Lyon compte double. Comptablement, d’abord, dans un Top 14 ultra dense où chaque point pris à l’extérieur est précieux. Mentalement, surtout. « Gagner à Lyon, c'est un exploit. On va voir si on est capable de le faire ou pas », résume Thuéry. Une réaction est attendue, presque exigée, pour rester dans le wagon de tête et préparer la suite de la saison avec un peu plus de certitudes.
Il ne s’agit pas encore de penser au printemps, aux phases finales ou aux doublons, mais bien de poser les fondations. Être capable de répondre présent dans un contexte hostile, sur synthétique, face à une équipe qui a besoin de points. Bref, redevenir le Stade Toulousain qui voyage bien.
Lyon–Toulouse, Bordeaux–Toulon… le programme TV qui fait monter la pressionÀ Gerland, Toulouse saura très vite à quoi s’en tenir. « Ces matchs-là appartiennent aussi aux joueurs et aux grands joueurs », rappelle Thuéry. Après Glasgow, plus question de discours : seule la réponse sur le terrain comptera. Ramener des points de Lyon serait un signal fort. À défaut, ce déplacement viendra confirmer que le chantier des matchs à l’extérieur est encore loin d’être terminé. Une chose est sûre : les Rouge et Noir n’ont plus le droit de se raconter d’histoires.
