Victime de démence précoce, Steve Thompson ne se souvient pas d’avoir été champion du monde
Le Mondial 2003, un vague souvenir pour Steve Thompson...
L’ancien talonneur Steve Thompson témoigne des nombreuses commotions dont il a été victime et qui le rongent aujourd’hui.

22 novembre 2003. Une date qui restera à jamais gravée dans les mémoires anglaises. Ce jour-là au Telstra Stadium de Sydney, le XV de la Rose soulève pour la première fois de son histoire le trophée William Webb Ellis symbole de toutes les convoitises, au profit d’une bataille épique face à des Australiens portés alors par toute une nation. D’un drop du pied droit du gaucher Jonny Wilkinson, au bout de la nuit et au terme d’une prolongation haletante, l’Angleterre est alors plongée dans une liesse indescriptible remportant pour ce qui reste à l’heure actuelle encore pour beaucoup, l’une des plus belles finales que la Coupe du Monde ait connue. Ce jour-là, Steve Thompson est le talonneur de l’équipe anglaise. A l’instar de ses partenaires, il fête dignement le seul mondial remporté encore aujourd’hui par un membre de l’hémisphère nord.

Problème, Thompson ne se rappelle plus avoir disputé la finale comme il l’explique à The Guardian : « Vous nous voyez soulever la Coupe du monde et je peux me voir sauter sur les images. Mais je ne m'en souviens pas. » Et pour cause, l’ancien talonneur (42 ans) passé notamment par Northampton mais également le CA Brive est atteint de démence précoce ainsi que d’encéphalopathie traumatique. La faute à de nombreux chocs subis sur les terrains à l’époque : « Quand je regarde l’Angleterre de l’époque, c’est comme si je regardais jouer l’Angleterre maintenant. Sauf que j’étais là. Mais je ne me souviens pas du tout d’avoir été là. Honnêtement, je ne connais le score d’aucun de ces matchs ». Un témoignage édifiant qui n’est malheureusement pas rare dans un sport non épargné par les nombreuses commotions. Thompson poursuit : « J’aurais préféré juste avoir une vie normale. Je suis juste normal. Certaines personnes optent pour les grandes lumières, alors que je n'ai jamais voulu ça. Est-ce que je le referai? Non, je ne le ferai pas. Je ne m'en souviens plus. Je n'ai aucun sentiment à ce sujet. »

Des poursuites à l’encontre de World Rugby, ainsi que des Fédérations anglaise et galloise

L’ancien joueur aux 73 sélections avec le XV de la Rose ainsi que trois apparitions sous le maillot des Lions Britanniques et Irlandais, demande aujourd’hui des comptes à World Rugby ainsi qu’à sa fédération. A l’instar d’une centaine d’autres joueurs pour la plupart retraités, il envisage de poursuivre en justice l’instance du rugby mondial ainsi que les fédérations anglaise et galloise jugeant que ces dernières n’ont pas fait ce qui était en œuvre pour protéger les joueurs contre les commotions cérébrales. L’ancien troisième ligne anglais Michael Lipman a même déclaré au Daily Mail : « si je n’étais pas complètement KO, je jouais ».

Les joueurs et leurs avocats s’appuient sur une étude de l’université de Monfort, expliquant que les instances savaient les risques engendrés par ces chocs à répétition, la durée de reprise après une commotion étant même passée de trois semaines en 1977, à six jours en 2011. World Rugby quant à elle se défend, précisant à la BBC que la sécurité des joueurs reste l’une de ses préoccupations majeures : « Sans faire de commentaire sur les spéculations, World Rugby prend la sécurité des joueurs très au sérieux et met en œuvre des stratégies de prévention des blessures basées sur les dernières connaissances, recherches et preuves disponibles ». Même son de cloche chez les fédérations anglaise ou galloise qui si à l’heure actuelle n’ont pas été approchées pour des poursuites judiciaires prennent le sujet très au sérieux : « La RFU n’a eu aucune approche juridique à ce sujet. L’Union prend la sécurité des joueurs très au sérieux et met en œuvre des stratégies de prévention et de traitement de blessures basées sur les dernières recherches et preuves. L'Union a joué un rôle déterminant dans l'établissement de la surveillance des blessures, l'éducation et l'évaluation des commotions cérébrales, en collaborant à la recherche et en soutenant les changements de loi et l'application de la loi pour assurer une gestion proactive du bien-être des joueurs. » Affaire à suivre, mais qui n’a pas fini de faire couler beaucoup d’encre outre-Manche.

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  • Guit333
    11125 points
  • il y a 3 ans

Il y a plein de choses faire au niveau des règles du jeu pour le rendre moins dangereux et plus sympa à jouer/regarder. Quoiqu’on en dise, je trouve ça courageux de la part de ces joueurs qui ont quand même tutoyé le sommet mondial longtemps et n’ont pas peur de se mettre beaucoup de gens à dos. Le rugby d’aujourd’hui na rien à voir avec celui d’autrefois et les chocs sont quand même énormes.

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